Réforme du collège : le niveau baisse ? Continuons !

par Laurent Herblay
mercredi 20 mai 2015

Hier, de nombreux professeurs ont répondu présent au mouvement de protestation contre la réforme du collège poussée par Najat Vallaud-Belkacem, malgré leur proximité politique traditionnelle avec le Parti Socialiste. Signe que cette réforme est mauvaise et qu’il faut l’arrêter.

 
Continuer ce qui ne marche pas
 
Le plus effarant dans cette réforme finalement, c’est que ce projet prétend corriger les carences de notre système éducatif, tout en continuant dans le même sens que les réformes menées depuis 30 ans et qui ont produit la baisse de niveau que l’on constate tous les jours. Pour le baccalauréat, elle est camouflée par une baisse des exigences plus forte encore… Mais une étude du ministère montre une dégradation du niveau en mathématiques de 2008 à 2014 puisque le taux d’échec à la résolution d’un problème de CM2 est passé de 15 à 19,5% quand le taux de bons élèves passe de 18,6 à 15,3%. Et le classement PISA, même s’il a des carences, affirme aussi que le niveau des petits Français baisse.
 
 
Le projet de la ministre de l’éducation nationale reprend et amplifie toutes les réformes qui ont mené à cet échec de plus en plus patent. Comme le souligne Jean-Pierre Chevènement, elle continue de grignoter l’unicité des programmes en donnant toujours plus de latitude pour choisir ce qui est enseigné, fragmentant la République. Et alors même que le niveau baisse pour les matières classiques, on continue à développer les nouvelles formes d’apprentissages, comme les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. Comme le note Vincent Malliet, « si les élèves s’ennuient, c’est qu’il leur a été donné un pouvoir dévastateur : celui de ne rien faire (…) depuis la loi d’orientation de 1989, dite ‘loi Jospin’  ».
 
Une faute de fond et de forme
 
Le projet du gouvernement ne fera qu’amplifier les problèmes du collège. Comme le notait un manifestant hier, « il faut d’abord retrouver l’excellence dans le primaire  » et elle produira « une dégradation profonde des conditions d’enseignement et du niveau des élèves ». Un autre manifestant soulignait justement hier qu’« on va enseigner l’histoire, sans continuité, à des élèves qui manquent déjà de repères  ». Bref, non seulement on n’aura pas le niveau, mais en plus, on perd la mission culturelle et républicaine de l’école puisque des pans essentiels peuvent ne pas être traités et que tous les élèves n’apprennent plus la même chose. Enfin, cela accentuera les inégalités au lieu de les réduire.
 
Pour l’instant, le gouvernement fait bloc autour de la ministre de l’éducation nationale. Pourtant, un sondage indique que 60% des Français sondés trouvent les manifestations d’hier justifiées. Et ce ne sont pas les arguments indécents utilisés pour défendre la réforme qui devraient changer la situation. Dans ce contexte, on peut commencer à se demander s’il ne serait pas possible de faire reculer le gouvernement devant l’alliance de l’opposition, d’une bonne partie des professeurs et d’une majorité des citoyens. Vous pouvez retrouver sur Marianne de nombreux papiers de fond ainsi qu’une pétition pour s’opposer à la réforme du collège ainsi que sur le Figaro, avec des vidéos et des tribunes.
 
 
Pour faire une bonne réforme, il fallait être capable de faire le bilan des réformes désastreuses des 30 dernières années et revenir en arrière dans de nombreux domaines. Impossible pour des dirigeants qui préfèrent ne pas perdre la face plutôt que de résoudre les problèmes.

Lire l'article complet, et les commentaires