Sortir des impasses politiques et scientifiques

par Bernard Dugué
jeudi 17 décembre 2015

Je poursuis l’exposition de quelques visions sur les choses passées du monde et l’état du présent marqué par toute cette science qui avance mais ne perce pas. L’enseignant-chercheur participe à l’avancement de la science précise un texte régissant la tâche de l’universitaire paru au JO. La science participe à l’avancement du chercheur semble indiquer les faits. Mais on ne pas va polémiquer. La science est un système intégré au monde et donc entrelacé avec le politique et l’économie évidemment, mais aussi avec l’idéologie, la relation aux choses, au monde, sans oublier quelques phénomènes d’ordre religieux causés par une manière de voir la science ou de voir notre monde à travers les descriptions scientifiques. Le phénomène religieux ne suppose pas nécessairement une révélation, des écritures et un Dieu. Il y eut une tentative d’élaboration de religion naturelle au 18ème siècle alors que dans le temps et l’espace, on connaît nombre de cultes sans dieux, les animistes, les totémismes et quelques formes de paganismes. Ce n’est pas la science qui produit du religieux. C’est l’homme qui aspire à une religiosité en ayant besoin de croire. Les uns récitent des psaumes ou des versets, les autres rêvent d’immortalité et de greffer leur cerveau sur un disque dur. La science participe à l’Histoire. Fin de digression.

Que dit l’Histoire ? Depuis 1990, quelques événements déclencheurs. Après la chute du mur, la guerre de 1991 en Irak. Les mouvements islamistes créés pour précipiter l’échec de l’Union soviétique en Afghanistan sont devenus des monstres, depuis Al Qaïda jusqu’aux groupes de l’Etat islamique né de l’effondrement de l’Irak après la chute de Saddam voulue par les States. 1992 c’est la naissance d’un totalitarisme vert conduisant vers une douce tyrannie technocratique inscrite dans l’agenda 21, lors du sommet de Rio tenu l’année où l’Union soviétique s’est effondrée. Comme si le capitalisme avait besoin de s’inventer une sorte de communisme vert qui s’est étendue depuis le premier rapport du Giec en 1990 jusqu’à la Cop21 en 2015.

Le climat ne peut pas être maîtrisé. Ceux qui agissent en ce sens dilapident des fonds et des moyens humains qui seraient utiles s’ils étaient employés ailleurs, notamment pour accompagner plus une transition démographique et intellectuelle qu’une transition énergétique dans les pays sous développés. Le communisme vert mène à une impasse. Le combat contre les mouvances de l’Etat islamiques est aussi dans une impasse. Ce qui conduit à examiner un troisième volet des dispositifs politico-religieux que représente le néo-nationalisme qui gagne nombre de pays et pour n’en citer qu’un, notre France en crise politique depuis que le « monstre » du FN a grandi et dont l’origine se situe à la fin des années 1980. Les mauvaises langues diront que Mitterrand a fabriqué le FN pour vaincre la droite, comme les Américains se sont servi des moudjahiddines afghans contre l’armée rouge. Toujours est-il que le FN bloque la vie politique française en 2015 et que les nationalismes ne conduisent pas vers un monde serein, qu’on en juge par les tensions entre la Turquie et la Russie.


Les impasses idéologiques et politiques se reflètent dans les impasses scientifiques contemporaines. Les sciences avancent mais ne percent pas. Du reste, il n’y a plus guère d’avancées majeures. Si vous en connaissez, je vous remercie de m’en informer. Cela fait quelque temps que se dessine dans mon esprit l’image du Moyen Age finissant avec ses interminables gloses et autres disputes entre les 13ème et 15ème siècles. Mais ce nouveau Moyen Age qui s’achève est celui de la modernité. Cet achèvement n’a pas de dates précises mais les deux dernières décennies ont montré les avancées de la technologie et l’incroyable foisonnement de questions sur le quantique, le cosmos, la matière, l’évolution, le cerveau, la synthèse entre gravité et physique quantique. Mais comme à la fin du Moyen Age, rien de décisif. Je ne saurai pas dire si la révolution copernicienne du 21ème siècle est en marche depuis 20 ans ou alors si elle arrive prochainement. A moins qu’elle ne soit barrée par l’impasse et l’incapacité de la communauté des hommes à faire le choix de connaître les choses sans se préoccuper de les manipuler. C’est cela la nouvelle révolution.

Mais pour l’instant, je nage dans le brouillard quantique en me félicitant d’avoir pris le temps de mettre sur le papier ces visions de l’impasse associant les idéologies et le cours de la science. Je sens quelques fractures dans les consciences. Cela s’exprime distinctement, dans l’ontologie chez les physiciens et dans la politique chez quelques rares politiciens honnêtes mais il en existe. Lorsqu’une situation est dans une impasse, c’est qu’elle est sans issue ou alors que la porte de sortie suppose que l’on sorte du cadre de pensée qui configure l’impasse. Cela est valable en cosmologie quantique comme en philosophie, en ontologie du temps ainsi qu’en matière de vision du monde et d’idéologie. Fractures dans la conscience, fêlures dans la pensée. C’est le seul moyen de percer et non pas d’avancer car le propre de l’impasse est de laisser croire qu’on progresse alors qu’on ne fait d’avancer en faisant des ronds dans les successions d’instants.

On se souvient de l’état de la cosmologie au tout début du 20ème siècle. Nombre de théories furent inventées en bricolant plus ou moins les équations de Newton. Les physiciens avançaient dans l’impasse. Puis Einstein est arrivé et ce fut une percée. Comme Newton au 17ème siècle ou Darwin en 1859. Une percée perfore la représentation du réel, l’élargir et permet d’explorer un univers de pensée nouveau, plus précis ou plus profond. Une percée scientifique ou philosophique permet de dépasser le monde des évidences et parfois d’aller au-delà du monde sensible. Elle permet aussi de structurer sa manière de penser et de naviguer dans l’existence avec des instruments rationnels nouveaux. Ou même d’accéder à des outils spirituels en orientant et façonnant le développement d’une conscience élargie.

D’où la seule question pour l’avenir. Sommes-nous voués à rester indéfiniment dans l’impasse moderniste ou bien capables de créer une percée gnostique et l’accueillir. Car on ne reçoit pas la gnose comme on accepte la relativité ?


Au terme de ces réflexions largement inachevées, une simple interrogation vite résolue. Sortir de l’impasse. Avec deux conjectures que je viens de tracer, les connaissances et la politique. Les problèmes liés à la nécessité de changer la société peuvent se résoudre sans qu’il soit nécessaire d’accéder à la gnose scientifique. Juste un éveil spirituel. La théologie n’a pas besoin de la science pour éclairer. Inversement, la gnose peut parfaitement émerger chez les initiés dans un contexte de naufrage social et politique. Les sages peuvent s’extraire du monde comme le suggère la lecture symbolique de l’arche de Noé. Mais ce serait bien que l’on puisse sortir des impasses politiques et scientifiques de concert. Bonnes fêtes !


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