Universités : IUFM et Bologne. Cherchez le rapport !

par usbek
jeudi 7 mai 2009

Le président de Bordeaux 3 (lettres et sciences humaines) est omniprésent dans les médias. Selon lui, la revendication des « bloqueurs » de son université, entrés par les fenêtres pour bloquer à nouveau les accès, est désormais, non plus le moratoire sur la mastérisation des concours des recrutement de l’éducation nationale, mais la suppression du « processus de Bologne ».
 
On a reparlé du même sujet, sur RMC, où le père d’une étudiante de cette même université de Bordeaux 3, dit, au passage, qu’il faut mettre un terme à la situation, car la revendication ultime des étudiants « bloqueurs » est désormais qu’on donne à tous les examens, car l’année s’achève dans deux mois. Mais non, mon pauvre monsieur, l’année universitaire est déjà FINIE, puisque les cours cessent, toujours et partout, à la mi-mai, les examens commençant généralement une semaine plus tard.
 
Le pire est que les journalistes présentent tout ça en vrac et sans la moindre explication, sans doute faute d’y entendre quoi que ce soit eux-mêmes. On nous présente ainsi ces obscures questions universitaires entre la venue de Deschamps à l’OM et la grippe porcino-mexicaine, ce qui évidement rend tous ces faits incompréhensibles. En effet, il n’y a pas le moindre rapport entre les revendications majeures. Donc, à cette fin, un mot d’explication.
 
La mastérisation est une lubie, soudaine et conjointe, de Darcos et de Pécresse, liée à la suppression des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres, les IUFM, dans la création desquels on avait vu la panacée éducative, il y a dix ans, sur les suggestions du gourou de l’époque, Philippe Meyrieu, grand prêtre des sciences d’éducation au 110 de la rue de Grenelle. La nouvelle idée est de réintégrer les personnels des IUFM (supprimés) dans les universités et surtout de remplacer les concours nationaux de recrutement traditionnels (CAPES et Agrégation) par des masters 2 délivrés par les universités. Ces diplômes n’existaient d’ailleurs pas encore et il fallait néanmoins les mettre en place, avant même de les avoir réellement conçus.
 
Tout cela était évidemment absurde et, dans les faits, in-gé-ra-ble. Les ministères l’ont finalement admis et ont, semble-t-il, accepté de suspendre la réforme, grâce à un moratoire d’un an pour 2009-2010.
 
Quant au "processus de Bologne", c’est encore mieux.
 
En fait, cet accord européen date de dix ans et, au fond, on a recommencé à en parler qu’à l’occasion de son dixième anniversaire, alors que tout le monde, ou presque, en avait oublié jusqu’à l’existence. Ce "processus", au demeurant assez absurde aussi, visait à harmoniser les systèmes universitaires européens au sommet, sans entrer dans le détail des organisations elles-mêmes, alors qu’en France et en Allemagne, les structures du doctorat, par exemple, restent tout à fait différentes. Peu importe, car c’est un autre sujet.
 
En fait, je suis CERTAIN que la plupart de étudiants, désormais, « anti-Bologne », ignoraient encore, il y a peu, jusqu’à l’existence de ce processus de Bologne et qu’aucun d’entre eux, en tout cas, n’était capable d’en présenter, de façon un peu étendue et précise, le contenu exact.
 
Une fois de plus, c’est la faute à l’internet ! Ce sont des étudiants catalans et espagnols qui ont lancé ce thème de revendication pour des raisons qui leur étaient sans doute propres. Les « bloqueurs » français ( à Bordeaux d’abord, donc dans le Sud-Ouest, notons-le au passage !), ne sachant plus quoi revendiquer, ont enfourché ce cheval de bataille, qui est plutôt, vu sa nature et son âge, une bourrique voire un bidet !
 
En fait le seul rapport entre les deux, la suppression des IUFM (et la mastérisation des concours) d’une part, et le processus de Bologne de l’autre, est que les deux, les IUFM et Bologne datent de 1999 ! On en célébrait donc, cette année, le dixième anniversaire commun. On a voulu fêter le premier en supprimant les IUFM et les étudiants catalans et espagnols ont soudain découvert les inconvénients du second, dont nul ne se souciait plus depuis des années et en ont exigé également l’abolition !
 
Va comprendre Charles !

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