Repentance

par Bernard Lallement
mercredi 17 mai 2006

Selon toute vraisemblance, le Tribunal administratif de Toulouse condamnera l’Etat et la SNCF à verser des dommages et intérêts à Alain Lipietz, député européen (Verts), pour la complicité de celle-ci dans la déportation de membres de sa famille, ce qui constitue un crime contre l’humanité.

C’est la première fois, en France, que la responsabilité de la compagnie nationale sera retenue pour ses convois de la mort acheminant des juifs vers Drancy et les camps d’extermination.

Tirant prétexte de sa forme commerciale, l’entreprise publique a toujours refusé d’exprimer le moindre repentir pour son rôle durant la Seconde Guerre mondiale.

Pourtant, ce ne sont pas les nazis, mais ses dirigeants, qui ont décidé le transport d’êtres humains dans des wagons de marchandises en facturant chaque passager, aux autorités de Vichy, le prix d’un voyageur de troisième classe !

Une telle attitude ne saurait être forclose par les réseaux de résistance que les cheminots ont organisés.

D’ailleurs, son président actuel, Louis Gallois, avait, en 2000, décidé l’ouverture des archives aux historiens sur la période 1939-1945.

Sur refus d’admettre une quelconque implication dans cette période trouble de notre histoire est partagée avec la Justice.

De même que les Chemins de fer français, l’institution judiciaire n’a jamais exprimé quelque regret pour l’exécution des lois antijuives. La lecture des revues juridiques de l’époque montre combien le juriste banalisait le droit antisémite.

Il est, d’ailleurs, assez remarquable de constater, qu’à part quelques travaux ou colloques isolés, l’activité du corps judiciaire, durant cette période, n’a jamais fait l’objet d’une étude réellement exhaustive.

Il faut se souvenir que tous les juges prêtèrent, personnellement, serment d’allégeance à Pétain, sauf un, Paul Didier, y compris les trois membres de la Haute Cour qui jugea l’ancien chef de l’Etat français, en 1945.

Ainsi, les mêmes qui, pendant la guerre, ont rendu des décisions en application d’une législation insane, condamneront, à la Libération, ceux qui en avaient bénéficié.

« On n’a jamais été aussi libre que sous l’occupation allemande », avait écrit Sartre.


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