Perpignan : une cinquantaine d’habitants chassent trois policiers
par Catherine Segurane
vendredi 13 août 2010
Lundi soir, cité Diaz à Perpignan, un équipage de la brigade anti-criminalité a été pris à partie par plusieurs dizaines d’habitants du quartier alors qu’il interpellait les suspects d’un cambriolage. Les fonctionnaires ont été roués de coups au milieu d’une cinquantaine de personnes. Jugés et condamnés jeudi, les deux jeunes gens sont ressortis libres du tribunal, leur condamnation à un mois ferme n’ayant pas été assortie d’un mandat de dépot, dans un esprit, selon le Président du Tribunal, « apaisé et apaisant ». La jeune femme qui avait provoqué l’attroupement n’a eu que du sursis.
Lundi 9 août, 20 heures 30, cité Diaz à Perpignan. Un équipage de la BAC (brigade anti-criminalité) du commissariat de Perpignan a été alerté par un message qu’un cambriolage est en train d’être commis dans le local technique du bâtiment D. Tel est bien le cas. Les policiers, deux hommes et une femme, procédent aux prélèvements et aux constatations d’usage. Ils s’apprêtent également à contrôler trois jeunes gens à proximité dont le comportement parait suspect.
Pendant les vérifications, une jeune femme fait irruption au volant de sa voiture et la stationne derrière le véhicule de police afin de lui bloquer volontairement le passage. Sommée de bouger sa voiture, elle refuse avec insistance d’obtempérer. Elle reçoit le soutien de l’un des suspects, qui serait son petit ami, puis de tout un attroupement qui s’est formé. Plusieurs dizaines d’habitants sont descendus des immeubles voisins pour assister à l’altercation et, pour certains, prêter main-forte aux suspects.
Les policiers sont cernés par une cinquantaine de personnes, insultés, bousculés, roués de coups. Tous sont blessés, principalement la jeune policière (ils se verront prescrire chacun une ITT de huit jours).
Afin de ne pas envenimer le climat très tendu, ces derniers décident de relâcher les jeunes, de s’extraire de la bagarre sans violence tandis que d’autres équipes prennent le relais pour s’assurer que la foule se disperse et maintenir une surveillance toute la nuit. Les trois policiers opèrent un repli sur le commissariat.
Deux des suspects ont finalement été arrêtés mardi soir à l’occasion d’une opération "coup de poing". La conductrice a aussi été identifiée et convoquée.
Jugés jeudi, les deux hommes sont repartis libres du tribunal : ils ont écopé respectivement de six et cinq mois de prison, dont un ferme chacun, mais sans mandat de dépôt, "dans un esprit apaisé et apaisant" selon les mots du président Jean-Luc Dooms. C’’est à dire qu’ils exécuteront leur peine à une date indéterminée. La jeune femme qui a provoqué l’attroupement a été condamnée à trois mois avec sursis.
M. Hortefeux était samedi à Perpignan. Il a annoncé à cette occasion la mise en place d’une Unité territoriale de quartier (UTeQ) pour "sécuriser le centre ville". Elle sera la 35ème de France et la première créée après l’annonce, le 24 juin, du quasi-doublement de ces unités.
Une trentaine d’opérations policières "coup de poing" sont prévues en août dans cette ville de 100.000 habitants, à la cité Diaz et ailleurs.
Perpignan est une ville qui se caractérise par ses violences, y compris en plein centre ville, où, en avril, le couple Picard a été agressé à son domicile par une bande qui avait fracturé le mur et qui investissait l’appartement aux cris de "Sales Céfrans" et "On va baiser ta blanche". La famille a été sauvée in extrémis par l’arrivée de la BAC. L’affaire Picard a buzzé sur internet, mais elle est restée ignorée de la grande presse jusqu’à un article du Figaro (celui donné en lien) paru fin juillet, soit trois mois après les faits.
Interrogé par le Figaro, le Maire adjoint UMP chargé de la sécurité, Pierre Parrat minimise et démontre chiffres en main que la situation s’est améliorée et qu’il ne s’agit que d’un sentiment d’insécurité exacerbé par la crise.