Prêtre égorgé : polémique après les dérapages d’une élue ex-EELV et d’un journaliste de Libé
par Play Mobil
vendredi 29 juillet 2016
Quelques heures seulement après l'exécution par des soldats de Daech du père Jacques Hamel, le 26 juillet 2016 dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, un journaliste de Libération et une élue locale bretonne ont fait scandale en blaguant sur Twitter au sujet de la mort atroce de l'octogénaire.
Julie Le Goïc est élue municipale à Brest, non encartée ; ex-EELV, elle a également quitté la majorité socialiste de sa ville. Le 26 juillet à 12h04, soit deux heures à peine après l’égorgement du père Hamel à Saint-Etienne du Rouvray, l’élue d’extrême gauche écrivait sur Twitter : « Du coup, le prêtre mort en martyr, il a le droit à 70 enfants de choeur au paradis ? »
Du coup, le prêtre mort en martyr, il a le droit à 70 enfants de choeur au Paradis ?
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 26 juillet 2016
L'onde de choc provoquée par ce tweet est remontée jusqu'à France 3 Bretagne, Atlantico et même Closer.
On peut surtout lui reprocher de s'être moquée, non pas des terroristes musulmans, mais de leur victime catholique, sans doute portée par un anticléricalisme primaire.
Elle a expliqué que son tweet était "en réaction aux crétins qui instrumentalisaient le prêtre en en faisant un martyr", ou encore : "je répondais à des tweets qui en faisaient un martyr au lieu juste de pleurer l'homme qu'il était".
L'élue n'a pas présenté d'excuses, et n'a pas effacé son tweet. Au contraire, elle a continué avec des blagues "potaches", comparant les prêtres non-pédophiles à des "pokémons rares", relève le site Breizh Info.
Le maire de Brest, François Cuillandre, a tenu à prendre ses distances avec l'élue : "Julie Le Goic n’est pas élue de la majorité. A l’inverse de tels propos, nos pensées vont aux victimes et aux proches". Le FN local, quant à lui, a demandé sa démission.
Selon Le Lab d'Europe 1, Julie Le Goïc, inondée d'insultes sur Twitter, a reçu depuis mardi environ 1000 menaces de mort ou de viol.
Dans les dizaines d'échanges qui ont suivi sur Twitter, l'élue s'est dit "choquée par ce qu'une blague peut provoquer comme haine". Et a annoncé dans la foulée vouloir porter plainte en réaction à des "menaces de viols".
2016, tu fais une blague potache sur un prêtre mort et on te menace de viol. Bande de crétins, vous ne valez pas mieux que les terroristes.
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 27 juillet 2016
La plupart des hommes, deux heures après une attaque terroriste et l'égorgement d'un vieux prêtre, n'ont pas envie de rire. Julie Le Goïc, elle, n'a pas pu s'empêcher de blaguer et de bouffer du curé, se réclamant de l'esprit Charlie.
Ils ont commencé par assassiner ceux qui auraient, demain, publié des dessins irrévérencieux. Alors, vive Charlie. pic.twitter.com/PuifPK0oMC
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 26 juillet 2016
Depuis qu'elle a déclenché un incendie dans le coeur de plusieurs milliers de personnes, qui le lui ont fait savoir de manière fort virulente, l'élue ne trouve rien de mieux que de retweeter les centaines de messages d'insultes et de menaces qu'elle reçoit, et d'y répondre, plutôt que d'effacer son tweet, de s'excuser et de se taire enfin.
Julie Le Goïc, comme elle l'a dit en réponse à un message d'apaisement, refuse de s'excuser, s'inscrivant en cela dans les pas d'autres Bretons célèbres, réputés pour leur opiniâtreté, si ce n'est leur caractère borné, à l'image d'un certain Dieudonné qui, après les attentats de janvier 2015, avait lui aussi blagué en déclarant se sentir "Charlie Coulibaly" :
@marccoatanea :)) tu dois confondre avec les menaces et insultes que j'ai reçues. C'est vrai qu'elles demandent des excuses.
