Tribu KA : qui sont-ils ?

par Damien Vidal
mardi 30 mai 2006

La tribu KA, responsable de la manifestation antisémite de la rue des rosiers, est une secte néo-païenne créée par Kemi Seba, ancien membre de Nation of islam et du parti kémite. Cet article se fonde principalement sur la biographie de Kemi Seba (Wikipedia), et sur les textes publiés sur le site de la tribu KA, aujourd’hui inaccessible mais dont certaines pages peuvent encore être vues dans le cache Google.

La tribu KA fut créée en décembre 2004 par Stellio Gilles Robert, alias Kemi Seba. Dès son origine, et comme un certain nombre d’organisations politiques extrémistes, celle-ci mêle politique et religion au service de sa cause.

Le fara

Le fara (leader, guide) de la tribu KA, Kemi Seba, est né à Strasbourg sous le nom de Stellio Gilles Robert. Il commence sa carrière d’activiste en militant au sein de la section parisienne de Nation of islam, qu’il quitte au bout de seulement un an. S’intéressant au kémitisme, une religion se revendiquant de l’Egypte ancienne, il effectue un court voyage dans ce pays. Il crée, en 2002, après s’être rebaptisé Kemi Seba (traduction proposée : Etoile noire), le Parti kémite, puis en décembre 2004, la tribu KA, qui remplace le parti.

Une théologie confuse

"La tribu Ka est un ordre composé d’hommes et de femmes kémites. Un ordre, fondé par l’ex porte-parole du défunt Parti kémite "Kemi Seba" et dont le seul et unique objectif est de contribuer à remettre le véritable peuple élu ( kémite de son vrai nom) à sa vraie place ; celle de guide de l’humanité."

Extrait du site de la tribu KA (inaccessible depuis le 29 mai 2006).

La tribu KA (kémiste atonienne) est une secte monothéiste. Le Dieu créateur, Atona, semble être considéré comme un simple démiurge ; il est en effet qualifié par la secte de grand alchimiste. La "religion" kémiste atonienne se définit principalement par son opposition aux grandes religions du livre, à vocation universelle. La tribu KA se définit comme une secte initiatique ne s’adressant qu’à une élite de la communauté africaine, celle-ci étant considérée comme largement dégénérée depuis son abandon d’une culture kémite mythologique. Les membres de la secte sont qualifiés de medzatones pour les hommes, et d’asets pour les femmes.

Mais une doctrine politique on ne peut plus claire...

La tribu KA est le représentant français le plus virulent du suprémacisme noir. Son programme est des plus simples :

"Nous revendiquons le fait qu’en tant que kémites chaque morceau de cette planète nous appartient, car à une époque où le leucoderme marchait encore à quatre pattes dans les cavernes, nous étions déjà les rois et les propriétaires de ce globe. Par conséquent, nous rejetons l’intégration et proclamons notre droit à reprendre toutes nos possessions."

Cet extrait du site de la tribu KA se passe de commentaires. Le lecteur relèvera simplement la caractérisation de leucoderme pour désigner les Caucasiens. La substantification de l’adjectif leucoderme fait de la couleur de peau un critère primordial de distinction. A cela s’ajoute le fait que ce terme est utilisé comme s’il désignait une espèce animale.

Pour aboutir à cet objectif de domination mondiale et d’émergence d’un nouvel homme noir, KEMITE de son vrai nom, enfin débarrassé de toutes ses impuretés (sic), la tribu compte sur la propagande des medzatones, endoctrinés lors des assemblées kémites, mais aussi sur la manipulation des enfants via l’école d’Hor, dont le propos est d’assurer le soutien scolaire et la kémitisation des plus jeunes. Ces méthodes légales sont, d’après les membres de la secte, secondées par des "méthodes" qui ne le sont pas et sur lesquelles ils refusent de s’étendre.

Toutes les activités de la secte sont par ailleurs interdites aux blancs, juifs, asiatiques, etc. Le métissage, considéré comme facteur d’un affaiblissement de la race supérieure kémite, est condamné.

Enfin la secte justifie en ces termes une répression impitoyable, si elle parvenait au pouvoir :

"Nous ajoutons en outre que selon la logique de Maât (droiture, vérité, justice, intégrité avec soi-même) la TRIBU KA se donne pour devoir d’être implacable à l’égard de toute pensée, dogme ou croyance d’essence antikémite."

La tribu KA pousse si loin les limites du ridicule que l’on ne peut la considérer comme une réelle menace pour la démocratie. En revanche, sa violence pourrait la rendre source de multiples débordements, pour peu que sa cause soit médiatisée, comme cela se produit depuis la "promenade d’intimidation" de dimanche. On remarquera la proche parenté idéologique avec les groupes néo-nazis les plus extrêmes, en particulier en ce qui concerne le rejet des religions du livre, trop universelles pour être adaptées à une thèse raciste, et la "redécouverte" d’une religion originelle du peuple supérieur (kémitisme ou paganisme germanique), ciment d’une mythologie fondatrice.

Comme ces groupes, si la tribu KA ne présente pas un danger pour la république, ils peuvent en présenter un pour les individus. La plus grande vigilance s’impose donc.


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