La colonisation d’asservissement

par Charles Carpentier
mercredi 18 janvier 2023

Ils viennent de partout et vont tous azimuts. Ils cherchent à infester le monde entier, ils veulent l’asservir et le rendre dépendant. Le business model des réseaux sociaux basé sur la capacité de l’homme à gober est admirable.

Nés du ventre des startups, leurs programmes informatiques les ont propulsés en quelques années au rang de multinationales. Leur mission, qui paraît si innocente, représente l’une des principales menaces pour notre souveraineté économique, pour notre liberté et pour notre santé mentale.

Leur stratégie d’expansion est semblable à celle des bourgeois conquérants des siècles passés. « La bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. » écrivaient Marx et Engels dans leur Manifeste du parti communiste.

La bourgeoisie a mué. Elle n’est plus une classe mais un software. Un logiciel gratuit pouvant s’installer partout, pouvant s’immiscer dans chaque recoin du monde et coloniser ainsi l’esprit et la pensée des naïfs que nous sommes chaque fois que nous cliquons sur le bouton « Télécharger ». Un software leur permettant d’acquérir une puissance considérable menant à une concurrence déloyale ... Concurrence qui s'abat tel un orage qui viendrait noyer les graines de nos agriculteurs, empêchant toute émergence, tout développement de nouvelles entreprises.

Cette colonisation des esprits, cette addiction plus puissante que la nicotine et plus ravageuse que l’alcool, rend l’homme dépressif. Ces réseaux sociaux poussent à la comparaison, à un sentiment d’envie, voire de jalousie, mais surtout à un découragement face à cette vie rêvée qui leur est exhibée mais qui ne leur appartient pas. La hausse des dépressions de 6 points entre 2014 et 2020 (13,5 en mai 2020 contre 7,5 en 2014) est-elle corrélée à l’explosion de ces réseaux ? Peut-on en douter ?

« Éteignez vos machines et le monde s’allumera » Sylvain Tesson, au 13H15 de Laurent Delahousse (déc. 2022).

Nous les humains, nous les penseurs, nous les dotés d’esprits et d’émotions, nous les descendants de Voltaire, Molière et Rousseau, sommes en train de nous laisser nous transformer en automates consommateurs de pseudo plaisirs instantanés. La colonisation des réseaux nous confine dans un monde virtuel, nous déconnecte de la réalité, nous enfonce dans un monde amer.

Nous procrastinons, sans ambition pour nous-mêmes, paralysés par la fadeur de nos vies face à l'extraordinaire des « administrateurs influenceurs ». Notre monde devient binaire : travail rime avec pénibilité ; plaisir, avec cet écran qui nous connaît mieux que quiconque et qui sait quoi nous dire. Nous voilà asservis. « Nous nous croyons en vie, nous sommes endormis » Sylvain Tesson, L’insomnie, S’abandonner à vivre (NRF)

Ces dernières années, des scientifiques ont relevé l’apparition de nombreuses maladies psychogènes de masse. Ces maladies se traduisent par la « survenue de cas groupés de personnes présentant des symptômes somatiques, sans qu’une cause organique ne soit identifiée ». Dans un article de la Harvard Health Publishing, affirme : « Neurologists began seeing increasing numbers of patients, especially teenage girls, with unusual, involuntary movements and vocalizations reminiscent of Tourette syndrome. After ruling out other explanations, the tics in these teenagers seemed related to many hours spent watching Tik Tok videos of people who report having Tourette syndrome and other movement disorders ».

Notre cerveau brûle et nous continuons à regarder, amorphes, l’écran qui le consume.


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