Reportage d’Acturevue au cœur du mouvement étudiant !
par actu
mardi 26 octobre 2010
Ce vendredi 22 octobre avait lieu à midi une assemblée générale dans le grand amphithéâtre de Tolbiac dans l’université Paris I. Acturevue a suivi les débats et le vote des étudiants.
Dès 11H50 l’amphithéâtre, aux murs déjà tagués lors des mouvements précédents, de l’autonomie des universités en 2007 à la réforme des étudiants chercheurs en 2009, était complet. Un important service de vigiles privés avait été déployé par l’université pour limiter l’affluence des étudiants.
Dès 12h20 les portes ont dû être fermées pour des raisons de sécurité. A l’ouverture des débats c’est plus de 1000 personnes qui se massaient sur les deux étages de l’amphithéâtre. Parmi elles, des étudiants bien sûr mais également des membres du personnel administratif, et des professeurs.
Sur l’estrade, une dizaine de jeunes, principalement membres de l’UNEF, mais également de syndicats « de droite ». L’ordre du jour est dévoilé : Seront abordés les revendications puis les moyens d’action.
Le débat s’oriente rapidement vers la question du blocage de l’université, éclipsant la réforme des retraites. Si lors de l’AG de mardi l’amphithéâtre, plus clairsemé, avait voté un blocage partiel, les étudiants se sont déplacés en masse pour défendre leur droit à étudier.
Une étudiante prend la parole, elle appelle à la solidarité avec les grévistes et demande le blocage de l’université. Elle est huée par l’assemblée, des boulettes de papier volent dans sa direction.
Un autre étudiant prend alors le micro, il en appelle au respect de la liberté : "chacun est libre, nous sommes dans le pays des droits de l’Homme, vous revendiquez le droit de manifester et vous avez raison ! Nous, nous demandons le droit de travailler". Il est acclamé par l’assemblé.
L’acmé de la protestation intervient quand un petit brun prend le micro et lance : « Moi, je suis lycéen ! » Tollé général dans l’amphithéâtre qui explose : « Casse-toi ! » « Dégage ! » « T’as rien à faire ici ! » « Va passer ton bac ! ». Malgré l’appel à l’union de tous les étudiants rien n’y fait, l’assemblée entonne en cœur « lycéens dehors ! ».
C’est un renversement de situation par rapport aux mouvements sociaux précédents.
L’ambiance est en général plus dure, les slogans antigouvernementaux nombreux. Les antiblocages, même s’ils déplorent la fermeture de l’université ne sont pas les plus virulents. Les étudiants que nous avons interrogés se disent sceptiques sur l’utilité des blocages : « Mais qu’est ce que vous voulez que ça leur fasse qu’on bloque notre fac ? Ils s’en foutent ! Les seuls pénalisés c’est nous, les étudiants dans les écoles ils continuent à travailler pendant ce temps, pourquoi ils ne bloquent pas eux aussi ! ». Un étudiant hurle dans l’amphi « Allons assiéger l’Assemblé Nationale, le Sénat, mais pas la fac ! ».
Le vote se déroule dans une grande confusion. Le blocage des étages, pour permettre aux étudiants d’aller en amphi, est retenu pour la journée de mardi. Mais les antiblocages ne désarment pas, ils contestent le résultat du vote. Le service de sécurité doit s’interposer pour protéger les membres de la tribune, l’amphithéâtre est évacué.
Cette situation met donc en évidence un changement d’appréciation des mouvements sociaux par les étudiants de l’université. La réforme des retraites, ils sont majoritairement contre. Ils iront manifester s’ils le peuvent, mais ils ne supportent pas l’idée de voir le contenu de leur cours amoindris par des blocages incessants.
A Tolbiac ce vendredi, l’ambiance pouvait se résumer ainsi : La réforme des retraites, nous sommes contre. Bloquer notre université ? Certainement pas.
Adrien Rozès
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