Quand un haut fonctionnaire allemand publie un rapport Corona-négationniste

par Michael Gulaputih
jeudi 4 juin 2020

Le gouvernement allemand -dont on lit partout dans la presse française- qu'il a été le bon élève de l'Europe en matière de gestion de la crise du Covid-19 est en fait copieusement attaqué et pas uniquement par la presse alternative.

Et ce en complète opposition avec la presse mainstream (MSM) qui apparaît en filigrane comme ce qu'elle est devenue : une presse aux ordres.

Le denier épisode en date est celui de la fuite intentionnelle d'un document de travail de la section Etude du management de la Crise du ministère de l'Intérieur allemand (Bundesministerium des Inneren). Un haut fonctionnaire, Stephan Kohn, qui travaillait au sein d'une nombreuse équipe pluridisciplinaire à l'élaboration d'un document n'était pas d'accord avec l'enterrement dudit document que se proposait de lui faire subir son supérieur hiérarchique. Le 7 mai 2020 il a donc fait fuité dans la presse ce document de 83 pages.

L'affaire est si remarquable par ce qu'elle soulève qu'il faudrait plus d'un article pour les aborder tous.

Aussi vais-je simplifier un maximum.

Nota : presque tous les liens Internet cités dans cet article sont en allemand. Je vous recommande fortement (si vous n'êtes pas germanophone) d'utiliser le fureteur Google Chrome qui vous permet de faire des traductions automatiques de ces pages ( « fureteur » : j'adore cette expression québécoise en lieu et place de « navigateur web »)

Nous découvrirons que les allemands ont une cour constitutionnelle (celle de Karlsruhe) qui ne fait pas semblant de dire le Droit. Nous en avons eu un petit avant-goût avec son très médiatisé jugement sur la BCE et sa conception très particulière de la proportionnalité des prêts aux différents pays membres (voir cet article de France-culture).

Cette cour rappelle la primauté des principes constitutionnels allemands sur les traité internationaux. Cette position est à l'opposé de celle de notre Droit qui place ces mêmes traités au-dessus de la Constitution française.

Ici la cour, comme le rappelle cette « fuite », pose dans un jugement du 5 Mai 2020 le principe de proportionnalité entre les conséquences directes (et donc attendues) d'une action gouvernementale et celles indirectes (peut-être prévisibles mais dans tous les cas inattendues et probablement négatives) consécutives à cette même action.

Pour prendre un exemple très concret : un décret qui aurait pour but d'éradiquer les maladies nosocomiales et qui forcerait la fermeture entière d'hôpitaux où il serait découvert ne serait-ce qu'une seule pièce infectée, provoquerait par la pénurie de possibilité de se faire opérer ou soigner, plus de dégâts que la maladie elle-même. Le principe de proportionnalité n'est alors pas respecté (on ne tue pas une mouche avec un marteau).

Vous voyez sûrement où ce lanceur d'alerte veut en venir !?

Stephan Kohn a été mis à pied (Dienstverbot) et ça barde pour son matricule.

 L'origine de ce document n'est absolument pas niée par son administration. On lui reproche juste d'avoir enjolivé la thèse et surtout de l'avoir publiée avec la supposée imprimatur de son ministère.

Cette affaire date du 8 Mai 2020 et alors qu'elle devrait faire la Une des journaux, des médias allemands et voire même intéresser la presse internationale, c'est le black-out. Oui la grande presse s'y est intéressé et a illico jeté son oukase : complotiste de droite dure voire d'extrême droite. Motif : l'auteur avait eu des positions anti-immigration par le passé. (par ex. ici ntv ).

C'est absolument fascinant de voir qu'une recherche Google ou Bing nous montre qu'après le 15 Mai l'affaire est enterrée.

Une dernière passe d'arme a bien eu lieu au Bundestag ce même 15 Mai 2020 où les députés se sont écharpés sur le sujet au Bundestag, une coalition commune se faisant sur le dos de l'AFD (variété allemande du RN) laquelle érigeait Stephan Kohn en héros moderne des droits de l'Homme (p.8 du compte-rendu des débats). Le plus amusant là-dedans est que Stephan kohn appartient au SPD.

