Quel est le coût de l’immigration ?

par Laurent Herblay
jeudi 18 juillet 2013

Certaines belles âmes de gauche dénoncent des arrières-pensées xénophobes et disent que l’immigration serait le seul moyen de financer nos retraites. L’extrême-droite avance des chiffres extravagants. Petit point sur les études réalisées sur ce sujet, à l’occasion de la sortie de celle de l’OCDE.

Trois études de référence
 
L’OCDE vient en effet de publier une étude qui estime le coût net de l’immigration sur la période 2007-2009. Comme le rapporte Le Monde, en moyenne, le solde est positif. Mais alors que le quotidien a un biais que ne devrait pas avoir un journal de référence, les conclusions de l’étude sont moins positives puisque selon la méthodologie choisie, le bilan est plutôt positif ou légèrement négatif, comme le rapporte de manière plus impartiale The Economist, pourtant pas moins favorable à la liberté de circulation des personnes. Selon les deux méthodes, le bilan est négatif de 10 milliards en France.
 
 
Cette publication fait suite au dossier de l’Express fin 2012, qui avait déclenché une belle polémique. La une provocatrice contrastait avec les résultats de l’étude de Xavier Chojnicki, qui avait remis à jour les résultats d’une précédente étude réalisée pour le ministère des affaires sociales en 2010 où il affirmait qu’en 2005, les immigrés coûtaient 48 milliards, mais en rapportaient 60, soit une contribution nette de 12 milliards, en prenant en compte le fait que les immigrés touchent davantage d’aides sociales. Fin 2012, dans le dossier de l’Express, il révisait son jugement avec un solde net de 4 milliards.
 
 
Dans un entretien pour l’Express, il revenait sur les différences avec l’étude de Jean-Paul Gourévitch. Ce dernier lui avait répondu dans un entretien dans le Cri du Contribuable et notait que les échanges lui avaient permis de corriger ses estimations, qui sont aujourd’hui d’un solde négatif de 9 milliards pour l’immigration régulière et irrégulière, auquel il ajoute plus de 8 milliards d’investissements à la rentabilité nulle. Mais ce qui est intéressant de constater, c’est que l’écart entre les deux, qui était de 38 milliards en 2010 a été plus que divisé par deux, l’OCDE penchant dans le sens du second.
 
Les délires de l’extrême-droite
 
Sachant que même une partie de l’extrême-droite se réclame de l’étude de Gourévitch, on peut en déduire qu’en y ajoutant l’étude de l’OCDE et celle de Xavier Chojnicki, on aboutit à un panel sérieux pour estimer le coût de l’immigration. En faisant la moyenne des trois, on peut estimer que le coût est d’environ 5 milliards par an. Bien sûr, il y a toujours des querelles méthodologiques sans fin dans ce genre d’évaluation, mais ces trois études semblent réunir un spectre d’opinion large et un sérieux suffisant pour approcher la réalité, sachant que l’estimation à plus long terme est encore plus aléatoire.
 
Voici du coup un gros caillou dans la chaussure de Marine Le Pen, qui avance généralement le chiffre de 35 à 70 milliards pour le coût de l’immigration. Même le scientifique dont elle se réclame avance un chiffre compris entre 9 et 17 milliards aujourd’hui, soit à peine 25% des chiffres qu’elle avance. Encore une fois, Marine Le Pen est prise en flagrant délit d’énormes mensonges sur l’immigration, démontrant à la fois son caractère démagogue mais aussi extrémiste puisque faire peur en grossissant ad nauseum les chiffres de l’immigration est une attitude typique de l’extrème droite.
 
Pour être plus exhaustif, il faut rapporter qu’en 2008, pour Contribuables associés, Jean-Paul Gourévitch évoquait un solde net de -26 milliards (46-72) mais qu’en révisant sa méthode son estimation va de -9 à -17 milliards. Bien sûr, quelques auteurs d’extrême-droite évoquent des montants colossaux. Polémia, le site de Jean-Yves Le Gallou (ancien vice-président du FN), va jusqu’à évoquer le chiffre de 84 milliards mais cela inclut près de la moitié des intérêts de la dette… D’ailleurs, Jean-Paul Gourévitch a publié une longue lettre ouverte à celui-ci pour contester ses choix méthodologiques.
 
Les études sérieuses récentes (dont celle de l’OCDE) indiquent que globalement, l’immigration a un certain coût en France. Mais il est très loin des fantasmes véhiculés par l’extrême-droite. L’immigration n’est pas la source de nos problèmes, même s’il convient d’en réduire nettement les flux dans le contexte actuel.

 


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