Petit Prince

par lisca
samedi 22 août 2009

Quand, à la fin de la visite hebdomadaire, l’heure arriva pour le père de rendre l’enfant à sa mère, le blondinet se mit à hurler.

- Papa ! Ne cessait-il d’appeler.

- Caprice ! pensa le père de ce cri d’enfant plutôt « empoté », comme disait son ex.

On n’a pas idée, à 17 mois, de tomber partout sans cesse, et dans tous les escaliers, et de se retrouver les doigts bandés privés d’ongles, entaillés, des plaies autour de la bouche masquées par du nutella, des bleus, des écorchures et des bosses sur tout le corps. Mais le père le connaissait peu, pour l’avoir laissé choir à trois mois. Choir, c’était son destin n’est-ce pas. Les services sociaux et le beau-père futur s’en occuperaient mieux que lui. So long, Peter, adieu petit.

Ce weekend-end fut le dernier. Son père n’entendit jamais plus Peter s’imaginer que les pères sont là pour protéger leurs enfants des ogres et des sorcières.

Il apprit son décès dans la semaine. On venait de trouver Peter dans son berceau, tout bleu, ensanglanté. Il avait avalé des bouts de dent de lait à cause des coups de poing. Il avait la colonne vertébrale et les côtes brisées depuis trois jours, des marques anciennes sur tout le corps.

La veille, hurlant de douleur, paralysé, il avait vu en consultation le docteur Sabah Al-Zayyat qui n’avait rien remarqué et l’avait laissé repartir avec sa mère. (1)

Auparavant, le docteur Jérôme Ikwueke l’avait examiné plusieurs fois et, lui aussi, laissé repartir vers la torture de son « sweet home » abritant un sadique, des serpents, des chiens eux aussi maltraités, des rats morts, des puces, une mère qui fumait des clopes en avalant ses Budweiser, en fixant la télé poubelle et en omettant de le changer.

En hiver 2006, les policiers, au vu de son état physique d’enfant salement battu, le confièrent aux soins d’une amie de sa mère. Un mois plus tard, l’assistante sociale Ward et son chef d’équipe Gillie Christou, en dépit des protestations des agents de police, le rendaient à la mégère et au sale cogneur dont elle cachait sans difficulté l’existence aux ahuris des « services ».

Comme aurait dit la génitrice, actuellement en prison, faisant procès pour garder sa dernière née qu’on lui a enlevée à la naissance celle-là : terrible ce bambin.

Il vient de faire virer trois assistantes sociales, deux médecins, deux responsables de l’aide à l’enfance de cette même partie de Londres nord où avait eu lieu en 2000 une maltraitance de fillette très médiatisée. Cette affaire avait entraîné l’indignation générale mais pas modifié fondamentalement les services puisque Peter a succombé à son tour, quelques années plus tard, après avoir fait l’objet de rapports et d’inquiétude purement paperassière, de 78 entrevues par 28 professionnels différents tout au long de sa courte vie, après que sa mère eût été arrêtée pour faits de maltraitance avérés puis jugée apte à le reprendre sous ses tendres soins exécutoires. Cet enfant voulait qu’on le cajole. Quel crampon !

Aucun juge n’a été remercié. C’est impensable. La veille de la mort de l’enfant, le service juridique de la Couronne fit savoir à mademoiselle Connelly, la mère, qu’elle ne serait pas poursuivie pour maltraitance. On sait ce qui s’ensuivit. On ne trouva pas un seul des vêtements du petit garçon dans tout l’appartement. qui ne fût taché de sang.

Cela faisait beaucoup de grandes personnes autour du petit ange. (2) Maman, beau-père la Brute, son frère et sa belle-sœur indifférents, tous vautrés nuit et jour sur un canapé à visionner des vidéos pornographiques. Les serviteurs de l’enfance. Tous payés par l’État, que ce soit sous forme d’allocations ou de salaires, pour s’occuper du bébé Peter, pour le protéger.

Le papa suit la tradition. Il voudrait que l’État compense la perte qu’il s’était déjà à demi infligée à lui-même. Il demande aux contribuables deux cent mille bonnes livres, même dévaluées. De son côté la haute responsable Sharon Shoesmith (3) réclame des indemnités substantielles pour son licenciement, qu’elle estime abusif. Elle pourrait aussi recevoir £173,000 féministes pour harcèlement.

Le docteur Sabah Al-Zayyat réclame £100,000 car son contrat a été rompu par l’hôpital.

Quelles victimes ! Et comme elles s’estiment cher, elles ! (4)

Nous avons eu en France tout récemment des nouvelles d’une autre enfant maltraitée : Delphine (5) qui fut outragée à treize ans sur trois mois par une bande de jeunes violeurs. Ils sont actuellement libres comme l’air, y compris de faire des menaces de mort aux journalistes, ne manquent de rien grâce à l’État providence ; et c’est l’assurance habitation, et non eux ou leur parents, qui a payé les dommages et intérêts à Delphine. Elle est un peu perdue ; elle a passé un certain temps en hôpital psychiatrique. Ses parents ont dû déménager.

Ah mais ils ont des droits de l’homme, tous ces grands enfants-là d’employés à l’enfance, les irresponsables et les délinquants, tout comme la tante mégère et meurtrière de la petite Victoria Climbie (6) qui ne vivait que d’autrui, en France d’abord, au Royaume Uni ensuite, et qui avait besoin d’une gamine alibi en location temporaire pour toucher plus.

L’État protège ses habitués. Les juges ont estimé, dans le cas Baby P, qu’il serait contraire aux intérêts de personnes majeures de voir leurs noms de criminels et d’incompétents connus du public. Ils pourraient être jugés sur colère populaire et écoper d’une dure punition, les pauvres mignons. Ce n’est que récemment qu’on a découvert leurs photos et leurs identités.

Le N.O.M. oui, les noms, non.

Internet a aussitôt réagi, et les identités des monstres sont apparus aussi vite que les raisons avancées par la justice coupable pour les dissimuler. (7)

Qui a dit que tant qu’on n’identifiait pas l’ennemi, on ne pouvait s’en sortir ? Que de voiles et de précautions pour les tortionnaires de Peter. Oh mais si on nous cache tout et qu’on ne nous dit rien, c’est bien pour que nous ne puissions faire justice à nos enfants, nous le peuple infantile, pas souverain pour deux ronds de flan.

Le petit Peter a retrouvé son nom. Depuis sa mort, on ne le connaissait que sous le pseudo « Baby P ». Il n’a pas de tombe. Son père l’a laissé partir en cendres on ne sait où.

Le peuple roi lui a fait un mémorial, avec des fleurs et des nounours. C’est son enfant, c’est son prince (8), c’est peut-être même son image.

 

  1. http://en.wikipedia.org/wiki/Baby_Peter

    1. http://www.youtube.com/watch?v=_s1BaQE3-s4&feature=relate

    2. http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/baby-p/6005111/The-Haringey-six-sacked-over-Baby-P-failings.html

    3. http://www.dailymail.co.uk/news/article-1086127/PETER-HITCHENS-If-Baby-P-middle-class-hed-taken-away.html

    4. http://newzandbuzz.e-monsite.com/rubrique,assurance-habitation-et-viol,440277.html

    5. http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/baby-p/4977388/Baby-P-and-Victoria-Climbie-tragedies-synonymous-with-reforms-to-system.html

    6. http://www.telegraph.co.uk/news/uknews/baby-p/6007013/Baby-P-legal-restrictions-provoked-Facebook-backlash.html

    7. http://www.historic-uk.com/HistoryUK/England-History/PrincesinTower.htm


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