On ne se débarrasse pas des dealers en rasant des tours !
par CHALOT
vendredi 23 décembre 2022
Celles qui habitaient ou qui habitent encore dans les deux tours appartenant aux 3F dans le quartier des Mézereaux à Melun l'ont dit et redit au bailleur et aux journalistes venus les interroger.
Elles veulent rester là :
« J’aurai préféré rester ici, se désole une locataire. Tout n’est pas parfait ici, mais c’est chez nous. Je suis attachée aux Mézereaux, à ma tour. Nous sommes beaucoup à y habiter depuis les années 80 et on ne sait pas ce qu’on va retrouver ensuite… » Outre le déracinement au quartier, elle évoque également des inquiétudes sur le relogement.
Où vont aller tous ces gens ?
Les locataires savent déjà que leurs logements seront plus petits et plus chers.
Quant aux dealers, ils sont là et s'installeront de nouveau ici ou plus loin.
D'autres programmes de démolition son prévus à Melun.
A Schuman, depuis 2018, les locataires disent non aux destructions.
Leur mobilisation exceptionnelle, durable et massive, a permis de sauver ce quartier.
Ceux de Schuman ont gagné.
En 2021, les élus « majoritaires » de Melun ont acté la démolition à Châteaubriand.
Ce sont les tours Lamartine et Lorient qui vont être détruites.
C'est le patrimoine d'Habitat 77 et là encore la consultation des habitants n'a pas eu lieu.
Dans l'attente, le bailleur ne fait rien.
Les boîtes à lettres de Lorient sont détruites et non remises, ce qui crée de l'insécurité et du mal vivre.
Pourquoi ne pas rénover au lieu de détruire ?
Il y a sur Melun, aujourd'hui une pénurie de logements sociaux et demain, il n'y aura pas assez de logements remplaçants les détruits.
La conséquence c'est l'attente de beaucoup de familles.
Un monsieur père de famille de 4 ans enfants disposant d'un CDI et d'un revenu moyen attend depuis plus de six mois un logement.
Désemparé, il est en sur-occupation chez un ami, ils sont 10 dans un F4, c'est insupportable.
Oui, il y a des dealers, de l'insécurité, ce n'est pas en abattant des tours que l'on éteint le « feu qui couve », d'autres moyens doivent être mis en œuvre : la rénovation de l'habitat, la mobilisation des habitants et des associations, combinée à l'intervention de la police quand cela est indispensable.
J'ai déjà vu des mères de familles, nourrices (d'enfants, bien évidemment), demander à des dealers d'aller plus loin pour qu'elles puissent travailler. En effet personne ne leur confiait des petits à garder.
Ils sont partis.
Évidemment que rien n'est réglé mais on ne fera pas l'économie d'une action concrète réfléchie menée avec les habitants, avec leurs associations...
Jean-François Chalot