Paroles de fête... ou d’enterrement ?
par Loïc Decrauze
samedi 23 novembre 2013
Début de parcours d'un demandeur d'emploi : initiatives, doutes et dérive.
Ça commence par un gros coup de massue qui éclate ses certitudes. Neuf années de bons et loyaux services et, au cœur de l’été, la perspective de perdre son emploi. Pas chez un mastodonte économique, avec la possible résonance médiatique, mais dans une micro structure qui condamne son cas à l’anonymat : situation la plus courante, celle des invisibles.
Hors de question d’en rester là. Plus de vingt-cinq ans d’écriture, ça compte un peu quand même, non ?! Certes, mes pleins et mes déliés n’ont que très peu transité par le canal éditorial classique, mais à l’ère d’Internet, quelle importance ? Alors oui, j’envoie mon lot hebdomadaire de candidatures spontanées que j’espère néanmoins séduisantes, mais je dois tenter autre chose, en parallèle.
Alors actions, tous azimuts : un site mettant en scène des exemples variés et émouvants, un livret synthétisant le projet, une escadrille de courriels pour référencement et partenariat, un service de presse avec courrier accrocheur, des relances téléphoniques à faire fondre son smartphone, le démarchage de centaines de boutiques pour la mise à disposition d’une brochure explicative… Un trimestre d’engagement forcené et… RIEN, pas une demande d’information ! L'impression du néant gagne, ronge.
Le désintérêt de la presse dépite. Le parcours littéraire évoqué pouvait intriguer un chouia : un diariste pamphlétaire repenti. Après deux décennies de grognes incendiaires, la prise de conscience de l’obscénité scripturale à poursuivre ces fulminations dans une quarantaine bien entamée et la volonté de faire coïncider l’amour des mots, de la formule percutante avec la sphère affective. Révolution individuelle qui laisse de marbre les journalistes approchés.
- Acrostiche Paroles de fête