Préservatif antiviol : l’invention surprenante qui fait polémique
par Stefania Z
mardi 8 juin 2021
Le préservatif antiviol serait-il une fausse bonne idée ? Il y a quelque temps, une docteure sud-africaine du nom de Sonnet Ehlers, dévoilait sa dernière invention : Rape aXe. Très vite surnommé le préservatif antiviol, il s’agit en fait d’un dispositif que les femmes peuvent porter comme un tampon. Muni de crampons tranchants à l’intérieur, il provoque une douleur vive dans les parties intimes de l’agresseur qui reste alors prisonnier de ce redoutable moyen de défense.
En quelques heures seulement, l’annonce a fait le tour de la planète. De nombreux médias ont ainsi repris la nouvelle avec enthousiasme tandis que l’inventrice elle-même disait vouloir faire en sorte que “la peur change enfin de camp”. Pourtant, cet engouement est loin de faire l’unanimité. Et pour cause, bien que partant d’une bonne intention, cette invention pose plusieurs problèmes dont l’un des plus importants : le préservatif antiviol ne protège pas du viol.
En effet, pour que l’agresseur puisse se retrouver piégé et blessé, une pénétration doit avoir lieu. La victime est alors dans tous les cas exposée à un acte traumatisant et douloureux. Mais il est également indispensable de souligner que le viol ne se limite pas à une pénétration vaginale. Effectivement, toute action sexuelle exercée sous la contrainte ou la surprise est considérée comme un viol. Rape aXe se révèle donc totalement inutile en cas d'attouchements, de fellation forcée ou de pénétration non consentie par l’anus.
Alors, y a-t-il vraiment lieu de se réjouir face à une telle invention ? Non, selon les militantes du collectif Nous Toutes qui considèrent qu’il s’agit d’un dispositif “absurde, inefficace et profondément dangereux”. Pourtant, de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux ont salué l’initiative de cette docteure. Néanmoins, si la question soulève de vifs débats, il apparaît clair que ce dispositif ne répond pas au réel problème qui se pose alors dans nos sociétés : comment faire en sorte que les hommes ne violent plus ? Car il s’agit ici avant tout, d’un dispositif à l'intention des femmes. Une fois de plus, on leur fait porter la responsabilité de se protéger contre une éventuelle agression. Cela n’enlève donc rien à la peur d’être violées ou à leur statut constant de proie potentielle.
Si l’on souhaite vraiment que la peur change de camp, il importe donc d’agir bien avant qu’une pénétration ait lieu. Car chercher à punir l’agresseur de cette manière, c’est sous-entendre que l’homme ne violera pas seulement s’il a peur d’une punition physique ou de démêlés avec la justice et non pas par respect pour les femmes.
C’est pour cela qu’il est primordial de prendre des mesures concrètes pour insuffler dans toutes les mentalités que NON veut dire NON. Aujourd’hui, il faut viser directement les auteurs des violences et non pas dire aux victimes de mieux se protéger. Quant aux nouvelles générations, il est important de les éduquer, de les sensibiliser et de leur expliquer dès le plus jeune âge l’importance du consentement et du respect de l’autre. Le vrai enjeu aujourd’hui, c’est donc de tendre vers un monde où il n’y a pas besoin de transformer son intimité en vagina dentata pour mettre fin à la culture du viol.