On a fait une connerie ! S’il vous plaît...ma copine...

par E-fred
mercredi 6 mai 2009

« On a fait une connerie ! S’il vous plaît...ma copine...ma copine... ».
Ce sont les cris qu’ont entendu Rida et un voisin alors qu’ils étaient sortis après avoir entendu « une énorme explosion ».

Rida habite à Cognin en Savoie, à côté d’une friche industrielle, celle de l’ancienne soierie Solidoro où, en fin de semaine dernière, une jeune femme est morte et son ami a été grièvement blessé.
Alerté par les cris, ils trouvent Mickaël, qui, par un effort surhumain, a réussi, malgré ses blessures, à sortir de l’usine et à demander de l’aide.
 
Les deux voisins pensaient d’abord à une explosion de bouteille de gaz et se demandent encore comment le jeune homme a pu sortir du bâtiment et se traîner jusqu’au lieu où ils l’ont trouvé...
"J’étais en train de jouer aux cartes avec mon voisin Cédric, lorsque nous avons entendu un grand " boum ". C’était un bruit sourd, terrible. Ça a fait trembler toute la maison"...
"On n’a pas tout de suite pensé à l’usine. Nous avons d’abord cherché des flammes, puis une vingtaine de minutes plus tard on a entendu un appel au secours"...
Les deux hommes, munis de lampes de poche, sont partis en direction de l’endroit d’où venaient « les gémissements ». Ils ont retrouvé un jeune homme « défiguré » au bord du ruisseau qui jouxte le bâtiment. « Il n’avait plus de visage et avait un bras en sale état ». Il m’a dit " on a fait une connerie ". Puis, il a ajouté qu’une « copine se trouvait à l’intérieur »
 
La copine de Mickaël, Zoé, n’a pas eu la même chance, elle a perdu la vie dans cette usine désaffectée. Elle était originaire de l’Ardêche, elle avait 23 ans. Elle avait déjà été "repérée" lors de manifestations altermondialistes. Sans domicile fixe, elle avait une adresse postale dans un refuge pour sans-abris à Chambéry, aux Pilos, ce qui a fait qu’une grosse intervention policière y soit menée ce lundi 4 mai.
Autour de 16h00, 7 cars de gendarmerie ont bloqués tout le quartier et les policiers ont perquisitionné plusieurs bâtiments : la salle Jean Vilar, les Pilos.
 
"La partie des Pilos, était investi depuis des mois par des groupes, artistiques, alternatifs, et squateurs, la mairie en connaissance de cause avait une attitude tolérante. La Mairie a cependant assignée ces habitants, devant le tribunal, le 26 mai 2009, en vue d’une expulsion. Depuis des mois, le lieu était devenu un lieu d’animation et de culture alternatif où se pressaient beaucoup de jeunes et moins jeunes Chambériens où se déroulaient :

- des concerts

- des expositions de peintures 

- des stages de rythmes africains

- des groupes de Hip-hop, ne pouvant plus répéter à la MJC venaient dans les locaux des Pilos."
 
D’après Sylvain Muscio, du Dauphiné Libéré : "Les Pilos sont un squat, occupé illégalement par une vingtaine de personne depuis le mois de septembre 2008 par des "étudiants en souffrance de logement ". Selon lui, Zoé et Mickaël appartiendraient à la "mouvance autonome"... Le couple se trouvait dans la région de Chambéry depuis une année. Ils avaient habité dans "un squat de Cognin" pendant six mois, puis avaient été expulsés lorsque les recours avaient autorisé l’intervention de la police. Ils s’étaient donc rapprochés des "Pilos".
Tout le quartier a été bouclé par plus d’une centaine de militaires, de policiers, d’enquêteurs en quelques minutes. 7 personnes ont été entendus par la police.
 
Après la fouille des Pilos, la police s’est rendue au "logement de Zoé, qui vivait dans une petit maison à Chambéry, dans le quartier du Biolay. Les enquêteurs y sont ressortis avec des sacs plastiques scellés, dont des produits de jardinage...
 
Mickaël, quant à lui, n’a toujours pas pu être entendu par les enquêteurs. Il est hospitalisé à Lyon et toujours dans le coma.
 
A Cognin, les habitants ne sont pas trop surpris : "On voit souvent des jeunes du coin mais aussi des squatters traîner. Il y a deux ans, en mai 2007 un feu avait déjà pris à l’intérieur "..." On a toujours dit que ce lieu était dangereux et qu’il fallait faire quelque chose. Si la déflagration avait été plus forte, nos maisons auraient pu sauter !".
 
Il est malheureux que la mobilisation des moyens ne se fassent toujours qu’une fois que l’accident est arrivé, et encore, uniquement dans un soucis sécuritaire. Chronologiquement, tout a été fait pour que ces jeunes soient de plus en plus marginalisés et que leur mode de vie soit à la limite de la légalité.
 
Sources : Jura Libertaire - Dauphiné Libéré - Le Quotidien de la Réunion et de l’ Océan Indien
 

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