Quel bel été ! (Dormez en paix, braves gens)

par Michel DROUET
vendredi 26 juillet 2013

Les évènements, qu’ils soient prévus ou aléatoires participent à l’idée d’un bonheur estival éphémère…

It’s a boy !

« Je n’arrive pas à y croire ! » disait cette bonne dame anglaise toute tremblante devant les caméras.

Et pourtant, à partir du moment où madame Cambridge fut enceinte des œuvres de son futur royal époux, il fallait bien s’y attendre à cette naissance !

Tout cela pour dire que les britanniques dont j’apprécie par ailleurs le flegme, sont capable de raconter n’importe quoi, de se déguiser n’importe comment et de laisser toute retenue au vestiaire dès qu’il s’agit de la famille royale.

Je ne leur en veux pas, c’est dans leur culture et c’est leur mode de gouvernance fondé sur la monarchie parlementaire, par ailleurs fortement imprégné d’ultralibéralisme depuis la dame de fer, le roi ou la reine n’ayant pas grand chose à dire sur les affaires de l’Etat. Les britanniques acceptent de payer pour conserver cette dynastie hors du temps et qui ne sert pas à grand-chose, sinon à les faire rêver de temps à autre. 

Dés lors, il faut des instants de communion pour des évènements qui ne changeront absolument pas le cours des choses et l’un des rares motifs actuels de réjouissance est une naissance dans la famille royale, cette naissance provoquant par ailleurs des achats de bibelots ou de vêtements souvenirs d’un mauvais goût assumé.

Les Britanniques sont heureux. Dormez bien…

Le tour des cons

Est-ce différent chez nous ? Nous sommes sous un régime présidentiel et les aléas des couples présidentiels ou ministériels, les naissances, les ruptures ou les frasques font la une des journaux sans provoquer de débordements publics comme on peut les voir en Grande Bretagne.

Pour autant, on fait tout pour nous impliquer dans les évènements royaux et princiers des voisins et la presse spécialisée fait ses choux gras du moindre frémissement amoureux sur le rocher de Monaco, l’abdication du roi des belges ou de la reine des Pays bas et nous avons droit à des émissions et éditions spéciales qu’on ne demande pas mais qu’on nous impose, juste pour nous obliger à rêver et oublier la courbe chômage et la crise économique.

Non, chez nous, en été, c’est le tour de France qui remplit cette fonction d’écran de fumée et qui nous met dans les meilleures conditions possibles pour démarrer la période estivale.

Un beau spectacle, de bien belles images, la foule en liesse tout au long du parcours, déguisé avec mauvais goût comme des anglais ou le cul à l’air courant à côté des coureurs et attendant avec ferveur le mini sauciflard jeté depuis la caravane du tour. La fête à neu-neu, voilà ce qu’est devenu le tour qui remplit si bien cette fonction d’oubli de la crise…Les coureurs sont dopés ? Et alors ? De toute façon on ne saura que dans 5 ou 10 ans que les gagnants de 2013 étaient dopés avec des produits indétectables ou qu’on ne voulait pas détecter, pas pour la beauté du sport mais pour la beauté du spectacle et pour le fric que cela rapporte. The show must go on.

Bon, on a évité Jalabert comme commentateur du tour, révélation de son passé de dopé oblige, mais il faut bien souligner que le commentaire sportif sur le tour avait depuis longtemps tendance à disparaître derrière celui de Jean Paul Ollivier qui sait si bien nous parler des chapelles en ruines et provoquer ainsi la sieste des téléspectateurs, lorsqu’il ne se passe rien (et c’est souvent le cas) dans un peloton verrouillé par le champion du dopage.

Continuez à dormir…

Les JMJ au Brésil

Voilà un bel évènement bien médiatisé et qui ne devrait souffrir aucune critique, tant les buts paraissent louables. Pensez-donc, réunir des jeunes de toute la planète. Tout le monde devrait être content d’accueillir monsieur François, bombardé pape des pauvres et ce rassemblement devrait participer à l’endormissement estival général pour ceux qui auraient résisté aux deux évènements précédents.

Seulement voilà, il y a un truc qui ne passe pas au Brésil, ce sont les 40 millions d’euros que le pays a dû débourser pour accueillir ce grand raout alors même que des manifestations ont eu lieu récemment pour demander des transports publics abordables.

Franchement, ils ne savent pas apprécier : on leur envoie un pape des pauvres et ils rechignent à payer les frais : c’est à douter de l’existence de dieu !

Le Vatican au lieu de taxer le pays d’accueil aurait dû s’inspirer de ce qui s’est fait à l’UMP, a savoir faire payer les adhérents pour renflouer les caisses et annuler son université d’été.

Bon, on n’épiloguera pas dans les médias sur ce côté sordide et bassement matérialiste des JMJ et on vous passera de belles images de ferveur et de communion qui vous ferons oublier le reste.

Vous reprendrez bien une petite sieste ?

A moins que l’esprit déjà en éveil sur ce qui se passe dans le monde et en France vous n’appréhendiez déjà la rentrée.

 Allez, si vous êtes bien réveillé, méditez cette phrase ministérielle : « le ralentissement de la courbe du chômage précède le retournement ». Pas trop, quand même, cela risquerait de vous provoquer des insomnies.


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