Tirez sur les lampistes

par C’est Nabum
mardi 31 mai 2022

 

Un écran de fumée …

 

Le fumigène est tendance, il égaie les soirées sportives et parfois les balades en bateau, il colore le ciel de délicates nuances de couleur dans un profond brouillard tout en mettant parfois en danger les habitations ou les individus. Mais qu'importe puisqu'il est symbole de liesse pour tous ceux qui sont tout feu tout flamme dès qu'ils s'embrasent.

Les détecteurs de fumée n'y peuvent rien une fois que le terrible symbole de la liesse populaire a été mis en action pas plus du reste que la myriade d'agents de sécurité qui font le pied de grue pour exfiltrer tout ce qui peut nuire à la tranquillité dans le stade, surtout les bouteilles d'eau avec ce redoutable bouchon qui en fait une arme de guerre.

Le fumigène quant à lui passe sans encombre le contrôle, les uns prétendant qu'ils ne peuvent se rendre dans une arène sportive sans leur godemichet fétiche, celui qui ne les quitte jamais, d'autres qu'ils ont besoin d'une torche électrique pour rentrer chez eux tandis que les plus nombreux prétendent que c'est un cornet de glace qui fond lorsqu'ils pètent les plombs.

L'objet délictueux entre donc avec la masse, en nombre et en toute quiétude dans des enceintes bien plus de s'enflammer à la première étincelle à goûter aux valeurs du sport. C'est alors le grand bûcher de la sottise humaine qu'on qualifie de grande communion des supporters enthousiastes. L'embrasement des esprits surchauffés passe par la mise en action de la torche fumante, le signal de détresse d'une société parfaitement bêtifiée et hystérique.

Que faire si ce n'est chasser hors des stades les boutefeux, les furieux, les cinglés qui ont besoin de tout casser, de mettre le feu, de hurler leur haine pour encourager leurs couleurs ou s'indigner des mauvais résultats de leurs favoris ? Les stades sont en ébullition et les derniers spectateurs intelligents n'ont même plus leur petite bouteille d'eau pour calmer le jeu.

Sur le terrain du reste, rien de surprenant, les individus en short qui courent en tous sens, se roulent souvent par terre, insultent l'arbitre et vitupèrent à tous propos, ne font rien pour calmer les ardeurs de leurs adorateurs. Bien au contraire, ils ne cessent de souffler sur les braises, eux qui ont l'argent qui leur brûlent les doigts. Tout est en place dans ce théâtre de notre déchéance collective pour qu'à la moindre étincelle, ce soit la catastrophe.

Rassurez-vous, tout sera remis en ordre pour la grande échéance sportive de 2024. La France sera à la hauteur tandis que le monde entier constatera la qualité des fouilles au corps de stadiers qui auront la consigne de laisser rentrer tout ce qui peut faire penser à une flamme olympique. Les fumigènes ont de beaux jours devant eux et seront même distribués aux athlètes hexagonaux. C'est la seule solution du reste pour qu'ils fassent des étincelles, tant le sport est devenu le parent pauvre et abandonné de l'éducation nationale.

Ne m'accusez pas d'allumer la mèche. Si les mots me brûlent les lèvres, jamais un tel engin n'est venu se glisser dans mes mains. Il ne serait d'ailleurs pas compliqué d'éradiquer le problème en en interdisant la vente. Hélas, le commerce est prioritaire sur toute autre considération et interdire l'achat de la chose mettrait le feu aux poudres dans le pays.

Il n'est plus qu'à attendre de belles déclarations de principe, des mesurettes gouvernementales destinées à calmer le jeu sans qu'elles ne soient jamais mises en œuvre, le discours d'un ministre pour noyer le poisson et une grande réunion avec des experts afin d’éteindre le feu qui couve dans les tribunes. Les tribuns une fois revenus à leur quotidien, les fumigènes continueront de mener la danse de Saint Guy tandis que les responsables se couvriront la tête de cendres.

À contre-feu.


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