Train, fonctionnaires, Etat : le retour de la propagande ultralibérale
par Laurent Herblay
samedi 17 février 2018
Récemment, une vidéo circulait sur les réseaux sociaux pour faire une comparaison entre le service public évidement calamiteux de la SNCF et l’équivalent japonais, privé, excellent. Si ces exercices de propagande ont la cote dans une France dirigée par le champion de l’oligolibéralisme, ces présentations biaisées ne résistent pas une seconde à l’épreuve des faits…
Plus que jamais, le besoin d’Etat
Les ultralibéraux dénoncent une fonction publique qui serait bouffie d’avantages indus ou incapable de gérer convenablement la SNCF. La réalité est toute autre. Londres a privatisé son service ferroviaire il y a 20 ans, et malgré un contexte bien plus favorable (pays beaucoup plus dense et sans train à grande vitesse, sauf celui qui vient de Paris), le bilan est calamiteux. Bien sûr, il y a du choix, avec une vingtaine de sociétés privées. Mais le pays est le 2ème plus cher d’Europe, le prix du billet ayant grimpé de 117% en 20 ans, et même 250% de Londres à Manchester, à 329 livres ! Pire, l’Etat continue à verser 4,6 milliards de subventions par an, un comble pour une privatisation.
Les fonctionnaires sont aussi régulièrement la cible des ultralibéraux, entre pseudo surnombre et acquis sociaux indus. Alternatives Economiques a publié un long papier qui démonte ces idées reçues de manière efficace. Le nombre de fonctionnaires n’est pas si élevé en France et à ceux qui proposent de revenir à leur nombre de 2000, le journal rappelle que notre pays a gagné 6 millions d’habitants en 16 ans. D’ailleurs, dans bien des domaines, et notamment l’éducation, les comparaisons internationales montrent au contraire que nous manquons plutôt de fonctionnaires (plutôt mal payés qui plus est, toujours dans l’éducation). Enfin, leur statut se reflète dans le nombre de candidats au Capes…
Dernier argument massue : les 56% de dépenses publiques. Pourtant, personne ne s’émeut de la relative incohérence avec le taux de prélèvements obligatoires, dont l’écart est bien supérieur au déficit public. Les Echos ont publié un papier sur les raisons de ce niveau, évoquant la différence de partage entre public et privé sur la santé (qui explique 2 points d’écart) ou les réformes des retraites, au prix d’une baisse de niveau de vie des plus de 60 ans. Au global, j’avais montré il y a plus de 4 ans que même l’écart avec les Etats-Unis venait surtout de différences de périmètres, et pas pour le bien des citoyens, dont la santé est bien plus chère outre-Atlantique, tout en étant beaucoup moins bonne.
Bref, il convient de ne pas se laisser impressionner par les arguties ultralibérales et toujours creuser derrière leurs affirmations souvent superficielles, comme lors du débat sur mon dernier papier sur le Japon, où le troll de service ultralibéral a montré la faiblesse de ses arguments face à ceux, solides, de YPB. Le temps n’est pas à un recul de l’Etat, mais au besoin d’un Etat plus fort.