Une journée sans écrire ... ça !

par C’est Nabum
samedi 24 novembre 2012

Le monde et ses grimaces habituelles.

Vidéo à regarder avec des pincettes :

Quelle crise ?

Samedi, je n'ai pas écrit, la chose est suffisamment rare pour être remarquée. J'avais pourtant bien des sujets qui auraient dû entraîner ma plume, mes remarques acides ou mes dérives ligériennes. Mais, c'est justement le trop plein qui m'empêcha de choisir. C'est encore l'incompréhension de tout ce qui se télescopait qui me contraint à une prise de distance salutaire.

Il y avait dans notre pays et dans ma chère ville des bords de Loire bien assez de sujets de consternation pour occuper le pamphlétaire. Mais à quoi bon, hier j'avais le sentiment que rien, non vraiment rien ne changera ici et qu'il ne sert à pas grand chose d'agiter le chiffon rouge. J'ai préféré passer ma journée à préparer joli repas de fête entre amis, laissant les grimaces se faire sans moi !

La première fut locale. Les autorités, toujours à la quête d'un peu de publicité inauguraient notre nouveau marché en bord de Loire. Du provisoire qui avait duré, s'était effondré sur les assauts de la neige, une construction métallique prit la place pour mettre à l'abri le chaland et pas tout à fait les marchands.

La pompe est la règle du faire savoir. Des discours tenus par des gens qui ne les écrivent même pas, qui ignorent presque tout du sujet qu'ils déblatèrent, des gens qui se pressent pour être vus, pour profiter d'une coupe ou d'un cadeau. Tout ce que je déteste, tout ce qui fait de notre démocratie un prolongement de la féodalité d'antan. Les Princes et leur cour s'affichent et le bon petit peuple est honoré de cette représentation.

 

La seconde fut nationale. La droite, les autorités religieuses, les défenseurs des valeurs se sont regroupés pour défiler contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. La belle chose que voilà, des gens s'indignent et au nom de valeurs morales, manifestent une inquiétude par anticipation. Les mêmes, depuis quelques années, n'ont pas trouvé scandaleux la montée du chômage, la précarité et la pauvreté qui progressent, la difficulté de plus en plus évidente d'accéder aux soins … Cela n'a vraiment que bien peu d'importance en regard de ce sujet vital !

Le système économique mondial est en pleine décrépitude et tout ce beau monde, gouvernement compris, se focalise sur un épiphénomène pour réagir. C'est à désespérer de la capacité de nos concitoyens à comprendre les enjeux réels. Nous allons dans le mur, nous serons bientôt les prochains de la liste et pourtant on se dispute pour une illusion.

La troisième occasion de rester à la maison me fut donnée par la cérémonie de clôture du six-centième anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc. Qui ne vit pas à Orléans ne peut comprendre à quel point nous sombrons dans le ridicule et l'abrutissement collectif avec cette pauvre gamine abandonnée par les puissants de l'époque.

Depuis, elle a servi toutes les causes, représenté toutes les idéologies dominantes, elle est devenue l'icône d'un parti xénophobe, la sainte d'une église qui l'avait brûlée, l'héroïne d'une France qui résiste, le symbole du patriotisme, le paradigme de la chasteté... Orléans est engluée dans cette folle vénération.

Alors, samedi 17 novembre, le tout Orléans s'est regroupé dans le quartier VIP, le bon peuple a pris place derrière, s'est agglutiné derrière les barrières, le long du quai, pour assister à un spectacle pyrotechnique qu'on prétend brillant. Là encore, la crise « connaît pas » quand il s'agit de proposer les jeux du cirque ! C'est honteux, c'est indigne, c'est parfaitement déplacé !

Rassurez-vous, nous ne sommes pas au bout de ces dépenses inutiles et fictives. La gabegie va venir avec les fêtes de fin d'année. Les illuminations démentielles, les marchés de Noël, les réceptions des vœux, les petits fours et les coupes de champagne. Nos Princes vont encore jeter l'argent pas les fenêtres, ils ne savent pas faire autrement.

Alors hier, je suis resté dans ma cuisine. J'ai fait comme ce monde qui va à sa perte en accélérant le pas, j'ai fermé les yeux et je me suis contenté bien égoïstement de mon modeste repas. Pourquoi crier au loup quand personne ne veut entendre ? Pourtant, dans la nuit, le sommeil vint à me manquer, j'avais tout cela sur la conscience et mes petits abus sur l'estomac. J'ai repris le clavier pour hurler dans la brume. Personne ne m'entend, mais ça m'a fait un bien fou !

Inutilement vôtre.


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