Professeur sans domicile fixe, c’est possible en France

par Coeur de la Beauce
samedi 18 septembre 2021

Le rapport du jour, c'est le regard sur l'éducation 2021 de l'OCDE. Sans surprise, on apprend que la sur les 33 pays étudiés, la France n'est que 22ème pour le traitement de ses professeurs du premier et du second degré. 6% de hausse de salaire en dix ans dans les pays les plus développés, seulement 1% dans l'hexagone. Pour un diplômé, mieux vaut s'exiler en Allemagne ou en Australie pour prétendre à un niveau de vie convenable. Ce que font d'ailleurs les jeunes médecins autant que leurs camarades des autres filières universitaires, qui préfèrent éviter les carrières de l'enseignement.

Inutile de commenter davantage ce que tout le monde sait déjà. Hormis le temps de travail, qui est plus lourd que celui de leurs confrères européens (on peut aussi débattre des missions qui sont confiées), et les classes plus chargées, le rapport de l'OCDE ne fait que confirmer le mépris de nos pouvoirs publics pour la matière grise et l'éducation des enfants, plus préoccupés d'en faire des consommateurs décervelés que des citoyens acteurs et responsables.

Plutôt que de développer sur ce rapport, votre narrateur a eu l'idée de faire une brève recherche sur les "profs sdf" en passant par Google. Et ce qui était impensable il y a trente ans est aujourd'hui une réalité, en témoigne un article de l'humanité qui date d'il y a déjà dix ans. On y apprend qu'en Seine St Denis, cette zone prioritaire où les besoins éducatifs sont pourtant criants, des enseignants de maternelle sont hébergés par leurs collègues quand ils ne dorment pas sous les ponts. Il n'y a pas de place pour eux dans les HLM (c'est à Montreuil, près de Paris), des listes d'attente, et leur académie n'est pas soucieuse de leur accorder une mutation en Ardèche.

Les nouveaux forçats de l'éducation doivent trimer dans la journée avec des gamins désocialisés, et dormir la nuit dans la rue en attendant des jours meilleurs. Une conséquence de deux facteurs : la spéculation immobilière qui rend inaccessible le logement aux classes moyennes, et la suppression depuis les années Jack Lang des logements de fonction dans les écoles : un cadeau que les professeurs d'école doivent aux amis de Mme Hidalgo, attendrie par leur sort au point de vouloir doubler leur salaire en cas d'élection à l'Elysée...

Les Cassandre ne se priveront pas de faire remarquer que ce n'est pas la droite de Zemmour qui a dupé le monde enseignant par de fausses promesses, des salaires bloqués, une réforme injuste et sidérante des mutations, le sabotage des horaires et la farce des rythmes scolaires, le tout à la sauce pédagogiste/sciences de l'éducation. Non : ce sont les Jack Lang, Claude Allègre, Vincent Peillon, Najat-Belkacem, Delanoé, Hidalgo et compagnie, un clan dénommé "parti socialiste" qui a précarisé, humilié et rabaissé le monde enseignant.

En dialoguant avec mes collègues les plus à gauche, tous me disent qu'ils préféreraient s'abstenir que de choisir entre Hidalgo ou Marine Le Pen. C'est le vent qui tourne, le monde des idées qui évolue. Si les permanents syndicaux de la FSU votent toujours à gauche (Mélenchon, écolos ou LO/NPA), eux-aussi ont fait l'impasse sur le PS.

Nous ignorons si dix ans après, Tania (l'instit SDF de l'article de l'huma) a enfin trouvé une chambre de bonne pour dormir à l'abri de la pluie et corriger les cahiers de ses élèves. Ou si elle a été mutée hors de l'Ile-de-France. Mieux, peut-être a-t-elle été sanctionnée pour entrave au devoir de réserve, crapulerie du système oblige. C'est d'ailleurs cette dernière éventualité que nous lui souhaitons : encore jeune, elle a pu faire comme les autres diplômés et migrer vers des cieux plus accueillants que ce pays de démagogues arrogants qui logent les plus pauvres pour en faire de la chiourme électorale docile, plutôt que d'installer des profs, des infirmières ou des policiers qui seraient plus exigeants sur les choix politiques municipaux ou pire, se présenteraient eux-aussi aux élections.

Une société qui maltraite ses enseignants, c'est une société qui encourage la reproduction sociale, la soumission à la consommation, le rejet du collectif. Voilà les vrais enjeux de la campagne électorale à venir : préparer l'avenir pour les générations suivantes ou laisser pourrir davantage la situation. Tout est question de volonté politique.

source : https://www.humanite.fr/node/432868


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