Un fleuron de notre patrimoine culturel menacé : l’école maternelle

par pigripi
mardi 23 septembre 2008

Le monde entier nous envie notre école maternelle pour son intérêt pédagogique et éducatif.
Et pourtant, notre ministre de l’Education nationale, Xavier Darcos, crache dans la soupe en prétendant qu’elle ne sert qu’à "changer les couches" et faire "faire la sieste" aux enfants.

Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale, a tenu sur l’école maternelle des propos choquants et effarants d’ignorance et de mépris pour les enfants et les enseignants (qui sont en majorité des enseignantEs) :

"Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’Etat, que nous fassions passer des concours à bac+5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ?"

"La seule question que nous nous sommes posée, que nous posons, (...) c’est (...) est-ce qu’il faut généraliser la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans et est-ce qu’il faut des professeurs recrutés à bac+5 pour s’occuper d’enfants qui ont entre 2 et 3 ans ?", a expliqué Xavier Darcos à la presse mercredi à la sortie du conseil des ministres.

Ces propos ont été tenus à l’occasion d’une discussion budgétaire. Pour Darcos, qui n’a pu tenir ces propos sans l’aval de Sarkozy, on dépense trop d’argent pour l’éducation de nos enfants. Et cette éducation, qui est pourtant le fer de lance de l’avenir de notre société, ne mériterait pas les compétences d’enseignants dotés d’un bac+5. Comme si élever les enfants correctement, les éduquer au mieux ne nécessitait aucune formation et pouvait être confié à n’importe qui.

MM. Darcos et Sarkozy n’ont jamais dû s’occuper sérieusement de leurs propres enfants, ni se pencher avec attention sur leur éducation pour savoir que cette responsabilité requiert des ressources de haut niveau.


On sait depuis des siècles qu’il ne suffit pas de nourrir et laver un enfant pour lui permettre de s’épanouir. On connaît l’expérience de Louis II de Bavière… Conte ou réalité, elle a démontré que les enfants avaient autant besoin de présence, d’affection, de jeux, de sociabilité que de nourriture et soins corporels.

L’école maternelle française est réputée dans le monde entier pour son excellence. Elle fait partie d’un patrimoine culturel dont on ne peut que se glorifier.

Mais, ce qui est plus grave encore, c’est la misogynie qui pointe derrière les propos de Darcos. En effet, on peut y lire un immense mépris du travail des femmes dans l’éducation des enfants, l’ignorance des compétences professionnelles que cela nécessite et un dédain inacceptable pour toutes ces femmes comme Maria Montessori ou Pauline Kergomard qui se sont battues pour que nos enfants reçoivent à l’école les meilleures stimulations aptes à développer leur potentiel.

MM. Darcos et Sarkozy méprisent ces femmes qui constituent la majorité du corps enseignant en maternelle et qui rivalisent de créativité et de savoir-faire pour mettre nos petits enfants en situation d’éveil et d’apprentissage. Ils semblent ignorer que les petits enfants en maternelle apprennent à vivre ensemble, à devenir autonomes, à réfléchir, à imaginer, à créer, à respecter leurs camarades, les enseignants, les outils de travail et le fruit de leur travail. Toutes choses dont nous manquons cruellement dans une société qui s’obstine à vouloir surveiller et punir quand il faudrait prévenir en éduquant, ce que fait l’école maternelle.

Le travail fait à l’école maternelle est d’autant plus important que le cerveau de l’enfant n’est finalisé que vers 3 ans. Autrement dit, les fonctions cérébrales qui ne sont pas stimulées avant 3 ans nécessiteront plus de temps et d’effort pour se développer après 3 ans.

Bien sûr, je ne dirai pas comme certains que "tout se joue avant 3 ans", mais je pense que stimuler un enfant dès son premier âge concourt à développer plus rapidement son potentiel et, surtout, plus facilement pour lui. Les familles bilingues le savent bien.

Je ne cherche pas non plus à culpabiliser les familles qui ne mettent pas leurs enfants en maternelle et, d’ailleurs, elle n’est pas obligatoire. Il n’en demeure pas moins que c’est un plus qui doit demeurer à la disposition du plus grand nombre. Encore une exception française qui mérite qu’on la soigne.

Attaquer l’école maternelle, c’est attaquer la jeunesse, cette jeunesse maltraitée, déconsidérée à laquelle on refuse de donner toutes les chances pour se construire un avenir radieux. C’est aussi une manière de dire aux jeunes filles "mariez-vous, restez à la maison pour torcher vos gosses, arrêtez de faire payer à la société des études que vous ne méritez pas, dont votre futur rôle de mère n’a pas besoin et des emplois inutiles".

Attaquer l’école maternelle, c’est aussi décourager les hommes de s’occuper des jeunes enfants en dévalorisant cette activité alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à s’occuper de leurs petits et à s’impliquer dans leur éducation. Démolir l’école maternelle va à l’encontre de l’évolution sociétale.

Démolir l’école maternelle, c’est aussi diminuer les chances des plus défavorisés et scier les câbles de l’ascenseur social car la scolarisation laïque et gratuite des plus petits permet au plus grand nombre de développer leur potentiel. Les familles les plus aisées ainsi que celles qui imaginent qu’elles "gagneront plus" n’y verront pas ombrage, comptant sur les écoles privées ou les nounous à demeure pour éveiller leurs rejetons.

M. Darcos, je vous mets un zéro pointé et je demande de faire un stage dans une école maternelle.
Vos propos sont une honte pour la France dans ce qu’elle a de mieux et de plus respectable.


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