Comment Apple a inventé le PC d’aujourd’hui
par David Fayon
lundi 3 septembre 2007
Alors que la prochaine édition du salon Apple expo se tiendra du 25 au 29 septembre prochain et qu’Apple vient de présenter récemment une gamme légèrement relookée, on peut raisonnablement penser qu’Apple a inventé le PC d’aujourd’hui.
Apple fut créé en 1976 par Steve Jobs et Steve Wozniak. Son modèle phare, l’Apple ][, arriva en 1978 et fut décliné jusqu’en 1988. Le PC né en 1981, classique et austère, bénéficiait de la puissance commerciale du géant IBM. L’arrivée du Macintosh en 1984 apporta des concepts empruntés au Lisa de 1983 : interface homme-machine novatrice issue des travaux de Xerox avec fenêtres et souris, programmation orientée-objet, applications nouvelles telle Hypercard (gestion de cartes de visite via hypertexte). Alors que les PC s’appuyaient sur un système d’exploitation simple, rapide et robuste (MS-DOS), conçu par un Microsoft naissant, Apple jouait la carte de l’originalité et la facilité d’utilisation. Les faiblesses initiales du Mac (écran intégré minuscule) furent vite corrigées par l’extension de la gamme Apple. Tandis que le Mac, plus avancé technologiquement, était plus fermé, les informaticiens préféraient bidouiller leur PC ou trafiquer leur carte-mère. Le Mac passait pour aseptisé.
Derrière le duel Apple-IBM, le combat des microprocesseurs sévissait : les Motorola des Apple (680x0 et PowerPC) face aux Intel (80x86, Pentium) des PC. Les Motorola, avancés et rapides, permettaient une émulation des PC sur Mac.
IBM, spécialiste des gros systèmes qui investissaient la micro-informatique naissante au début des années 1980, misait sur sa force de frappe commerciale. Pour sa part Apple innovait et jouait le rôle de pionnier avec son système d’exploitation. Progressivement les PC reprenaient peu à peu les concepts du Mac. Ainsi le système d’exploitation Windows 3 en 1990 s’inspirait de Mac OS. Les utilisateurs de PC pouvaient cependant conserver leurs habitudes et basculer de Windows à MS-DOS et utiliser le système d’exploitation correspondant à leurs applications et à leurs besoins.
Les clones de l’IBM PC et l’apparition du modèle de vente par correspondance de Dell favorisèrent le développement du PC. Pour sa part Apple, après une expérience limitée des clones jusqu’en 1998, privilégiait l’innovation sur la diffusion massive. La part de marché d’Apple n’a jamais excédé 10 % pour s’établir à 2,5 % aujourd’hui dans un marché lui-même en progression. La commercialisation de la LaserWriter, 1ère imprimante laser accessible PostScript pour le Mac, et de PageMaker, un des premiers programmes de PAO, permirent au Mac de toucher le marché de l’édition. Apple, souhaitant conserver son positionnement et ne pas rogner ses marges, poursuivait la politique créative.
L’innovation se poursuivit avec le Power Macintosh en 1994, équipé du PowerPC, micro-processeur RISC alors que les PC misaient sur le processeur CISC Pentium, lequel connut des déboires à ses débuts avec des opérations arithmétiques délivrant des résultats erronés. La course-poursuite continua avec la commercialisation de Windows 95 qui s’inspira de l’interface graphique des Mac. Néanmoins la gestion de la mémoire restait meilleure sur Mac.
En 1998 l’iMac permit de relancer Apple. Innovant (absence de lecteur de disquettes et de ventilateur - d’où un micro plus silencieux), il offrait un design original avec une coque colorée et des ports USB. Le look devenait ainsi un facteur différenciant à l’image de la Twingo née 5 ans plus tôt. En 1999, le portable iBook suivit.
Signalons qu’en 1996, Apple racheta NeXT au bord de la faillite et reprit les travaux effectués pour élaborer Mac OS X. Mac OS X en 2001, conçu sur une base POSIX (Unix), est plus stable et permet de bénéficier d’une logithèque libre grâce à Linux et ses interfaces graphiques. Les programmes développés pour les versions antérieures fonctionnent généralement (lorsque la compatibilité ascendante est vérifiée) grâce à une émulation via un programme baptisé Classic.
En 2005, le cofondateur Steve Jobs revenu « à la maison » annonce une convergence PC/Mac pour les nouveaux Mac avec le processeur Core 2 Duo d’Intel, ce qui constitua une surprise pour certains fans d’Apple qui estiment finalement qu’Apple a vendu son âme au diable. L’ennemi de naguère, Intel, devient le partenaire. La nouvelle gamme, compacte, se caractérise par son écran plat qui intègre les composants de l’ordinateur. Avec Vista, Windows reprend à son compte des concepts développés par Mac OS X.4 et X.5.
Pour Apple, l’innovation s’effectue désormais ailleurs. iTunes Music Store en 2003 a montré la voie de la diversification, suivi par l’iPod qui touche un plus large public et l’iPhone présenté en 2006 pour révolutionner la téléphonie. L’ère du matériel puis celle du logiciel ont vécu et avec l’avènement du Web 2.0, l’innovation et la valeur ajoutée sont ailleurs. Désormais la part des ordinateurs dans le chiffre d’affaires global d’Apple est dépassée par les logiciels, les accessoires et les services.
Si le PC est arrivé à cet état de développement aujourd’hui, c’est véritablement grâce au Mac. Les temps changent. Le Mac ne présente plus de différence tarifaire notable à l’achat comparé aux PC de marque. Des constantes demeurent : le Mac reste très « plug and play », la mise à jour des logiciels est facile, les applications et les virus sont moins nombreux, les logiciels multimédia sont fournis en standard.
Le Mac garde une petite avance en matière de souplesse d’utilisation, de formatage et de partitionnement de son disque dur. Il reste intéressant d’installer Windows XP sur Mac et de disposer ainsi d’un double boot pour basculer d’un OS à l’autre.