Roms et prostituées

par Alain Roumestand
vendredi 27 août 2010

Le débat sur les Roms est dans toute la presse mais personne ou presque ne parle de la vie de ces femmes que l’on voit le long des routes se prostituer toujours plus nombreuses.

Nous sommes à quelques kilomètres d’une ville moyenne au sud de Paris. Dans un sous-bois. Le chemin parcouru à pieds est parallèle à la route très fréquentée. Jonché de préservatifs usagés, de papier toilette et de kleenex froissés. Le silence à peine entrecoupé par le craquement des branchages en ce mois d’été 2010.
 
QUATRE JEUNES FEMMES ROUMAINES ET BULGARES

Un ou deux hommes se faufilent, suivant un itinéraire tracé par leurs prédécesseurs.Les filles ne les ont pas aperçus car elles sont tournées vers les conducteurs qui ralentissent sur la route.

Elles sont quatre : deux roumaines et deux bulgares.On les appellera Tereza,Maria, Lucia et Stefania. Elles ont été amenées ce matin vers neuf heures dans une vieille Renault 9, déposées par leur mec, leur mac avec un sac pour chacune (sandwich de midi,une bouteille d’eau, des capotes, de l’essuie-tout et le tube de pommade pour les lèvres, indispensable après les fellations).
 
DE VINGT A QUARANTE EUROS LA RELATION

Elles ont toujours l’air enjoué. Le client n’est pas là pour la tristesse.Vingt euros la pipe, quarante euros le sexe. Il y en a même qui se plaignent du prix et souvent la transaction se fait à quinze euros. Une dizaine de clients par demi journée pour les quatre filles,dix huit ans, vingt cinq ans ,vingt ans,vingt huit ans. Des rapports brefs, propos orduriers la plupart du temps,debout face à l’homme ou courbée.
Elles ont vu leurs clients, à la suite d’un sifflement de l’un d’entre eux et deux se détachent du petit groupe pour les rejoindre chacune dans son fourré, à peine à l’abri de quelques regards qui les matent de loin.
 
LA LIBRE CIRCULATION
 
Elles ont mis une semaine pour arriver en France l’an dernier. Pour parcourir un peu moins de deux mille kilomètres via l’Autriche, l’Allemagne. Venant de la campagne proche de Buzau, Braila, pour les roumaines, Montana, Vraca pour les bulgares. Elles ont voyagé avec leurs cousins, tantôt dans des bus, tantôt dans des voitures particulières.

La liberté de circulation des citoyens européens, leur permet d’entrer en France sans formalités particulières et de séjourner trois mois sans justifier d’activité(la Roumanie, la Bulgarie ayant adhéré à l’Union Européenne en janvier 2007). A l’issue des trois mois les ressortissants doivent avoir un emploi,suivre des études ou justifier de ressources suffisantes pour rester en France. Pour exercer une activité professionnelle il faut un titre de séjour et une autorisation de travail
Hébergés en Seine Saint Denis dans un camp de caravanes,elles ont été rapidement initiées et ont commencé à tourner sur Rouen, Le Havre, Amiens, Lille. Jamais trop longtemps au même endroit. Quand elles sont sur leur lieu de travail elles trouvent toujours un "parent" ou un ami de parent pour l’hébergement.

Elles sont constamment surveillées Il leur arrive d’être battues,quand elles ne sont pas assez dociles
 
LE RETOUR VOLONTAIRE

Quand on leur parle de la possibilité de retour volontaire avec un petit pécule elles répondent que leurs familles ne le tolèreraient pas car elles rapportent de l’argent dans un pays où il y en a, ce qui n’est pas le cas de leurs pays respectifs.
 
Pour les Roms 32 milliards non remboursables ont été alloués par la Commission européenne de 2007 à 2013 sur projets.13 milliards et demi ont été dépensés dans le cadre du fonds social européen.Le fonds agricole pour le développement rural et le fonds pour le développement régional ont été mis largement à contribution.Des cofinacements de projets pour l’enfance,l’éducation,l’emploi mobilisent des moyens non négligeables.Le Parlement européen a débloqué 5 millions d’euros pour l’enseignement et le microfinancement.

PROPOS, TRANCHES DE VIE RECUEILLIS AUPRES DES INTERESSEES PENDANT UN TEMPS MORT DE LEUR TRAVAIL DANS LEUR ENFER QUOTIDIEN. UNE DES DEUX ROUMAINES PARLE UN FRANCAIS TRES SIMPLE.

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