Scandale de la viande de cheval, épisode 2

par Juliette
jeudi 19 décembre 2013

Le scandale de la viande de cheval en est déjà à son second épisode. La gendarmerie vient de déclencher une opération de grande envergure dans 11 départements en vue de démanteler un trafic de viande de cheval.

Vers un scandale sanitaire ?

Le premier scandale a éclaté il y a 11 mois. Il a entraîné la chute de Spanghero, une entreprise située à Castelnaudary. La nouvelle affaire qui implique la viande de cheval n’éclabousse pas uniquement les secteurs alimentaire et financier. Elle pourrait engendrer un véritable scandale sanitaire puisqu’elle concerne des animaux qui ont servi de cobayes pour des recherches médicales et qui se sont retrouvés dans la chaîne alimentaire.

200 chevaux vendus en 2 ans

À la genèse de l’affaire, l’organe administratif chargé de la protection des populations du département de l’Aude a reçu un courrier anonyme en octobre 2012. La lettre accusait une société narbonnaise spécialisée dans le négoce de chevaux d’actes frauduleux. Une enquête a été diligentée par le parquet local. Les éléments de la brigade de recherche de la gendarmerie de Montpellier ont alors découvert qu’en deux ans (entre 2010 et 2012), un marchand de chevaux localisé dans le Gard a racheté à Sanofi-Pasteur au moins 200 chevaux. Les transactions ont été réalisées via le site du commerçant. Par la suite, les animaux ont été revendus à un négociant narbonnais qui serait l’organisateur du trafic.

Des animaux impropres à la consommation

Ces chevaux qui ont servi de cobayes pour des recherches scientifiques se sont ainsi retrouvés dans la chaîne alimentaire. Certains particuliers et centres équestres ont également utilisé ce réseau pour intégrer sur le marché alimentaire des équidés illicites à la consommation puisqu’ils ont été traités avec des antibiotiques et des anti-inflammatoires. Sanofi affirme que les transactions ont été effectuées dans le cadre de la légalité et en toute transparence. Par ailleurs, les animaux vendus étaient accompagnés de fiches médicales où il est mentionné que s’ils étaient abattus, il est interdit de les destiner à la consommation humaine.

Un réseau démantelé

Pour intégrer la viande de ces chevaux dans la chaîne alimentaire, les trafiquants ont falsifié les documents de traçabilité. Les enquêteurs ont découvert un véritable réseau. En amont, un faussaire qui habite les Alpes-de-Haute-Provence fabriquait de faux dossiers. Des vétérinaires complices prennent le relais en apportant leur contribution au blanchiment de ces bêtes. Ils déclarent sur les fiches de traçabilité que ces animaux sont propres à la consommation. Des personnes travaillant dans des abattoirs français et espagnols sont aussi impliquées dans l’affaire. La viande est ensuite revendue dans des boucheries situées dans le sud de la France, en Espagne et probablement en Italie. Une vingtaine d’individus ont été ainsi interpellés. Des perquisitions sont prévues, non seulement au siège de certains négociants en viande, mais également dans des abattoirs.

Une affaire juteuse

À cette étape de l’enquête, les enquêteurs semblent admettre la thèse que le groupe Sanofi ait été victime d’un abus de la part des trafiquants. Les animaux ont été en effet revendus pour un montant symbolique de 10 euros, après un prélèvement sanguin en vue de fabriquer et de rechercher des vaccins ou des sérums en laboratoire. L’affaire a été particulièrement juteuse pour les trafiquants qui ont gagné entre 500 et 800 euros par animal revendu en boucherie. Le laboratoire pharmaceutique y trouvait également son compte puisque les transactions lui permettaient d’éviter les frais d’équarrissage qui revenaient à 250 euros par cheval abattu.


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