Sarkozy le Gitan
par olivier cabanel
vendredi 23 juillet 2010
Est-ce pour brouiller les pistes que Nicolas Sarkozy tente de mettre au devant de la scène médiatique l’épisode tragique de la mort d’un gitan, braqueur de casino, ou une simple coïncidence, puisque la solution « Ribery / Zahia » semble avoir fait long feu ? La stratégie n’est-elle pas plutôt de détourner l’attention du bon peuple.
La question mérite le détour.
Qui est gitan ?
Qui sont les gens du voyage ? vidéo
Et la question subsidiaire n’est-elle pas :
La police a-elle le droit de tuer un délinquant, qu’il soit Tzigane, ou pas, dès lors qu’il était identifié, et qu’il était possible de l’arrêter sans pour autant l’assassiner ?
Le vol commis, à la hauteur de 40 000 € mérite-t-il une pareille punition ?
Si nous étions au moyen âge, la question ne se poserait pas.
Mais nous n’y sommes plus.
Nous sommes au 21ème siècle.
En Arabie Saoudite, on coupe encore aujourd’hui la main du voleur.
Cette barbarie ne va pas jusqu’à le tuer. lien
En France, si.
Nicolas Sarkozy est au pouvoir suprême depuis le mois de mai 2007, mais il était ministre de l’intérieur bien avant, et jusqu’à présent, à part menacer de passer tout le monde de la délinquance au « karcher », les avancées ne sont guère visibles. lien
Cette stratégie peut-elle fonctionner encore, à 24 mois de la présidentielle ?
Comme le dit l’un des représentants des « gens du voyage », les nomades sont pour la plupart français depuis plusieurs générations, et les lois de la république s’appliquent pour eux, comme pour les autres. lien
95% des gitans sont français depuis longtemps.
Les villes de 5000 habitants au moins sont tenues de proposer des aires d’accueil aux nomades, et ces prescriptions ne sont pas respectées.
Mais les communes qui ne les respectent pas ne sont menacées d’aucunes sanctions.
C’est tout le problème de la loi « Besson » de triste mémoire. lien
Si l’on veut pousser le bouchon un peu plus loin, Sarkozy n’est-il pas lui aussi gitan d’une certaine façon ? lien Lui qui, d’origine Hongroise, n’est pas français depuis si longtemps.
Mais revenons au drame de Grenoble.
Deux délinquants, gens du voyage, décident de braquer un casino.
Ils sont pris en chasse, et l’un des deux, Karim Boudouda, est abattu, alors qu’il est connu des services de police, et qu’il aurait aussi bien pu être tout simplement arrêté.
Il a volé 40 000 euros et même si la somme est conséquente, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec d’autres délinquants. lien
Comme Brice Hortefeux, par exemple, coupable, et condamné par la justice, pour injure raciale. lien
Il n’a pour autant pas quitté son poste de ministre, alors que les règles de la République l’imposent.
D’autres ministres sont aussi montrés justement du doigt.
Un certain Estrosi, coupable d’avoir fait agrandir une propriété, en « oubliant » de demander l’autorisation de le faire, et en gaspillant plus de 100 000 € en utilisant un jet privé pour se rendre à une réunion destinée a réfléchir au sort des Haïtiens. lien
Un autre a démissionné pour la même raison. Il s’appelle Joyandet et a regretté publiquement son geste. lien
Il n’a pas pour autant été condamné.
Un autre encore a fumé pour 12 000 € de cigares dont il a fait payer la fumée aux français, ce qui n’est guère citoyen en temps de crise…
L’Elysée a dépensé cette année 280 000 euros pour fleurir 150 m2 de ses salons privés, et personne n’y trouve à redire. lien
L’an dernier la Garden Party de Sarkozy à couté plus de 700 000 euros.
Ce même président qui a engagé Hallyday, un réfugié fiscal, pour un salaire d’un million d’euros, pour animer la fête nationale, en 2009. lien
Un ministre, Eric Woerth est suspecté d’avoir fait engager son épouse par une société qui s’occupe de la gestion de la fortune de l’une des plus riche française, Liliane Bettencourt.
Le même est accusé par un enregistrement clandestin d’avoir reçu des milliers d’euros pour financer la campagne présidentielle de Sarkozy.
Un procureur aux ordres, nommé « Courroye de transmission » par ses pairs, fait tout, depuis des mois, pour tenter en vain d’étouffer le scandale.
Mais revenons à nos gitans.
La détresse des banlieues est palpable.
Sans pour autant l’accepter, comment ne pas comprendre, sans pour autant le justifier, que des jeunes, ou moins jeunes, ne tentent de subsister en dévalisant un casino, lorsqu’une société les prive de travail ?
Le taux de chômage dans les banlieues dépassent largement le taux de celui de la plupart des français, et l’on sait aujourd’hui que la couleur de peau, et l’origine des marginaux de notre société est un facteur déterminant pour l’emploi de ces français. lien
Les ROM, ou Romanichels, Gitans, Tziganes, stigmatisés depuis des lustres, comme d’évidents « voleurs de poules », sont-ils les voyous que les médias aux ordres veulent nous décrire ?
Le débat fratricide lancé par Eric Besson n’a-t-il pas ouvert la « boite de pandore », en opposant les français aux français ?
La justice a-t-elle encore un sens dans notre pays ?
L’indépendance de celle-ci est-elle un but naïf impossible ?
Ce sont peut-être les questions que nous devrions nous poser.
Si l’affaire Bettancourt/Woerth/ Sarkozy aboutit, nous serons rassurés.
Sinon, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter.
Car comme disait mon vieil ami africain :
« Tu peux avoir peur d’un crocodile, mais ne laisse pas les poissons se moquer de toi ».