Que les gros salaires lèvent le doigt

par olivier cabanel
lundi 19 avril 2010

Un programme alternatif est-il en train de naître à l’horizon des présidentielles 2012 ?
 
En tout cas, même s’il ne fait pas l’unanimité dans son camp, Pierre Moscovici vient de poser la première pierre.
 
On le sait, les écarts de salaires sont aujourd’hui indécents.
 
L’un des plus gros salaires français est celui du directeur général de l’Oréal. Jean Paul Agon : 416 666 euros mensuels. lien
Les autres patrons le suivent de près. lien
Le SMIC, « généreusement » augmenté au 1 janvier 2010 est de 1056 euros net mensuels. lien
 
Il est cohérent de s’interroger sur cette augmentation risible, ou provocante ou les deux à la fois.
 
Comment gérer un budget familial avec une si ridicule augmentation, sachant que le cout de la vie a largement dépassé celle-ci.
 
Si l’on fait une simple règle de trois, on constate que les français vivent une situation inextricable.
 
Même sans dettes, ou emprunts, on voit difficilement comment ils pourraient s’en sortir ?
 
Avec un peu plus de 1000 € par mois, comment pourraient-ils acheter de quoi se nourrir, en payant les charges courantes ?
 
Le travail au noir connait ses limites.
 
L’écart des salaires est donc de 1 à 395.
Pour la petite histoire, le défunt programme commun de la gauche prévoyait un écart maximum de 1 à 6.
 
Claude Beland, président du MEDAC (mouvement d’éducation et de défense des actionnaires) affirme : « pour être juste et décents les salaires des dirigeants d’entreprises publiques devraient se situer entre 20 et 30 fois le salaire moyen de leurs employés ».
 
JF Khan rappelle dans un article récent l’inégalité obscène entre les hauts et les bas salaires. Il constate, avec d’autres, que ce système se tire une balle dans le pied, car un privant le citoyen de ressources suffisantes, il l’empêche de rester consommateur, et lui fait couler involontairement le système qui le nourrit. Lien.
Ford, le célèbre créateur des voitures du même nom admettait un rapport maximum de 1 à 10.
 
Alors que la gauche se mobilise plutôt pour un salaire minimum européen qui serait de 60% du salaire moyen, (lien) Pierre Moscovici vient de lancer un pavé dans la mare en proposant l’instauration d’un écart maximum de 1 à 5 entre le plus bas et le plus haut salaire dans chaque entreprise. (Voir « Le Point » n° 1961 15 avril 2010 page 16)
 
Ce qui signifierait pour le patron le plus payé une chute vertigineuse : il passerait de 416 666 euros à 5280 €.
 
Hélas pour Moscovici, dès cette annonce, un responsable socialiste s’est empressé de signaler que « cette proposition est susceptible d’être discutée  ».
Revenons à la proposition du parti de gauche.
 
Même si elle a l’avantage de mettre en évidence les inégalités de salaires dans l’espace européen, on le voit, cette proposition est très modeste par rapport au vrai problème que pose la scandaleuse disproportion entre hauts et bas salaires.
Elle ne sera pas non plus facile à mettre en place lorsque l’on observe l’énorme disparité entre les différents pays européens qui vont de 114 euros brut mensuels pour la Roumanie, à 1570 euros pour le Luxembourg, en passant par les 522 euros de la Slovénie. lien
 
Certains, comme les MJS (mouvement des jeunes socialistes) pensent qu’il faut imposer un salaire maximum. lien
 
Le « Parti pour la décroissance » préconise lui aussi de définir un RMA (revenu maximum autorisé).
 
Il propose aussi une DIA (dotation inconditionnelle d’autonomie). Elle serait versée à tous et de manière égale de la naissance à la mort, afin de garantir un niveau de vie décent déconnecté de l’occupation d’un emploi. Cette dotation serait individuelle, inaliénable et cumulable à tout autre revenu. lien
 
Pour ceux qui émettraient des doutes sur la possibilité d’une telle mesure, il faut consulter les travaux du professeur Yoland Bresson, entre autres.
 
Il est à remarquer l’importante hausse des salaires due aux évènements de mai 68, à la suite des accords de Grenelle.
 
Voila un Grenelle, qui contrairement à celui récent sur l’environnement a eu un réel impact. lien mais Il faut relativiser l’importante augmentation des salaires suite au Grenelle, car parallèlement, il y eut une forte augmentation des prix, annulant en grande partie celle des salaires. lien
 
Alors, comme disait un vieil ami africain :
« C’est pas parce que le lion a maigri qu’on peut l’appeler chat ».
 

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