Un nouveau 11 septembre pour les sauver ?
par Dominique Larchey-Wendling
mardi 14 août 2007
Je propose ici la traduction d’un article qui engendre une violente controverse aux Etats-Unis. Comme moi d’ailleurs, vous trouverez sans doute cet article extrêmement choquant. Mais au-delà de l’outrage, il contient quelques vérités sur une certaine Amérique qui sont intéressantes à méditer... Un éditorialiste américain pense aujourd’hui que les Etats-Unis ont besoin d’être frappés à nouveau. Les circonstances qui le pousse à cette analyse extrême sont-elles différentes de celles qui ont motivées les attentats du 11 septembre 2001 ? Et pour finir : oui, vous avez bien lu, l’auteur parle bien du « premier » 11 septembre dans sa phrase de conclusion.
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Avant de passer à la traduction, quelques petites remarques. L’auteur de cet article d’opinion, Stu Bykofsky, a engendré une polémique violente, mais il a été défendu, en particulier sur la chaîne Fox News de Rupert Murdoch. D’autres avant lui (ici et ici) ont discuté des effets "positifs" que pourrait avoir un nouveau 11 septembre. Depuis, Stu Bykofsky tente néanmoins de faire un peu marche arrière en expliquant que le terme "need" (a besoin) a été ajouté au titre sans son approbation. Mais il maintient que seul un nouveau 11 septembre pourra unir à nouveau l’Amérique.
En tout cas, l’auteur nous précise en quoi une nouvelle attaque serait utile au pays : pour "restituer la juste rage de l’Amérique et son objectif singulier de domination." Voilà en direct la face sombre des Etats-Unis, celle des impérialistes qui veulent dominer le monde à n’importe quel prix, y compris celui de la haute trahison.
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Pour sauver l’Amérique, il nous faut un nouveau 11 septembre.
Stu Bykofsky, original ici.
A un mois de l’anniversaire, je pense qu’un nouveau 11 septembre pourrait aider l’Amérique.
Quel genre de bâtard malade mental pourrait écrire une chose pareille ?
Un bâtard tellement malade de nos divisions politiques - en grande partie dues à notre incompétence en Irak - qui nous ont fait oublier qui était l’ennemi.
L’ennemi n’est pas Bush ni Hillary ni Daily Kos ni Bill O’Reilly ni Giuliani ni Barack. C’est le terrorisme globalisé qui utilise l’islam pour justifier ses abominables péchés, incluant l’attentat à l’explosif contre des femmes et des enfants.
La guerre en Irak a divisé les Etats-Unis en un puzzle d’intérêts concurrents qui renforce nos ennemis. Nous sommes profondément divisés et la division, c’est la faiblesse.
La plupart des Américains pense aujourd’hui que la guerre en Irak fut une erreur. Pourquoi ?
Ce n’est pas parce que les Américains sont "pacifistes".
Les Américains ont changé d’opinion parce que la guerre dure depuis trop longtemps et que nous n’avons pas la patience nécessaire aux longues luttes. Nous sommes en Irak depuis quatre ans, mais pour certains, ils ont l’impression que cela fait un siècle. A contrario, l’Angleterre a retiré ses soldats d’Irlande du Nord après une occupation de près de quarante ans pendant laquelle ils étaient souvent les cibles des tirs.
Ce n’est pas comme ça que ça se passe en Amérique.
En Irak, nous n’avons pas le sentiment que notre armée est en train d’être vaincue sur le champ de bataille. Le problème est plus qu’il n’y a pas de "champs de bataille" bien défini. Nous avons le flot des victimes quotidiennes et la victoire n’est pas visible à l’horizon. Les Américains sont impatients. Nous aimons la restauration rapide et les guerres rapides.
Les Américains ont adoré la première guerre du Golfe en 1991. Elle n’a duré qu’une centaine d’heures avant que George H. W. Bush ne la termine en proclamant la victoire. Il a mis en danger un demi-million de soldats et nous n’y avons subi que trois cents morts.
L’Amérique aime les guerres plus courtes que les World Series.
Bush 1 a tout réussi, Bush 2 a tout raté, mais il l’a fait avec l’appui du Congrès.
Comme la guerre a été salopée jusqu’à présent, les démocrates et les républicains s’attaquent mutuellement, quand ils ne s’attaquent pas eux-mêmes. Ce dialogue de sourd retentit dans toute l’Amérique.
Souvenons-nous du 11 septembre.
Pouvez-vous vous rappelez le sentiment partagé d’outrage et la détermination qui était la nôtre ? L’Amérique n’avait jamais été aussi unie depuis le premier jour d’infamie - le 7 décembre 1941.
Nous savions qui était l’ennemi à ce moment-là.
Nous savions qui était l’ennemi peu de temps après le 11 septembre.
Parce que nous nous sommes égarés depuis le 11 septembre, nous en sommes réduits à des guéguerres sans fin pour déterminer si le "surge" fonctionne, si nous sommes plus "en sécurité" aujourd’hui, si le FBI doit écouter les conversations téléphoniques avec l’étranger, si les flics doivent arrêter les imams qui ont un comportement étrange dans les avions, si ceux qui sont censés préparer des attaques sur Fort Dix ou l’aéroport Kennedy sont réellement une menace ou bien des charlots. Nous nous chamaillons pour quelques arbres alors que la forêt est en feu.
La trame de l’Amérique est en train de se défaire comme celle d’un pull-over bas de gamme.
Qu’est-ce qui pourrait nous ressouder les uns les autres ?
Un autre 11 septembre.
Le pont du Golden Gate. La montagne Rushmore. Le Wrigley Field à Chicago. Le métro de Philadelphie. Les Etats-Unis sont un environnement riche en cibles pour Al Qaida.
Avez-vous le moindre doute qu’ils planifient de nous attaquer à nouveau ?
Si ça doit avoir lieu, alors que cela ait lieu. Il faudra une nouvelle attaque sur notre sol pour réduire au silence les singes parlants et restituer la juste rage de l’Amérique et son objectif singulier de domination.
L’unité apportée par une telle attaque ne durera malheureusement pas éternellement.
Le premier 11 septembre l’a prouvé.