Thierry Henry, nouveau salaud national

par Ben Ouar y Villón
mardi 24 novembre 2009

Un des symptômes les plus graves dont souffre notre pays tout entier est bien la pratique systématique de l’auto-flagellation, on l’a souvent dit, mais aussi et surtout d’une croyance en la perfection morale. La France, par le truchement imaginaire de son équipe de foot, serait, ou devrait être, un parangon de vertu. C’est oublier nos propres ignominies, sinon celles des autres, que ce soit en foot ou en politique.
 
Pourquoi faut-il qu’on se trouve toujours des victimes expiatoires ? Pour divertir notre attention des vrais coupables des vraies fautes ?
 
Avouez que ça tombe particulièrement mal sur un héros national comme Henry, Antillais d’origine de surcroît et garçon d’une sensibilité très au-dessus de la moyenne dans son métier.
 
Ainsi le but marqué de la tête par William Gallas mercredi dernier l’aurait été par la main d’un autre joueur, Thierry Henry. Ce dernier serait donc devenu en l’espace d’une seconde un exécrable sportif. On a vu grâce aux caméras de surveillance que sont les caméras de télévision qu’en effet l’avant-bras de notre plus grand footballeur actuel avait touché le ballon avant qu’il ne le transmette à son collègue.
 
 
A-t-il fracassé le talon d’Achille d’un adversaire, ou sciemment brisé les testicules d’un autre, commis je ne sais quel acte anti-sportif violent et grave, ou encore injurié la soeur d’un Irlandais ?
 
La grande polémique diplomatique que les Irlandais ont engagé, frustrés de ne pouvoir se hisser en coupe du monde, porte sur la possibilité de rejouer le match, ce que notre nouveau salaud national a envisagé lui aussi honnêtement.
 
Mais devrait-on alors rejouer tous les matches où la France s’est vu déniée un penalty ? Cela fait quatre ans qu’on nous refuse systématiquement cette pénalité, quand elle est à notre avantage...
 
Thierry Henry ne s’est pas dénoncé à l’arbitre ?
Et celui-ci n’a pas consulté son assistant de touche qui devrait avoir vu la faute ?
On n’a pas non plus pu consulter l’écran vidéo qui surplombe le stade, comme l’avait fait, souvenez-vous, un certain arbitre lors de la finale de 2006 contre les Italiens ?
Cette fois-là l’arbitre en titre avait tenu compte de l’écran vidéo, pour expulser Zinédine Zidane !
 
Quand une faute a lieu à notre avantage, c’est dommage pour l’esprit du sport certes, mais vous voyez immédiatement de beaux parleurs comme Vixente Lizarazu se précipiter pour invoquer l’esprit de "fair-play", "l’exemple" que devrait montrer la France aux autres pays.
 
Question : La France doit-elle être ce modèle permanent pour les autres nations ?
Est-elle condamnée à être parfaite et Thierry Henry avec elle, tout grand sportif exceptionnel qu’il est, condamné à être un dieu, avec ses failles, ses mesquineries, sa main gauche ?
 
Il est vrai que lorsqu’on s’expose dans les médias comme il le fait, qu’on touche 7, 700 000 mille euros par an en salaires et recettes publicitaires, on s’expose aussi à être jugé à l’aune des dieux.
 
Deux chiffres qui augmentent notre colère , Français et Irlandais réunis, et cette fois pour de bonnes raisons :
 
Prime de match pour cette qualification pour Thierry Henry : 400 000 euros

Prime de match pour cette qualification pour Raymond Domenech : 862 000 euros.
 
Comment être fair-play lorsqu’une telle carotte vous pend au nez. Comment même ne pas imaginer de corrompre l’arbitre et ses assistants ? Comment, dans de telles conditions, être moralement parfait ?
 
Proposez-moi une somme pareille qui me permettrait, d’un coup, d’un seul, de cesser d’être éternel locataire pour devenir propriétaire d’un des plus beaux appartements du Champ-de-mars à Paris. 400 000 euros... Ce ballon, je vous promets, je le prendrais avec les deux mains pour le porter dans les cages.
 
Et tant pis pour l’Irlande. Elle n’a qu’à se mobiliser pour re-voter le référendum au lieu de s’épuiser dans des combats inutiles.

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