Voiture autonome : combien d’emplois en moins ?
par Christophe Bugeau
mercredi 16 mars 2016
L’innovation technologique est une bénédiction : elle nous permet de nous libérer de certaines corvées, mais elle entraîne souvent aussi des suppressions d’emploi. Il en est ainsi des voitures autonomes qui vont arriver d’ici 5 ans sur le marché. Quelles seront les conséquences et comment peut-on gérer ces dernières ?
Les voitures autonomes ont le vent en poupe, qu’il est loin le temps de la compétition lancée par la DARPA américaine (agence de recherche des projets avancés pour la défense) en 2004 qui n’avait vu aucun des véhicules des principaux laboratoires et université américaine arriver au bout de la course.
Désormais les google cars sont autorisées à rouler dans certains états américains et un certain nombre de pays vont autoriser les véhicules autonomes sur leurs routes. La question des assurances et de la responsabilité sera sûrement réglée en temps et en heure. L’on est passé en une décennie d’un projet de véhicule de combat autonome à une course des constructeurs pour mettre au point ce type de véhicule. Nous pourrons bientôt à nouveau téléphoner en conduisant !
Mais voilà, cette belle innovation (comme beaucoup) va avoir des effets sur l’emploi, car Uber sera largement dépassé : chacun pourra louer son véhicule (comme c’est déjà le cas pour son appartement) lorsqu’il n’est pas utilisé. Adieu les chauffeurs de taxi, les chauffeurs de VTC et les chauffeurs d’Uber. Pour les taxis, cela représente la destruction de 57 000 emplois, pour les chauffeurs de VTC on serait sur 12 000 emplois et environ 10 000 personnes était inscrites sur UBER POP avant la fermeture du site. Au total, ce sera donc au moins 80 000 personnes qui seraient impactées (voir http://www.christophebugeau.fr).
Mais cette « petite » révolution va toucher à terme tous les chauffeurs de tout transport : les chauffeurs de bus (test de petit bus autonome à La Rochelle en 2014) et d’autocars, ceux de camions de transport entre entreprises aussi. Il est probable que seuls les chauffeurs livreurs seront épargnés, car il est difficile de remplacer l’opération de déchargement.
Le secteur routier comporte 350 000 emplois dans le pays. Il est clair qu’une partie de ces derniers sont appelé à disparaître : si l’on charge dans l’entreprise de départ et décharge dans celle d’arrivée, il n’y a plus besoin de chauffeurs. Et les emplois administratifs qui sont en seconde ligne suivront aussi en partie : moins de chauffeurs = moins de DRH.
Pour les transports de bus et de car, il faut supposer la même révolution : l’obstacle sera plus psychologique que technique, il faudra surtout vaincre l’appréhension des voyageurs. Mais au fur et à mesure que ces derniers seront eux-mêmes habitués à utiliser des véhicules autonomes, il tombera.
Ainsi, l’on va avec cette seule évolution technologique perdre des dizaines voire des centaines de milliers d’emploi. Processus qui se retrouvera dans d’autres domaines. Il est donc temps de se demander ce qu’il est bon d’automatiser ou non. Et comment doit se répartir la richesse globale : la mise en place d’un revenu minimum citoyen deviendra vite urgent, et le financement de ce dernier sur les activités économique s’automatisant devra aussi s’envisager. Le découplage revenu-emploi va vite devenir une réalité.