L'affaire est juste reprise par les sites dits alternatifs (par e. ici ) ou complotistes. Vient se greffer dessus toute une dialectique inédite et soudaine de la part des MSM qui consiste à repeindre en brun (les couleurs du fascisme et de l'extrême droite) toute critique ou même simple interrogation sur le bien-fondé du management gouvernemental de la Krise (cf par ex. cet article ).

Ainsi même ATTAC Schleswig Holstein (hé oui cette association a fait des petits en Allemagne) -qui a osé émettre quelques doutes quand au bien-fondé du Lockdown (c'est l'équivalent allemand (sic !) de notre confinement)- a été taxée d'extrême-droitisme.

Plus c'est gros mieux ça passe.

Pour finir Stephan Kohn jette un pavé dans la mare en parlant de Fehlalarm (fausse alerte).

Il émet clairement, sans contestation et chiffres à l'appui que le Coronavirus n'est qu'une gripette 4 fois moins meurtrière que sa grande soeur de 2017/2018. Il rejoint sur ce point le Pr. Raoult qui dans une de ses premières vidéos ne machait pas ses mots avant d'être célèbre. On le lui a bien reproché depuis mais il n'a jamais démenti par peur d'un procés en sorcellerie je suppose.

Voici la conclusion (traduite) du document de Stephan Kohn. J'ai essayé de respecter le plus possible sa mise en page.

KM 4 - 51000/29#2 (KM 4 : Krise Management 4 = Cellule de gestion de crise n°4, NdT)

KM4 Analyse de la gestion des crises (Résumé)

Remarque préliminaire : La tâche et l'objectif des équipes de crise et de toute gestion de crise est d'identifier les dangers particuliers et de les combattre jusqu'à ce que l'état normal soit à nouveau atteint. Un état de fait normal ne peut donc pas être une crise.

Résumé des résultats de l'analyse

1. Dans le passé (malheureusement en dépit d'une meilleure connaissance institutionnelle), la gestion des crises n'a développé aucun instrument adéquat pour l'analyse et l'évaluation des risques. Dans la crise actuelle, les rapports de situation, dans lesquels toutes les informations pertinentes pour la prise de décision devraient être résumées, n'ont jusqu'à présent couvert qu'une petite partie du spectre des dangers qui menacent. Sur la base d'informations incomplètes et inadaptées dans la description de la situation, il n'est en principe pas possible d'évaluer le danger. Les politiciens ont eu beaucoup moins la possibilité de prendre les bonnes décisions.

2. Les effets et impacts observables de COVID-19 ne fournissent pas suffisamment de preuves qu'il s'agit plus que d'une fausse alerte en termes d'effets sur la santé de la société dans son ensemble. Le nouveau virus n'a probablement jamais présenté de risque pour la population au-delà du niveau normal (la comparaison est basée sur le taux de mortalité habituel en Allemagne). Les personnes qui meurent de la maladie du Corona sont essentiellement celles qui, statistiquement, meurent cette année parce qu'elles ont atteint la fin de leur vie et que leur corps affaibli ne peut plus supporter une exposition quotidienne aléatoire (y compris les quelque 150 virus actuellement en circulation). Le danger de Covid-19 a été surestimé (en un trimestre, pas plus de 250 000 décès dans le monde avec Covid-19, contre 1,5 million décès pendant la vague de grippe 2017/18). Le danger n'est évidemment pas plus grand que celui de nombreux autres virus. Selon toute probabilité, nous avons affaire à une fausse alerte mondiale qui est passée inaperçue depuis longtemps. - Le résultat de cette analyse a été vérifié par le KM 4 quant à sa plausibilité scientifique et ne contredit pas pour l'essentiel les données et les évaluations des risques présentées par le RKI (Robert Koch Institut = notre Institut Pasteur, NdT).

3. Le fait que la fausse alerte présumée soit restée non détectée pendant des semaines est largement dû au fait que le cadre d'action actuel de la cellule de crise et de la gestion de crise en cas de pandémie ne comprend pas d'outils de détection appropriés qui déclencheraient automatiquement une alarme et feraient immédiatement avorter les mesures dès qu'une alerte à la pandémie se révélerait être une fausse alerte ou qu'il est prévisible que les dommages collatéraux - et parmi eux en particulier les parties qui détruisent des vies humaines - menacent de devenir plus importants que la santé et surtout le potentiel mortel de la maladie considérée.

