SNCF : sauvons notre service public !

par Laurent Herblay
mardi 20 mars 2018

Après avoir poursuivi le démontage du droit du travail, Emmanuel Macron veut s’attaquer au transport ferroviaire, comme les détestables textes européens nous le demande, ainsi que l’écrit Aurélien Bernier. Une nouvelle absurdité complète, après son plan fiscal oligarchique, proche de celui de Trump, tant il est évident que le transport ferroviaire est économiquement un monopole naturel.

 

Répéter les erreurs du passé
 
Sur les réseaux sociaux, une personne évoquait cette semaine le fait que, pour pousser à la privatisation des services publics, la manœuvre des ultra-libéraux était simple : couper les moyens pour provoquer une dégradation du service, créant la colère des usagers, alors prêts à un changement de statut. Après tout, les problèmes de la SNCF viennent d’un manque d’investissements… Mais je crois plus que nos dirigeant se contentent de suivre la ligne eurolibérale qui leur sert de prêt-à-penser idéologique, sans jamais se poser la question de faire les choses autrement. Après tout, même les jurys de l’ENA se plaignent de l’uniformité de pensée et du manque de réflexion des candidats.
 
Pourtant, il y a seulement trois ans, une étude du cabinet BCG affirmait que la France disposait du 3ème système ferroviaire le plus performant d’Europe, derrière la Suisse et la Suède, largement devant la Grande-Bretagne qui a choisi la voie de la privatisation. La performance de nos voisins d’outre-Manche est d’autant plus médiocre que la forte densité du pays est un avantage en terme de coûts, qui ne se traduit pas pour les usagers, malgré l’absence d’un coûteux réseau à très grande vitesse. Bref, rien ne montre l’intérêt d’une privatisation, d’autant plus absurde que le réseau doit rester unique et public et qu’il faudra donc organiser une concurrence totalement artificielle et délétère.
 
Car bien sûr, les futurs concurrents de la SNCF choisiront les lignes les plus rentables, et utiliseront tout le savoir-faire développé par le service public, sans y avoir contribué. En fait, ils devraient payer une partie de la dette actuelle de la SNCF pour avoir le droit de faire circuler des trains. Plus globalement, il est évident que cette « concurrence » sera un juteux fromage accordé à ceux qui viendront et qui pourront choisir le meilleur quand la SNCF devra assurer le service public là où il est moins rentable, ce qui la poussera à faire des économies, et donc à distendre le lien avec les français. D’ailleurs, tout est prêt, la SNCF ayant déjà créé des centaines de filiales pour préparer la privatisation.
 
Et pour couronner le tout, comme l’a remarquablement montré Télérama, la sphère médiatique salue quasi-unanimement la réforme à venir, s’appuyant parfois sur des arguments totalement malhonnêtes, comme l’a souligné Aurélie Filipetti dans Challenges. Le ministre Gérald Darmanin avance ainsi un coût de 340 euros par Français, oubliant complètement le principe qu’un service public a naturellement un coût et que le profit n’est pas son objectif, comme le note Marianne. Un autre site rappelle que par-delà les exagérations des uns et des autres, le traitement des employés de la SNCF n’est pas si mirobolant, loin de là, même pour un poste aussi important et contraignant que celui d’aiguilleur.
 
 
Heureusement, certains montent au créneau, sur les réseaux sociaux, comme Pascale Fourier, ou dans les médias, comme Aurélien Bernier dans Marianne ou Régis de Castelnau sur son blog. Continuons à nous battre pour cette réforme totalement aberrante, injustifiée et injuste. D’avance, solidarité avec tous ceux qui se battront sur le terrain à partir du 22 mars !

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