Facebook : le Big Brother 2.0 ?

par inf0graph
mardi 1er décembre 2009

Complice des R.G., « Big Brother 2.0 », qu’est ce qui a bien pu valoir au réseau social Facebook de se faire affubler de sobriquets pas toujours franchement flatteurs ?

Créé en 2004 par Mark Zuckerberg, étudiant à Harvard, le réseau était à l’origine destiné aux seuls étudiants de cette université avant de s’ouvrir au reste du monde en septembre 2006 et de connaître le succès que l’on sait, avec plus de 300 millions d’inscrits. Facebook est aussi le 2ème site le plus visité au monde, derrière le géant et indétrônable Google.

Depuis quelque temps déjà, l’unanimité autour du site internet ne semble plus se faire, et du plutôt gentil « fesse bouc » on est passé à des surnoms plus acides. La raison principale est que Facebook est devenu un moyen d’espionner les gens ou, à tout le moins, ses utilisateurs. Bien entendu, Facebook n’est pas le seul réseau social dans ce cas, mais étant le plus connu c’est contre lui que se concentrent les critiques.

Les premières dérives à avoir suscité des levées de boucliers ont été les applications lancées par Facebook lui-même, avant que ce-dernier ne décide de faire machine arrière lorsque l’expérience présentait plus d’inconvénients que d’avantages, et notamment celui de nuire à l’image de marque du site. C’était le cas pour l’application Beacon, qui permettait aux amis d’un utilisateur de voir les achats en ligne de ce-dernier, ou encore la modification des conditions d’utilisation qui prévoyaient que les contenus publiés par les utilisateurs du site fassent l’objet d’une licence perpétuelle et irrévocable.

Mais c’est bien le côté « Big Brother » de Facebook qui lui attire désormais de nombreux reproches. Avant de poursuivre, je tiens à affirmer que je ne suis pas de ceux qui voient l’Internet comme un monde sans foi ni loi, ou encore un Far-West virtuel. Certes les règles que l’on se doit d’appliquer au Web doivent prendre en compte le particularisme de cet univers et son indéniable identité différente du monde « réel », mais toujours est-il qu’il faut un minimum de régulation pour ne pas tomber dans l’anarchie. Car celle-ci présente sans doute autant d’inconvénients que le flicage à outrance.

Dernièrement, c’est l’utilisation des informations publiées sur Facebook qui pose problème. Les Etats, ou du moins les administrations, s’en servent contre leurs administrés. Et elles ne sont pas les seules dans ce cas. Les agences de recrutement ne sont pas en reste. Presque la moitié des recruteurs américains ne s’en cachent d’ailleurs pas : ils utilisent Facebook pour dénicher des compléments d’informations sur les candidats dont ils reçoivent le profil.

Quelques illustrations sont dernièrement venues conforter ceux qui voient dans Facebook une extension, certes plus sympathique, du fichier EDVIGE.

En Norvège par exemple, une jeune femme qui disait élever ses deux enfants seule se présentait en concubinage sur un réseau social. Elle a ainsi été condamné à six mois de prison ferme après qu’une enquête eut confirmé qu’elle n’était pas célibataire.

En Belgique, deux étudiants se vantant de triche sur leur profil Facebook ont été épinglés par le conseil en charge des fraudes aux examens.

Au Canada, une femme en dépression a vu ses mensualités supprimées au prétexte qu’elle apparaissait heureuse sur les photos de son profil Facebook.

En France, les autorités déclarent ne pas tomber dans de telles dérives. Un peu comme le nuage radioactif de Tchernobyl qui s’était miraculeusement arrêté à nos frontières ? Sans doute. Car on voit mal comment nos administrations, fiscales notamment, résisteraient à la tentation de faire la preuve par Facebook à l’heure où celle-ci prospère à l’étranger. Nier semble donc relever de la plus grande hypocrisie qui soit.

Sur le plan juridique, la jurisprudence n’a pas encore eu le temps de faire son œuvre créatrice de droit, mais il semble que les informations issues du Web relèvent plus du simple indice que d’un élément de preuve à part entière. Jusqu’au jour où sans doute. Car on voit mal comment certains sites pourraient apporter des preuves juridiquement acceptables (je pense aux sites de Peer-to-peer et au dispositif de la loi HADOPI) tandis que d’autres ne seraient constitutifs que de simples indices…

Pour finir, je conclurais sur une note guère réjouissante : pour ceux qui pensent que Facebook protège leur vie privée et la confidentialité de leurs informations, ils se mettent le doigt dans l’œil ! Car pirater le site Facebook pour intercepter les données des utilisateurs se révèle être d’une simplicité biblique pour n’importe quel informaticien se penchant sur la question…
 
Source : blog webazia
 

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