4. Les dommages collatéraux sont maintenant plus importants que les bénéfices perceptibles. Cette déclaration n'est pas fondée sur une comparaison entre les dommages matériels et les dommages corporels (vie humaine) ! La seule comparaison des décès antérieurs causés par le virus avec les décès causés par les mesures de protection ordonnées par l'État (tous deux sans base de données fiable) confirme les résultats. Un aperçu des dommages collatéraux liés à la santé (y compris décès) est ajouté ci-dessous.

5. En attendant, les dommages collatéraux (totalement inutiles) de la crise de la couronne sont gigantesques. Une grande partie de ces dommages se manifesteront même dans un avenir proche et lointain. Cela ne peut plus être empêché, mais seulement limité.

6. Les infrastructures critiques sont les lignes de vie des sociétés modernes qui sont essentielles à la survie. En raison des mesures de protection, la sécurité d'approvisionnement actuelle n'est plus garantie comme d'habitude dans le cas des infrastructures critiques (auparavant réduction progressive de la sécurité d'approvisionnement de base, ce qui est actuellement le cas par ex. dans de futures situations de stress). La résilience du système global très complexe et très interdépendant d'infrastructures critiques a diminué. Notre société vit aujourd'hui avec une vulnérabilité accrue et des risques plus élevés de défaillance des infrastructures vitales. Cela pourrait avoir des conséquences fatales si une pandémie ou une autre menace vraiment dangereuse devait se produire au niveau de résilience désormais réduit du KRITIS. (ensemble d'entreprises d'intérêts stratégiques vitales, NdT)

Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a abordé un risque fondamental il y a quatre semaines. António Guterres a déclaré (selon un rapport quotidien du 10 avril 2020) : « Les faiblesses et le manque de préparation révélés par cette pandémie donnent un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler une attaque bioterroriste - et [ces faiblesses] peuvent en augmenter le risque ». Selon nos analyses, l'absence d'un système adéquat d'analyse et d'évaluation des risques dans les situations de crise (voir ci-dessus) constitue une grave lacune en Allemagne.

7. Les mesures de protection ordonnées par l'État, ainsi que les diverses activités et initiatives sociales qui, en tant que mesures de protection originales, ont causé des dommages collatéraux, mais ont depuis perdu tout sens, sont pour la plupart toujours en vigueur. Il est fortement recommandé de les supprimer complètement à court terme pour éviter de nuire à la population, en particulier des décès supplémentaires inutiles, et pour stabiliser la situation potentiellement précaire des infrastructures critiques.

8. Les déficits et les défaillances dans la gestion des crises ont donc conduit à une information non fondée et donc à une désinformation de la population ( Une des accusations pourrait être que l'État s'est révélé être l'un des plus grands producteurs de fausses nouvelles pendant la crise de Corona).

 

Il s'ensuit de ces constatations :

a) La proportionnalité de l'ingérence dans les droits par exemple des citoyens ne sont actuellement pas informés, car l'État n'a pas suffisamment pesé les conséquences. La Bundesverfassungsgericht (la Cour Constitutionelle, NdT) demande une pondération appropriée des mesures ayant des conséquences négatives (arrêt Public Sector Purchase Programme – PSPP du 5. mai 2020).

b) Les rapports de situation de la cellule de crise BMI-BMG (Bundesministerium des Innern ou Ministère de l'Intérieur – Bundesministerium der Gesundheit ou Ministère de la Santé, NdT) et les rapports de situation du gouvernement fédéral aux Länder doivent donc procéder à une analyse et une évaluation des risques appropriées avec effet immédiat.

     o contenir un département supplémentaire avec des données significatives sur les dommages collatéraux (voir plus bas la rubrique Explications dans la version longue)

    o sont exemptées des données et informations inutiles qui ne sont pas nécessaires à l'évaluation des risques car elles rendent difficile le suivi.

    o Les indicateurs devraient être formés et précédés de chiffres clés.

c) Une analyse et une évaluation appropriées des risques sont effectuées sans délai. Dans le cas contraire, l'État pourrait être tenu responsable de tout dommage causé.


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