Un train peut en cacher un autre
par Sapere Aude
mardi 17 octobre 2017
L'affaire Weinstein est un drame, parce qu'elle révèle des pratiques douteuses mais aussi parce qu'elle use de victimisation et véhicule une misandrie excessives, masquant une situation dont bon nombre de tous sexes se seraient bien gardés d'exposer.
Dans l'affaire Weinstein, il y a Harvey. Cet homme se serait rendu coupable d'avoir échangé des carrières de femmes contre des faveurs obscènes. Elles sont nombreuses à lui reprocher cette ignominie, et si le nombre ne fait pas les preuves, il semble que l'étau se ressert dangereusement. En revanche, faire preuve de circonspection ici en apprend davantage encore sur cette sombre histoire : Harvey est loin d'être seul.
Le temps du revirement
L'affaire à peine éclatée, son épouse depuis 10 ans et de 24 ans sa cadette annonce leur séparation. 10 ans de mariage volent donc en éclat dès la publication des révélations, exactement au même moment que la prudence matrimoniale et décennale, consubstantielle aux couples de cœur. Quel surprenant hasard alors qu'il aurait justement été attendu une mise au point dans l'intime et une décision sous le coup de la tempérance et non de la seule exposition publique.
Dans les jours qui suivent, les grands noms s'expriment. Meryl Streep, si prompte aux envolées lyriques militantes aux bénéfices des femmes dans ce monde d'hommes qu'est Hollywood, accusant 40 ans de carrière et qui surnommait Harvey Weinstein « Dieu », ne savait pourtant pas. Son militantisme devrait en prendre un coup, sachant que Jessica Chastain dit l'avoir su dès le début de sa carrière (soit une douzaine d'années). Les époux Obama et Clinton sont consternés. Ayant occupés les plus hautes fonctions de l'État au pays de l'Oncle Sam, ce qui implique depuis PRISM qu'ayant pu être au fait de tout sur n'importe quel américain, ils ignoraient que celui qui les abreuvait de millions de dollars pour leurs campagnes électorales était un magna du sexe cavalier. Encore une facétie du destin certainement, alors que même des français comme Dupontel annoncent être au fait depuis des lustres.
Et que dire de ces innombrables photos de stars qui témoignent en masse de leur affection par un baiser affectueux au producteur souriant, qui rappellent au demeurant celles de Hugh Hefner ou de Larry Flint, sinon qu'elles sont des plus embarrassantes pour se joindre à la horde de dénonciatrices. Viol, harcèlement, comportement cavalier, dragueur, taquin ? Difficile de placer le curseurs pour ces actrices mais aussi les acteurs en général, soit à peu près tout Hollywood.
Bref, il ne faut pas s'y méprendre : la prompte dénonciation d'Harvey Weinstein de tous bords témoigne d'une volonté de tourner les projecteurs vers l'homme à terre, parce qu'il le mérite certes, mais surtout pour éviter qu'il soit braqué sur soi. Ce n'est plus une mascarade, c'est un immense bal des faux-culs.
#balancetonmec
L'emballement se produisit, comme il fallait s'y attendre. En effet, la cause des femmes déchaîne les passions, par principe car des injustices demeurent effectivement mais aussi par nécessité et esprit de revanche féministe. Le hashtag est lancé, un homme sera cloué au pilori par seconde, coupable ou non qu'importe car la cause est juste. Cet événement a permis plusieurs choses.
Tout d'abord il a effectivement permis de libéré la parole de celles qui, pour des raisons propres, ont été victimes de ces agissements mais n'ont jamais osé porter plainte ou pu prouvé leur malheur. Le cri sur les réseaux sociaux est un expiatoire de substitution à qui il faut rendre grâce.
Par sa propagation magistrale sur toutes les plate formes, il aura ensuite permis de montrer l'ampleur du phénomène, souvent relativisé ou ignoré. Il permet à tout homme de s'interroger sur ses propres actes et de faire preuve d'un peu d'introspection, ce qui est toujours une bonne chose en soi : le doute est gage de qualité.
