Une ferme dans une copropriété

par Rcoutouly
jeudi 17 mai 2012

Comment faire coexister la ville et la campagne ? Comment fournir de la nourriture aux habitants des villes ? Comment créer des emplois nouveaux et participer ainsi à la relance de l'économie ?

Un exemple précis avec une ferme urbaine installée sur les toits des immeubles.

 

Résidence les Cédres, Marseille, mars 2019, un vendredi :

Yasmina Dupont est une charmante jeune femme d'origine franco-marocaine. En sortant de chez elle, ce matin, elle dépose son récipient normalisé personnel devant le composteur collectif. Puis, elle part travailler.

Angélique et Mehdi sont un couple d'horticulteurs urbains, gérant la ferme de la copropriété des Cèdres. En arrivant, comme chaque matin, Medhi se charge de trier les déchets des récipients déposés par les habitants. Puis, il monte sur les toits de la copropriété pour faire l'entretien des plates-bandes installées sous les serres. Pendant ce temps, Angélique fait le tour des "animaux" de la ferme : le clapier où vivent une cinquantaine de lapins et les 10 ruches installées sur les toits. 

Ensuite, Mehdi et Angélique se mettent au travail pour réaliser l'activité principale du vendredi. Avant de partir en week-end (l'ensemble de la ferme est automatisée pour l'arrosage et la nourriture des animaux), ils doivent confectionner les cent paniers des membres de leur AMAP. Selon la récolte de la semaine, et les commandes particulières de certains des membres du collectif, ils confectionnent les paniers qui sont déposés dans les récipients normalisés de chacun. Puis, les récipents normalisés sont déposés dans les boîtes aux lettres de chaque copropriétaire adhérent.

Fin de journée, Yasmina rentre du travail et ouvre sa boîte aux lettres. Elle y découvre ces trois kilos de légumes et de fruits, le pot de miel et le demi-lapin qu'elle a commandé sur internet pour son ragoût de dimanche. "Tiens, les radis sont particulièrement beaux en ce moment" se dit-elle. Un petit mot d'Angélique accompagne le panier "coucou, Yasmina, je n'ai plus de courges comme tu me l'as demandé, il faut attendre deux semaines, bon week-end".

 

La ferme des Cèdres a été installé en 2016 sur les toits de la copropriété. Elle produit des légumes (tomates, salades, radis, poivrons, concombres, haricots, ...), des petits fruits (fraises, framboises, ...), des lapins et du miel. Elle comporte 700 mètres carrés de serres chauffées par les surplus des ventilations mécaniques des immeubles. Dans les jardins de la copropriété, sur l'emplacement d'une ancienne aire de jeux pour enfants, d'une surface de 400 mètres carrés, a été installé un composteur à quatre compartiments, un lombricomposteur et un clapier automatisé. 

La ferme a des charges très faibles. Elle ne paie ni son eau (on utilise l'eau pluviale récupérée dans la copropriété), ni le chauffage des serres, ni des intrants puisque l'engrais nécessaire aux plantes provient des composteurs et du lombricomposteur. La nourriture des lapins provient aussi des déchets ménagers fournis par les habitants. La litière de ces petits mammifères est utilisée aussi comme engrais. La ferme paie des baux symboliques à la copropriété car il est admis que celle-ci fournit des services utiles au collectif.

L'AMAP des Cèdres regroupe une cinquantaine de copropriétaires et une cinquantaine de voisins proches de la copropriété. Ceux-ci ont droit à un panier, qui varie selon les saisons, quarante semaines par an pour un abonnement mensuel de 40 euros. Ces quatre milles euros mensuels constituent une source régulière de revenus pour Angélique et Mehdi. Mais, elle est complétée par la vente des lapins, du miel et des surplus de légumes. La gestion des commandes se fait directement sur internet.

 

Grâce à l'utilisation du toit de la copropriété des Cèdres, deux personnes ont trouvé un travail pérenne et correctement payé : ils peuvent prendre leurs congés et leurs week-end. Les habitants ont gagné en qualité de vie : une partie de leurs déchets ménagers (les déchets organiques) sont récupérés localement ; ils trouvent une partie de leur nourriture sur place, produite de manière biologique. Cette ferme urbaine est aussi une formidable manière d'éviter l'émission de carbone dans l'atmosphère en le stockant dans les déchets et dans la terre. Ecologie, économie et qualité de vie font ainsi bon ménage.

 

source image : écohabitation


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