Un débat démocratique et citoyen sur la fin de vie

par Pelletier Jean
jeudi 19 juillet 2012

C’est en ces termes que Didier Sicard a présenté la mission que lui a confié le Président de la république. François Hollande s’y était engagé au cours de sa campagne, il est passé à l’acte en confiant au professeur Didier Sicard une mission de réflexion sur la fin de vie.

Le sujet, comme tous les sujets de société est difficile, il clive la société dans ses avis bien au-delà des clivages habituels. La mission Léonetti a abouti à un texte de loi en 2005 qui a instauré un « droit à mourir »sur lequel certain pensent que le droit est allé au bout de ce qui lui est autorisé et d’autres pensent qu’à l’usage celui-ci ne suffit plus et qu’il faut aller plus loin. Le nouveau pouvoir ouvre ainsi la possibilité d’un débat. « La question de la fin de vie n’appartient pas aux médecins » déclare Didier Sicard, professeur de médecine.

Il a toute autorité pour mener à bien cette réflexion, lui qu’on a nommé par ailleurs président d’honneur du Comité consultatif d’éthique qu’il a dirigé de 1999 à 2008. Beaucoup se souviennent de lui comme chef de service de médecine interne à l’hôpital Cochin à Paris. Il est par ailleurs professeur de médecine à l’Université Paris Descartes.

Il a largement contribué à la réflexion sur le droit à la procréation en participant aux débats de l’Ecole Normale Supérieure ouvert par Monique Canto-Sperber et plus particulièrement à la table ronde : « les problèmes de la naissance : question de limites, question de droits. »

Le voilà ainsi saisit de la naissance à la mort d’une tâche importante : celle d’élaborer les propositions les plus à mêmes de gérer la fin de vie.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages où la préoccupation de la place du patient est son souci récurrent : « Infection à VIH : Savoir et comprendre : connaissance de l'infection à VIH pour la personne séropositive, ses amis, sa famille » en 1996, « La médecine sans le corps : une nouvelle réflexion éthique » en 2002, « L’alibi éthique » en 2006.

Didier Sicard a donné le ton lors d’un entretien accordé au journal le Monde : « Il faut aller à la rencontre de ceux qui ne parlent jamais, et non reconstituer un puzzle avec ceux que l'on connaît déjà ». En clair il propose de mettre un coup d’arrêt à la confiscation des débats par les médecins. Les associations de patients qu’il connait bien se félicitent de cette nomination d’un homme dans lequel elles ont toute confiance.

Il va se trouver au cœur même d’un affrontement entre des cultures différentes pour lesquelles ce sujet est l’objet d’âpres débats et parfois de violences extrêmes. Ses déclarations sont d’autant plus surprenantes qu’elles ouvrent en grand le champ du possible : « Il faut aller chercher les naïvetés sur la question, plus que les jugements abrupts ». Le ton est donné, cet homme d’une grande franchise et d’une honnêteté intellectuelle remarquable va surprendre son monde. C’est sans aucun doute le souhait de François Hollande.


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