Eclipse, crash-test pour l’énergie solaire
par Enjeux Electriques
jeudi 19 mars 2015
Vendredi matin 20 mars, l’Europe de l’Ouest sera plongée dans la pénombre par une éclipse partielle du soleil. Ce phénomène va être un test sans précédent pour le pilotage des panneaux photovoltaïques européens. Alors, risque de blackout ou pas ?
Lors de la dernière grande éclipse de 1999, la part d’électricité solaire était anecdotique. Mais depuis 15 ans, la capacité de production a été multipliée par 100 pour atteindre 90 GW (à peu près l’équivalent de 90 réacteurs nucléaires). De fait, l’Allemagne (40 GW) et l’Italie (20 GW) sont particulièrement concernées par cet événement, tandis que la France, avec 5 GW, est moins exposée.
La situation en Allemagne et en Italie sera toutefois suivie avec attention par RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique français. L’Europe est en effet devenue une unique « plaque de cuivre » interconnectée, où les incidents électriques peuvent se propager d’un pays à l’autre. C’est ce qui s’est produit en 2006, lorsqu’une mauvaise gestion en Allemagne a plongé 5 millions de Français dans le noir pendant une trentaine de minutes.
Brusques variations de l’énergie solaire
En temps normal, lorsque le ciel se couvre, l’interruption de la production photovoltaïque est localisée et n’a qu’un impact très limité. De même au lever et au coucher du soleil, le phénomène est progressif, permettant une bascule contrôlée vers les centrales thermiques ou les barrages hydroélectriques. Vendredi, l’éclipse va provoquer un arrêt 2 à 3 fois plus rapide qu’à l’ordinaire (puis un redémarrage encore plus rapide) et sur de vastes zones de la production d’énergie solaire.
En fait, le risque ne sera pas de manquer d’électricité, mais de ne pas réussir à jongler assez vite entre les différentes sources d’énergie. Si l’équilibre entre production et consommation d’électricité est rompu, un écroulement de fréquence se produira, déclenchant l’arrêt automatique de nombreuses centrales. Le début et la fin de l’éclipse seront donc des moments particulièrement délicats à gérer.
Vendredi matin, le ciel devrait être partiellement couvert en Allemagne et en Italie ; tant pis pour ceux qui voudraient observer le soleil à ce moment-là. Par contre, pour les gestionnaires, c’est une bonne nouvelle. La production des panneaux photovoltaïques devrait être faible, donc plus facile à gérer.
L’Europe se prépare depuis plusieurs mois à cette éclipse, le risque d’un blackout est donc très limité. Les Européens pourront donc s’éclairer sans problème pendant cet inhabituel moment d’obscurité. Cette éclipse met toutefois en évidence la fragilisation du réseau par les énergies renouvelables.