ADSL : Autant Demander au Soleil d’aimer la Lune

par MusashiChan
mercredi 17 octobre 2007

Aujourd’hui même la vente en ligne française est menacée. Allemagne, Belgique, Italie... tout est disponible aujourd’hui moins cher en ligne... ailleurs !

Aujourd’hui il y a ceux qui achètent en ligne et ceux qui préfèrent leur bon vieux magasins. Ils ont peur du paiement en ligne : comment va être gérée leur commande ? Quelles garanties ? Ils veulent leur achat tout de suite ; le voir ; le toucher ; l’emporter. Ils veulent aussi une vraie valeur ajoutée  : des conseils, un SAV, un contact humain. Et puis, après tout, tout le monde n’a pas internet à la maison... Bref nos magasins ont un bel avenir devant eux ; cela dit...

Il y a ceux qui ont pris goût aux tarifs lights : on achète en ligne chez Carrefour par exemple bien moins cher le même produit que dans la même enseigne réelle. Le service est bien souvent bien au-delà des services "magasin" pour rassurer le client et lui faire franchir le pas : livraison ultra rapide, installation à domicile, SAV assisté, garanties étendues... Ils ont pris goût aussi au choix, à la comparaison, au confort, à la chasse aux bonnes affaires, au chaud derrière leur clavier.

Bref tout le monde y trouve son compte. Mais... tous ceux qui ont l’habitude d’acheter sur internet ont dû s’en rendre compte. Aujourd’hui on trouve les meilleures affaires hors de France, avec souvent les mêmes services et garanties (mais, en UE, pour échapper aux taxes de douane et de TVA). Voici mon expérience de deux secteurs ; inquiétants pour les commerces français...

Très marginal : l’astronomie amateur. Mais d’autant plus problématique pour les petits commerces français. On gagne 20 à 30 % en achetant sur des sites bien connus des spécialistes en Suisse, en Allemagne ou en Belgique. Beaucoup, notamment les débutants, franchissent très facilement le cap. Il suffit de se renseigner sur les forums spécialisés sur les modèles, et de commander en ligne au plus offrant, avec un service de qualité. Même les sites de vente en ligne français ne peuvent s’aligner : volumes trop faibles, charges (de salaires, patronales ou locales) trop importantes, coûts de fonctionnement des magasins réels répercutés sur les tarifs en ligne... Les meilleures promotions en ligne françaises restent bien souvent au-dessus des prix affichés en Allemagne. Même les semi-pros de cette discipline passent le plus souvent directement par le fabricant ou par un distributeur étranger pour obtenir 5 ou 10 % qui peuvent peser très lourd sur du matériel de pointe !

Autres secteur très porteur celui-ci : la musique. Aujourd’hui acheter une guitare neuve en magasin français c’est selon les marques payer entre 15 et 40 % de plus. Les mégastores allemands font des ravages. Volumes d’achats gigantesques (et donc prix d’achat imbattables), système de VPC optimisé dans les moindres détails, intégration de tous les maillons de la chaîne pour une réduction drastique des coûts...e t le tout avec un service souvent impeccable, des correspondants parlant le français, etc. Pire (ou mieux), les instruments de musique sont souvent vérifiés, stockés peu de temps et envoyés, donc normalement en meilleur état que les instruments exposés parfois longtemps en magasin et essayés par de nombreuses mains...


Les magasins en ligne français font les plus gros efforts pour s’aligner à 5-10 % au-dessus des prix allemands ; les petites boutiques ont souvent renoncé au risque de ne plus marger du tout et tentent de mettre en avant le service et la proximité. Trop souvent l’accueil et ce service qui pourraient les sauver fait cruellement défaut...

Une guitare de marque achetée en Allemagne sur un site de référence.

La même guitare sur un site français qui fait aussi référence.

Aujourd’hui, un guitariste qui souhaite s’offrir une guitare haut de gamme hésite à peine et les débats sur le sujet au sein des forums spécialisés sont de moins en moins actifs. Tout le monde semble résigné. Pourquoi payer 350 € de plus ?

De plus en plus de secteurs (pour ne pas dire potentiellement tous) sont touchés. L’automobile encore en Allemagne ou aux Pays-Bas, les vêtements en Italie ou en Espagne (attention aux contrefaçons !), les livres via des sites basés en Angleterre qui revendent des stocks français ! Qui ne connaît pas pour sa passion LE bon plan internet en dehors de France ?

Pourquoi les magasins français, principalement les petits commerces spécialisés, ne font pas la différence ? Nous le savons et en discutons depuis longtemps. L’acheteur doit y trouver une vraie valeur ajoutée à tous les niveaux. Une fidélité récompensée par de vrais efforts sur les prix, un conseil professionnel (honnête, argumenté, motivé par le soin d’apporter une réponse à un besoin et non pas par le besoin de vendre tel ou tel article), un vrai service après-vente, un accueil (et même lorsque l’on ne souhaite "que" regarder...).

Pourquoi les magasins en ligne français, même les plus gros, n’arrivent plus à suivre le train ? Trop souvent ils traînent la charge d’un magasin ou d’un réseau physique qui les obligent malgré des montages financiers adaptés à respecter des marges plancher, voire à éponger les difficultés de leurs pendants réels. Trop souvent les marques, elles-mêmes, imposent des prix en France supérieurs à nos voisins européens, c’est le cas dans le secteur musical où les Français n’ont tout simplement pas le droit (vente à perte) et la possibilité de s’aligner sur les prix allemands. Je ne rentrerais pas dans les détails de la fiscalité des entreprises et des charges de chaque pays, mais évidement, trop souvent nos concurrents n’ont pas les même armes budgétaires pour prendre un à un tous les marchés du net.

La concurrence d’internet sur les magasins physiques commençait déjà à peser lourd, si bien que la plupart des réseaux et des secteurs avaient pris les devants (ou le dernier wagon) pour offrir une alternative en ligne aux adaptes de la souris. Mais, aujourd’hui, comment récupérer un volume aussi important qui part non seulement sur le virtuel, mais en dehors de France ? Redonner du pouvoir d’achat aux Français pour relancer l’économie... mais de quel pays ?


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