Êtes-vous maître de votre identité sur le Net ?

par Charles Nouÿrit
vendredi 4 mai 2007

Tous les jours sur Internet, on publie des textes, de la vidéo, on commente des informations, on en donne : chacun participe à cette grande foire aux idées et aux personnes qu’on appelle le Web 2.0. Seulement... Êtes-vous bien toujours l’auteur des informations qui circulent, estampillées sous votre propre nom ?

Allen Herrel a fait une bien désagréable expérience le mois passé. Titulaire du blog The Head Lemur et auteur sur un blog collaboratif MeanKids.org, cet Américain, patron d’une société de création de sites Web et d’ordinateurs, s’est retrouvé, malgré lui, l’auteur de menaces de mort proférées à l’encontre de Kathy Sierra, une autre blogueuse influente. Celle-ci a été la cible d’un détraqué qui a préféré emprunter l’identité d’Allen pour la harceler plus commodément. À ce jour, l’agresseur n’a pas été démasqué et Allen n’est pas sorti d’affaire non plus. Son identité a été usurpée, sa réputation sur le Net compromise : son ordinateur a été hacké, les identifiants de ses blogs et de ses comptes e-mails ont été détournés. On ne sait plus désormais si derrière la signature Allen Herrel, il y a bien Allen Herrel. Ne pouvant plus prouver qu’il en était l’auteur, il a été contraint de fermer son blog, entraînant dans la foulée la fermeture du blog collaboratif. Ça ne s’est pas arrêté là : il a dû cesser de participer aux débats de la blogosphère. Il n’existe donc plus sur Internet.


Le cas d’Allen pose concrètement une nouvelle question, celle de l’identité numérique et de sa certification. Savez-vous que chaque fois que vous publiez des contenus sur Internet, ils sont systématiquement archivés ? Savez-vous que n’importe qui peut y avoir accès ? Savez-vous que lorsque quelqu’un cherche à savoir qui vous êtes, il va "Googler" votre nom ? Cette pratique est devenue courante : pour en savoir plus sur une personne qu’on vient de rencontrer, ou avec qui on va entrer en contact, il est de plus en plus fréquent de saisir son nom dans un moteur de recherche. Selon une étude d’ExecutNet parue en Octobre 2006 dans le magazine américain Public Relations Tactics, 77% des 100 principaux chasseurs de têtes interrogés confirment utiliser les moteurs de recherche pour trouver des informations sur les candidats. Et 35% d’entre eux ont éliminé un impétrant justement à cause d’informations trouvées sur le Net.

Les enjeux de l’information sur les personnes dépassent largement le cadre des embauches potentielles. Si Google devient une source d’informations considérées comme valables et globalement fiables sur chacun d’entre nous, que penser d’informations tronquées, controuvées, publiées à l’insu de l’intéressé, et ce faisant, figées de façon pérenne dans la grande toile du Web ? Qui peut prouver que telle ou telle information est juste ou fausse, si on ne peut prouver jusqu’à votre identité ? Le problème ne réside plus seulement dans ce qui est publié mais dans l’identité de celui qui publie, que ce soit moi... ou un autre sous mon propre nom.

Aujourd’hui, nul n’est à l’abri de connaître la mésaventure d’Allen Herel, car il n’existe pas encore de moyens de contrôler son identité et de la certifier. C’est pourtant l’un des enjeux majeurs de demain sur Internet.

C’est ce que The Todeka Project essaie de mettre en place prochainement.


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