« Vos libertés, votre sécurité ». Le faux débat du Ministère de l’Intérieur
par calach
lundi 20 avril 2009
Entre début avril et fin mai, le Ministère de l’Intérieur organise 4000 réunions publiques pour aller à la rencontre des citoyens sur le thème « Vos libertés, votre sécurité : Parlons en ensemble ». Les occasions de rencontre entre la population et les autorités (Préfecture, Justice, Forces de l’ordre) pour débattre de grands sujets d’ordre public sont si rares que l’initiative ne peut qu’être applaudie. Mais à y regarder de plus près, les applaudissements doivent être de courte durée.
A la lecture du titre du forum, le citoyen est en droit de penser que le débat va porter sur la frontière entre libertés individuelles et sécurité. Jusqu’où peut-on aller en matière de sécurité pour ne pas asphyxier complètement les libertés individuelles ? La question n’a jamais été aussi d’actualité que ce soit en matière de fichiers, de vidéosurveillance, d’écoutes téléphoniques, de placement en garde à vue et même de détention provisoire.
Mais une visite sur le site dédié à la présentation de ces rencontres nous fait immédiatement comprendre que le mot liberté n’a pas sa place dans ce débat. Que ce soit sur la page des grands thèmes à aborder, sur le discours de la Ministre ou dans le communiqué de presse, le mot liberté semble introuvable ou presque… C’est seulement dans la dernière phrase du communiqué de presse que l’intrus apparaît enfin ! Ouf, le mot « liberté » n’a pas disparu du vocabulaire du Ministère de l’Intérieur mais il est vite effacé par la nouvelle ambition de nos protecteurs :
Sur le plan pratique, lorsqu’on assiste à l’une de ces réunions publiques (je l’ai fait !), on se rend très vite compte que l’objectif premier n’est pas d’organiser un débat mais de faire approuver par la population présente dans la salle les méthodes employées par les forces de l’ordre pour assurer plus de sécurité. On comprend également que ces réunions publiques serviront de caution pour développer de nouvelles mesures de contrôle et de répression. Lorsque la question de la frontière entre libertés et sécurité est posée elle est rapidement évincée par les autorités. La réponse est servie sur un plateau préparé d’avance : « C’est en améliorant la sécurité qu’on assure les libertés individuelles ».
La manipulation pourrait faire sourire si elle n’induisait pas la recherche d’une caution publique pour deux nouvelles notions de sécurité qui vont encore plus « protéger nos libertés » ! Premièrement la vidéosurveillance que le Ministère veut étendre partout et qui apparaît comme la panacée de la lutte contre la délinquance dans la rue. Deuxièmement, le « témoignage spontané ». Pour ce deuxième thème, les autorités n’hésitent pas à s’appuyer sur le succès de la « Procédure Alerte Enlèvement » pour dire qu’il faut aller plus loin et étendre les témoignages spontanés à toute forme de délit. Et là on n’a plus envie de sourire car chaque citoyen est invité à se conduire comme un auxiliaire de la police !
C’est ainsi que le piège se referme sur le citoyen plus soucieux de sa sécurité que de sa liberté. Demain le témoignage spontané aura tout le succès que voudront bien lui donner les chiffres du Ministère et il faudra probablement prolonger ce succès en favorisant la « délation de proximité ».
« FAIRE DES CITOYENS LES ACTEURS DE LEUR SECURITE »
c’est peut-être vouloir
« FAIRE DES CITOYENS LES ACTEURS DE LA FUTURE DELATION DE PROXIMITE »
ATTENTION DANGER !