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 28 juillet 2016
Certains médias ont fait remarquer que Julie Le Goïc n’en était pas à son « coup d’essai ». En mars 2016 déjà, elle pilotait un groupe d’immigrés clandestins venus perturber le conseil municipal de Brest. Le 18 mars, Ouest France titrait ainsi : "Julie Le Goïc fait l'unanimité... contre elle". Extrait :
"La majorité municipale ne la regarde plus comme une élue. Le conseil municipal de jeudi était la goutte d'eau de trop. (...)
Dans un communiqué de presse commun, initiative extrêmement rare pour ne pas dire inédite, les présidents des six groupes de la majorité municipale tombent à bras raccourcis sur leur ancienne camarade, Julie Le Goïc.
En cause, son comportement lors du dernier conseil municipal, quand la salle a été investie par une quarantaine de militants exigeant un logement pour des réfugiés d'Europe de l'Est.Les signataires du texte évoquent son « attitude loin d'être neutre » ; sa « complicité avec les comportements et l'agressivité verbale de certains manifestants » ; « le défaut d'honnêteté et de cohérence intellectuelle » (...). Ils la rangent donc parmi les manifestants davantage que parmi les élus, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition.
(...) À compter d'aujourd'hui et jusqu'à la fin du mandat, elle parlera dans le vent..."
Ses propos visant le père Hamel font écho à ceux du journaliste de Libération Alexandre Hervaud. Celui-ci a posté sur Twitter ce message peu après l’annonce de l’égorgement du prêtre : « dans le but d’apaiser les tensions entre communautés, j’espère que les deux assaillants étaient deux anciens scouts abusés par le prêtre ».
Les réactions sur Twitter furent là aussi très vives et très nombreuses... La Ligue de Défense Juive, dont on connaît la radicalité, a elle-même réagi sans tarder en dénonçant un tweet "abject". Et une pétition a été lancée pour demander la suppression de sa carte de presse au journaliste ; elle a déjà recueilli plus de 10.000 signatures.
Alexandre Hervaut a pris l'initiative d'aller porter plainte à la police, comme il nous l'apprend dans un tweet :
1ere fois que je viens là pour autre chose qu'une procuration dis donc pic.twitter.com/ktUaYTKQtJ
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 27 juillet 2016
Il a également publié un billet intitulé "C’est dur de faire marrer les cons" (clin d'oeil à la fameuse "une" de Charlie Hebdo avec Mahomet), où il a tenté de se justifier et d'expliquer sa blague.
Dans une mise à jour à ce billet, il a présenté ses excuses aux personnes qui ne l'ont pas insulté mais qui ont pu être blessées par son "tweet sarcastique".
Julie Le Gohic, décidément peu inspirée, a affiché sa solidarité avec le journaliste de Libération, qui, suite à une protestation citoyenne massive, a été conduit à supprimer son tweet nauséabond :
Rho, il était drôle pourtant son tweet à @AlexHervaud ... Je me sentais moins seule avec mes blagues... https://t.co/baVzD7zQ4x
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 26 juillet 2016
Dans sa défense de la blague de Hervaud, elle se renvendique encore de l'esprit Charlie :
C'est ce qui arrive quand on est encore #Charlie en 2016. Le Has-Been tue. ;) https://t.co/8jobee2j2Z
— Julie Le Goïc (@JulieLeGoic) 26 juillet 2016
Ce triste épisode témoigne, si besoin en était, d'un usage pour le moins contestable des réseaux sociaux par nombre d'élus et de journalistes, prompts à envenimer la situation, à jeter de l'huile sur le feu, dans des moments où nous aurions besoin du contaire, d'unité et de gravité. Comme le déclarait en 2011 le philosophe Raphaël Enthoven : « Sans loi, Internet n'est qu'un revolver entre les mains de milliards d'enfants. » Pas sûr qu'il visait à l'époque journalistes et politiques...