Sur le mariage homosexuel

par Brath-z
lundi 2 juillet 2012

D'après la presse, le "mariage homosexuel" ne devrait pas tarder à être adopté par nos députés. Cette actualité me donne l'occasion de donner ici mon appréciation de ce sujet ôh combien délicat.

Je pense qu'il ne faut pas se tromper de débat. Ce n'est pas l'homosexualité qui est en question ici. Ce n'est pas non plus l'existence de couples de même sexe. C'est bel et bien le mariage.

Le mariage est une institution traditionnelle et même ancestrale dont toute la philosophie peut être résumée en une simple proposition : "le mariage est l'acte fondateur d'une famille". Dans cette proposition, les termes "fondateur" et "famille" sont les deux plus importants. Les couples de même sexe peuvent avoir une famille. Ils peuvent recourir à l'adoption, l'un ou l'autre des deux membres peut avoir eu des enfants auparavant dont il a conservé la charge, ils peuvent être reconnus comme tuteurs légaux d'enfants dont les parents ne sont plus en état d'assumer leur rôle, etc. Mais les couples de même sexe ne peuvent pas fonder une famille. Pour avoir une famille, ils sont contraints pour des raisons d'ordre technique à recourir à la société. Sans la société, un couple de même sexe ne peut pas avoir de famille.

Par conséquent, si on souscrit toujours à cette conception "traditionnelle" qui fait du mariage l'acte fondateur d'une famille, alors les couples de même sexe, qui ne peuvent pas fonder une famille, ne peuvent pas se marier.

Puisqu'il s'agit de donner mon opinion personnelle sur le sujet, j'indique souscrir pour ma part à cette appréciation "traditionnelle" du mariage. Je considère qu'il s'agit de l'acte fondateur d'une famille. Par conséquent, j'estime incompatible avec le fondement philosophique même du mariage le mariage des couples de même sexe. Mais c'est là une appréciation toute personnelle, et je ne suis pas absolument pas convaincu qu'elle soit partagée par le grand nombre de mes contemporains.

Mais le peuple est souverain et il peut souscrire à une autre appréciation. En particulier, on peut estimer qu'aujourd'hui, pour nos contemporains, le mariage serait plutôt la sanction de l'amour que se portent deux personnes. L'orientation sexuelle n'empêche nullement l'amour, et si on considère que le mariage est la sanction de l'amour, alors les couples de même sexe devraient pouvoir se marier.

On notera que telle était l'appréciation apportée sur le sujet par le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, raison pour laquelle cette position n'a pas été rédhibitoire malgré mon désaccord pour lui apporter ma voix.

Maintenant, comment trancher entre ces conceptions ? Est-on seulement sûrs que c'est là l'alternative que nous avons dans la conception philosophique du mariage ?
Face à cette situation, je ne vois pour ma part qu'une seule solution. En effet, je suis assez hostile aux lois somptuaires, qui régissent les mœurs, les usages, les coutumes, etc. Si je reconnais la nécessité de telles lois, je considère qu'elles ne doivent être avancées qu'avec la plus extrême prudence. Surtout, je pense fondamentalement que dans ces matières, l'état ne doit pas avoir l'initiative mais bel et bien tenter de refléter l'opinion générale, quitte à paraître réactionnaire aux progressistes et progressiste aux réactionnaires.

Alors comment, concrètement, trancher en la matière sans que l'état ne s'immisce trop dans ce qui relève de l'usage et de la coutume malgré une judiciarisation progressive ?

Et bien mon idée est d'opérer un processus approfondi d'étude et de débat sur ce qu'est aujourd'hui le mariage pour nos concitoyens. Nous avons eu la preuve avec le "grand débat sur l'identité nationale" qu'il était possible d'entreprendre une telle démarche. Bien entendu, la manière dont c'était déroulé ce fameux "grand débat", dans la précipitation, avec dans l'optique un objectif électoraliste, sous un encadrement gouvernemental strict, n'est pas un modèle. Mais je pense qu'en prenant le temps du processus, en y associant anthropologues, philosophes, sociologues, politistes, etc, en n'en faisant pas un enjeu électoral ni politicien, nous parviendrons à obtenir un reflet à peu près fidèle de ce que la société estime que représente le mariage. Dès lors, les juristes et parlementaires tireront les conséquences de cette conception en rédigeant une loi réglementant le mariage, qui sera soumise à l'approbation du peuple souverain par referendum, car quoiqu'il soit aujourd'hui largement abandonné de nos contemporains, le mariage n'en est pas moins une institution structurante de la société. Le fait qu'il constitue un enjeu aussi passionné en est d'ailleurs une preuve éclatante.

Cet article est une reprise d'une note de mon blog.


Lire l'article complet, et les commentaires