Raymond Gurême, 89 ans, tabassé par la police, chez lui

par CHALOT
mardi 7 octobre 2014

Je ne sais pas si je suis encore naïf mais j’avoue que je pensais que de tels actes ne pouvaient pas être perpétués par la police française. Ce n’est pas de la bavure, une de plus mais des actes de violence volontaire, réfléchie contre un vieil homme, un rescapé des camps de la mort.

Il faut que tout ceci soit connu, dénoncé et que les coupables et notamment celui qui a frappé soient poursuivis, punis par la loi et chassés de la police.

« Raymond Gurême, rescapé des camps de la morts, décoré de la légion d’honneur, mémoire vivante et militante de l’extermination des tzigane et des forains par les nazis, tabassé par la police, chez lui, sans aucune raison, le 23 septembre.
C’est un peu comme si la police avait tabassé un grand nom de la résistance ...
Voire son témoignage ci-dessous...
Raymond Gurême milite pour la cause tzigane celle des gens du voyage, et pour préserver la mémoire des centaines de milliers de tziganes exterminés par les nazis.


DAL, Droit Au Logement, dénonce cette intervention violente, sans autre motif apparent que le racisme, des représailles, ou/et un message d’intimidation.
Ces actes de violence sont inquiétants pour l’ensemble de la communauté des voyageurs et des tziganes. Ils sont inquiétants aussi pour les militantEs qui soutiennent leur cause.`
`Droit Au Logement exige que les auteurs et les commanditaires de ces actes soient poursuivis et punis, qu’ils ne restent pas protégés par une impunité révoltante, comme cela arrive trop souvent.
DAL participera à une marche, ou toute initiative pour dénoncer cette violence aveugle et barbare. 



Voir et lire

 http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-guerrini/011014/raymond-gureme-89-ans-rescape-des-camps-victime-de-violences-policieres

Témoignage de Raymond Gurême :
« Il était autour de 15H30. Je me reposais dans ma camping. J’ai entendu crier. Je me lève pour voir ce qui se passe. C’est alors que la porte s’ouvre. Un flic entre chez moi, la matraque en l’air. Il avait la trentaine. Je ne l’avais jamais vu sur mon terrain. Il était baraqué, les cheveux blonds coupés en brosse et avait de grandes oreilles. Je n’étais pas très réveillé, c’était comme un cauchemar. Il me repousse vers le fond de la caravane.

Je lui dis " pourquoi tu viens chez moi ? " Il me répond pas.

Je laisse pas tomber et le questionne encore : " t’as un mandat pour perquisitionner ". Il me dit : " on n’en a pas besoin, on n’est pas en Amérique ici ". Je lui dis : " moi non plus je suis pas en Amérique et ma caravane non plus, elle est pas en Amérique, alors sors de chez moi " .
Il a crié " Ferme ta gueule " plusieurs fois et puis c’est comme s’il avait pété les plombs, il a commencé à me taper dessus avec la matraque, une matraque en fer, télescopique. Ca faisait très mal et puis, comme j’ai que la peau sur les os, ça résonnait comme une grosse caisse.

Il y a un policier plus âgé qui lui a crié "attention, vas-y doucement c’est un vieux ! ", mais le jeune flic qui s’acharnait sur moi ne l’a pas écouté et l’autre a paru avoir peur et s’est mis en retrait.
J’avais très mal partout mais le pire, c’est quand il a tapé sur l’arrière de l’épaule, presque derrière le cou. Ca m’a comme paralysé. C’est à ce moment là que ça m’a fait repenser…

(la voix de Raymond Gurême se brise dans un début de sanglot vite étouffé par un raclement de gorge)…
Ça m’a fait repenser au trajet de la gare de Brétigny au camp de Linas-Montlhéry (dans l’ancienne Seine-et-Oise, aujourd’hui en Essonne) que des policiers français nous ont forcés à faire à pied à coups de matraque et de crosse quand j’avais 15 ans - le 27 novembre 1940. J’ai revu le visage de mes parents et de mes frères et soeurs frappés comme moi, sans raison, par la police française.
On en a pris tellement des coups ce jour-là ! On les comptait même plus. A la fin, tu ne sens plus rien tellement la douleur est forte.

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http://www.depechestsiganes.fr/wp-content/uploads/2014/09/2013-08-12-16.56.59.jpg>
 

Quel que soit son positionnement associatif, politique, idéologique, on ne peut ni admettre, ni excuser, ni cautionner de tels actes.

Monsieur Gurême a raison de faire un parallélisme entre ces actes de policiers en 2014 dans un pays « démocratique » et la violence qu’il a subie de la part de policiers français aux ordres du gouvernement de Vichy.

Plus jamais ça que l’on disait !

Jean-François Chalot


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