En revanche, il a été le cheval de Troie de deux espèces de harpies : les affabulatrices et les féministes dogmatiques. Celles-ci usent du raisonnement spécieux qui s'appuyant sur le volume dénoncé et le cas Weinstein donc d'une propagation de ce comportement jusque dans les plus hautes sphères, en concluent que tous les hommes sont des porcs, en particulier au sommet et que la femme est toujours une victime. Il ne s'agit plus pour l'homme quelconque de faire preuve d'introspection mais bien alors de s'auto-juger pour se condamner sans appel, le mal est consubstantiel de son chromosome Y. Elles sont épaulées dans leur quête par celles-là, les affabulatrices. Car il en existe, qui par un ego surdimensionné prend toute demande d'heure dans la rue pour une drague fétide, qui psychologiquement instable, qui par un choc de cultures prend une parole pour une invitation, etc. Elles ne sont pas légions mais leur prise en compte est importante. Si tous les hommes ne sont pas des saints, ils ne sont pas tous le violeur de Clémentine Autain ou l'abject paternel de Christine Angot. Ces deux spécimens sont d'ailleurs condamnés par la grande majorité des hommes. Il faut donc faire preuve de prudence dans les conclusions des dogmatiques, qui peuvent vite contaminer l'esprit fragile d'une victime mais aussi de celles qui ne savent guère si leur homologue masculin au travail est un dragueur maladroit ou une réelle menace. Ces harpies travestissent le combat auxquelles participent les victimes, qui ne demandent qu'à expier leur malheur et non à condamner toute l'humanité.
Tomber dans la misandrie est justement le piège dont il faut se prémunir, au risque de décrédibiliser le combat mené par les victimes et par les féministes en bonne intelligence au sens large.
La convergence des luttes
La boucle est alors bouclée : tirer sur Weinstein puis tirer sur tous les hommes pour protéger la femme victime et innocenter l'entourage – large – de Weinstein. Mais si certaines le sont, le sont-elles toutes au fait ?
Il y a des victimes dans cette affaire, c'est une certitude. Des femmes qui pensaient qu'être belles et talentueuses suffirait à ouvrir les portes de la richesse folle et du succès planétaire. Candides au demeurant, car elles auraient dû pousser leur raisonnement plus loin. Rares sont en effet les actrices qui ne sont pas d'une beauté remarquable. Naturellement, s'il ne s'agit pas d'une condition sine qua non mais il semble que ce soit grandement facilitateur. Mais qui serait assez crédule pour penser qu'il suffit d'être belle et sexy à un entretien pour passer l'ardue sélection d'une audition qui conduit directement à la fortune colossale et à la renommée internationale ? Lorsque les enjeux sont énormes, le prix l'est aussi. C'est regrettable ici mais cela n'a rien de surprenant. Dès lors, jouer les effarouchées est un peu abusif.
Mais surtout, pour une candidate prude, combien d'autres avec un jugement de valeur différent ? Qui pour faire croire aujourd'hui que les candidates de téléréalité par exemple, ou les actrices comme Léa Seydoux, Marion Cotillard, doivent leur notoriété et donc leur compte en banque à leur seul talent et une beauté plastique ? Ce qui est abjecte pour certaines, comme la frivolité ou le népotisme, fait le bonheur d'autres. Ce qui est moral pour sculpter une image de femme fragile et délicate est pour certaines rejeté en masse, sans perversion ni conditionnement.
La récupération prend pourtant place : pour les féministes dogmatiques, ces peu scrupuleuses ci jouent alors la partition car elles sont les victimes de tout le système et ainsi n'ont d'autre choix que de se souiller dans ce monde machiste. Un peu hâtive comme conclusion, il ne faudrait pas non plus essayer de faire croire qu'Énora Malagré a du talent.
Le féminisme extrême crache son fiel pour laver l'affront, purifier la femme victime, tandis que l'entourage du producteur joue la surprise en découvrant le secret de polichinelle. Alors à l'unisson, main dans la main, le mantra est récité : plus jamais cette vilenie, il faut nettoyer ces écuries bien trop masculines d'Augias.
Ce procès est in fine celui des rentières à l'endroit du riche époux, des amis d'enfance venus se repaître aux repas de Gatsby dont les secrets sont connus mais tus, de l'homme tout entier à travers un seul en particulier. Le procès Weinstein n'est pas celui qui est présenté, il est l'échappatoire, le fumigène pour se dérober pour toute sa périphérie, de son épouse au président des États-Unis et une fois la fuite prise, il sera celui de tous les hommes, sans exception.
Et au milieu de ce théâtre, gît quelques victimes oubliées : les femmes abusées. Mais il n'y a pas d'argent à se faire, alors elles peuvent attendre que les puissants et leurs séides aient lavé leur honneur.