Au-delà de cette limite, votre Web 2.0 n’est plus valable
par Aerobar Films
mardi 8 juillet 2008
Cet article que vous allez lire restera-t-il éternellement en ligne ? La technologie semble le garantir, mais l’économie mondiale le permettra-t-elle ?
Internet est sans doute le média qui colporte le plus de prophéties plus ou moins robustes sur la fin prochaine du monde tel que nous le vivons.
Des milliers d’internautes se retrouvent sur des sites communautaires pour échanger leurs peurs et leurs remèdes face à la fin du pétrole, le réchauffement climatique, les catastrophes industrielles, le soulèvement des banlieues et autres frayeurs millénaristes.
Le Web 2.0 n’est ni plus ni moins que de la deuxième bulle de l’internet. Dans un contexte de récession dure, initiée par la crise des subprimes, comme celui vers lequel nous semblons nous diriger - l’ancien boss de la Fed, Alan "Bubbles" Greenspan, n’hésite pas à parler de "la plus grave crise financière depuis la Seconde Guerre mondiale" - où la consommation devrait chuter et la pauvreté se développer, on voit mal comment des services gratuits et futiles comme ceux qu’offrent Facebook, YouTube ou AgoraVox pourraient survivre. Lors d’une dépression économique, les budgets publicitaires s’effondrent et les investisseurs se réfugient sur les placements sûrs... et concrets.
Le Réseau lui-même risque fort de régresser. Internet repose sur une infrastructure de serveurs, entretenus et remplacés aujourd’hui grâce à la bonne santé de l’économie mondiale. Qu’elle soit frappée de plein fouet et l’argent viendra à manquer là comme ailleurs : les serveurs tomberont définitivement en panne, et le réseau deviendra de plus en plus lent. Il n’est heureusement pas près de s’effondrer, de par ses principes de conception : internet était à l’origine un réseau militaire supposé capable de fonctionner même après une guerre nucléaire totale ! Ainsi, même si les sites de vidéo en ligne résistent, ils verront leur audience disparaître, les débits du réseau n’étant plus suffisants pour permettre à un million d’internautes de regarder simultanément Britney Spears en stream.
Science-fiction apocalyptique ? Tout est dans la vitesse à laquelle cette régression se produira. Si un citoyen de l’Empire britannique victorien voyait, cent cinquante ans plus tard, ce qu’est devenu le réseau ferroviaire anglais, il en serait plus que choqué. Le "réseau des réseaux", plus fragile, peut tomber en ruine dix à cent fois plus vite, mais il ne disparaîtra pas. On pourra sans aucun doute s’envoyer des e-mails jusqu’à la fin des temps historiques.
Nous traversons sans doute l’Age d’Or d’internet, de la même façon que nos aînés qui vécurent la fantastique aventure des Trente Glorieuses - une expression inventée par un économiste en 1979, soit quelques années après le premier choc pétrolier - ne s’imaginaient pas que cette période historique de croissance et de progrès pouvait avoir une fin.
Le plus savoureux avec la présente prophétie, c’est qu’elle disparaîtra (avec AgoraVox) de la face du monde le jour même où elle se réalisera...