Un nouveau scénario de science… fiction ?

par Geneste
lundi 1er mars 2010

Commençons par démonter l’information selon laquelle passer sous un scanner dans un aéroport, lequel scanner déshabille, serait une potentielle atteinte à l’intimité. Cela fait quand même bien sourire qu’une telle information soit montée en épingle. En effet, ceux qui se plaignent d’une violation de leur intimité ne sont-ils pas ceux-là mêmes qui arborent des maillots de bains de seulement quelques centimètres carrés sur les plages, l’été ? Et quand ils en ont… ! Si donc on peut exhiber tout ou partie de son corps à la belle saison, quelques centimètres carrés en moins, pourquoi s’opposer au contrôle d’un machine qui va viser à vérifier que sous ces quelques centimètres carrés ne se cachent pas un engin de mort ? Par ailleurs, la nature étant ce qu’elle est, rares sont ceux que la nature a pourvu d’attributs exceptionnels et quand bien même un individu qui serait exceptionnellement pourvu viendrait à passer, encore faut-il que l’image en donne un rendu adéquat à une détection. Que peuvent donc bien craindre toutes ces personnes de la jetset des médias ?

Maintenant, une chose n’a pas été dite par les médias alors qu’elle me semble essentielle. Ceux qui prennent souvent l’avion verront de suite de quoi je veux parler. En effet, juste avant de passer sous le scanner, on contrôle votre carte d’embarquement. De plus en plus, ce contrôle se fait en lisant automatiquement, à l’aide d’une machine, le code barre qui est sur cette carte et l’information est reliée à un système central. Que devient alors cette information ? Comment est-elle stockée, où, combien de temps, à qui est-elle transmise ? Va-t-elle être corrélée à l’image qui sortira du scanner ? L’image, sera-t-elle, elle aussi, transmise ? Combien de temps sera-t-elle stockée ? Etc. On le voit bien, ce qui est le plus gênant dans cette affaire, ce n’est pas la violation de l’intimité de l’individu mais bien la violation de la confidentialité d’informations personnelles comme celle du fait que l’individu prend l’avion à telle heure, de tel aéroport, avec tel image scanner, qu’il est arrivé tant de minutes en avance, etc. Or, nous avons quand même pu voir quelques reportages, notamment sur nos chers députés européens, qui s’opposeraient, par exemple, à la transmission de certaines informations personnelles aux USA lors de déplacement de ressortissants européens vers ce pays. Mais, vous l’aurez remarqué, si nos députés résistent, ils n’ont jamais fait la une des journaux télévisés et autres, l’affaire a quasiment été étouffée.

Pourtant, la protection des données personnelles devrait être un élément essentiel d’une société dont le leitmotiv serait la liberté. On ne peut pas en vouloir à un commerçant de gérer, par exemple, un fichier client car cela sert, objectivement, son commerce. Par contre, que le même commerçant puisse vendre ses fichiers clients à d’autres qui vont les agglutiner à d’autres fichiers pour en faire des métafichiers, voilà qui devient plus que gênant. En effet, les techniques statistiques actuelles couplées au data mining, sont redoutables d’efficacité donnant corps à l’adage « dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es ». Bien entendu, les médias ont dénoncé les Face Book et compagnie. Mais c’est très loin d’être suffisant. Le commerce des données personnelles devrait être interdit en France au moins. De même, les transactions commerciales devraient être « anonymisées » a priori de façon à éviter la tentation de vendre ensuite des fichiers qui permettent de cibler. Bref ! Je ne détaillerai pas davantage car cela nous amènerait trop loin, mais chacun aura bien compris l’enjeu.

La question que je veux poser maintenant est celle de savoir si on peut aller plus loin dans l’incursion de la vie privée voire même de l’intimité (cette fois-ci la vraie) de l’individu. La réponse est oui mais avant je vais tenter d’expliquer pourquoi cette question vaut la peine d’être posée. Elle vaut la peine tout simplement parce que, d’autres avant moi l’ont déjà dit, la connaissance est une forme de pouvoir. Connaître certains points essentiels de la vie d’un individu peut donner du pouvoir sur cet individu et, nos sociétés soi-disant démocratiques, sont en réalité en train de préparer le lit de futures dictatures tout simplement en banalisant les données personnelles comme des données non confidentielles qu’ont peut même vendre ou acheter. Pis, notre société, pour des raisons essentiellement présentées comme des raisons de sécurité, déploie des trésors d’intelligence pour chaque jour mieux contrôler, espionner, maîtriser les individus. Or, les médias en tête couplent cela à l’usage effréné de l’informatique dans notre société si bien que quelques îlots de résistance fleurissent par-ci par-là. Or c’est exactement l’inverse qu’il faudrait faire. Les techniques d’anonymisation informatique sont extrêmement efficaces et au lieu de tenter de se passer d’informatique, il vaudrait mieux demander à rendre obligatoire ces techniques…

Voyons cependant, sur un exemple, jusqu’où on pourrait aller dans la violation de l’intimité. Je vais rester dans le ton de cet article en considérant un passager qui veut se rendre en avion aux USA. Lors de son arrivée vers la sécurité, des écrans plats, comme aujourd’hui, lui montrent comment vider ses poches, mettre ses sacs sur la table, comment disposer les liquides… Néanmoins, un message subliminal lui est envoyé sous la forme, disons, d’un texte glissé une image toutes les 24 secondes, qui dit « voulez-vous du mal aux Etats-Unis ? ». Nous savons très bien que ce genre de message est capté par le cerveau mais ne monte pas à la conscience. Néanmoins, capté par le cerveau, ce message va générer de la part de celui-ci une réaction positive ou négative selon l’état d’esprit du passager. Il ne reste plus à faire non pas un scanner mais une IRM en temps réel pour regarder quelles zones du cerveau de la personne sont actionnées pour prêter à cette personne, à tort ou non, peu importe, certaines intentions. Ainsi, non seulement on pourrait détecter les poseurs de bombes mais en plus on pourrait même trier les passagers sur leurs pensées. Il ne fait nul doute que la paranoïa outre atlantique verrait probablement la mise en place d’un tel système d’un bon œil. Et il est probable que, la technologie se perfectionnant, on pourra facilement réaliser un tel dispositif dans les 10 à 20 ans. La société alors, qui n’aura bien entendu pas réagi avant, avalera-t-elle sans broncher la mise en place d’un tel dispositif ? Au nom de sa sécurité ?

A moins que la dictature ne soit déjà installée…


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