Pour l’OCDE, les professeurs ne sont pas assez payés en France

par Laurent Herblay
samedi 20 septembre 2014

Alors que les néolibéraux ont le vent en poupe, sur la dette, les déficits, la compétitivité, la dérèglementation généralisée (d’où l’attaque contre certaines professions), il n’est pas inutile de rappeler que même l’OCDE pense que nos professeurs ne sont pas assez payés

Des professeurs payés au lance pierre
 
En outre, l’OCDE n’est pas une organisation particulièrement favorable aux fonctionnaires, donc son constat est d’autant plus intéressant. Le niveau de salaires des professeurs en France, quel que soit le niveau, ressort sous la moyenne de l’organisation : 17% inférieur à la moyenne pour les professeurs des écoles, 3% pour les professeurs de collèges et 2% pour les professeurs de lycée. Mais surtout, la moyenne de l’OCDE est trompeuse car elle recouvre des pays au niveau de développement et de richesse assez différent. Aussi, il est plus intéressant de comparer le niveau de rémunération des professeurs en France avec celui de leurs homologues en Allemagne ou en Grande-Bretagne.
 
Et là, les résultats sont stupéfiants. Quand un professeur du primaire gagne 31 163 euros en moyenne tout compris, son collègue britannique ressort à 38 654 euros et son collègue allemand, à 52 417 euros, doit plus de 60% de plus ! De même, au collège, les rémunérations passent à 37 130, 42 576 et 57 647 euros respectivement. L’écart persiste au lycée, même s’il continue à légèrement se réduire, avec 40 675, 42 576 et 62 793 euros respectivement. Si on peut argumenter que l’Allemagne profite d’une plus faible démographie pour mieux rémunérer un nombre de professeurs moins important proportionnellement, cet argument ne tient pas pour la Grande-Bretagne.
 
L’abandon de l’éducation nationale

Ce constat, qui n’est pas nouveau, et que j’avais déjà développé sur le blog, n’est pas vraiment surprenant. Tant de signes nous indiquent aujourd’hui que les professeurs ne sont pas bien traités en France. Toutes les études sur l’éducation démontrent que le premier facteur de qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des enfants est la qualité des enseignants. Or cette qualité dépend bien évidemment du statut de la fonction dans la société. Et il est évident aujourd’hui que ce statut a bien perdu de son lustre, ce qui se constate chaque année avec le manque de candidats au CAPES, qui impose d’admettre des candidats dont le niveau aurait été jugé insuffisant il y a quelques années.

En fait, l’Etat, gauche comme droite, a abandonné les professeurs et les élèves en faisant le choix d’une politique économique de laisser faire et de laisser passer suicidaire pour un pays comme le nôtre et qui restreint les moyens de l’éducation nationale. Résultat, les professeurs ne peuvent pas exercer leur métier dans de bonnes conditions, ils ne sont pas bien payés et du coup, leur statut en prend un coût. Mais ce faisant, c’est toute la jeunesse qui se retrouve abandonnée à son triste sort. Pour cette raison, je suis fier d’avoir contribué à construire un programme présidentiel, qui, en 2012, donnait les moyens de changer cela, avec 5,7 milliards d’euros de crédit en plus en 5 ans.
 
Bien sûr, les grincheux néolibéraux trouveront toujours des arguments pour attaquer les professeurs. Mais aujourd’hui, comme le montre cette étude, comme bien d’autres, c’est qu’ils manquent surtout de considération, y compris financière, pour faire leur métier, qui est si important.

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