Facebook s’offre whatsapp

par Philippe Viroulet
lundi 24 février 2014

Whatsapp racheté par Facebook, pourquoi est-ce une bonne affaire ? Et pour qui ?

Pour 19 Milliards de dollars, Facebook s’est offert la startup Whatsapp, spécialisée dans la messagerie instantanée.

Or, Facebook dispose déjà d’un tchat sur sa plateforme et à tous les moyens de développer de nouvelles applications sans débourser une telle somme, alors pourquoi cet investissement colossale ?

Facebook est implanté mondialement et anticipe pour freiner son déclin inexorable. Le concept est déjà en nette baisse aux états unis et sa pérennité ne repose que sur ses recettes publicitaires puisque Facebook est gratuit pour l’utilisateur et la multinationale assure qu’ « il le restera toujours ».

Avec un bénéfice net d’un peu moins de 4 milliards de dollars et une recette par click en baisse en 2013, Facebook doit renforcer son contenu pour conserver son audience et permettre un retour sur investissement à ses annonceurs, clés du réinvestissement de ceux-ci.

Pour l’essentiel, Facebook n’est rémunéré que si l’utilisateur clique sur le lien de l’annonceur et il n’est pas envisageable d’afficher les mêmes publicités et encore moins toutes les publicités à tous les utilisateurs.

Le site doit donc posséder le plus d’informations possible sur ses utilisateurs et la plateforme de dialogue Whatsapp, très appréciée des jeunes consommateurs, recèle d’un nombre incalculable de mots clés ainsi que de données téléphonique et de localisation qui sont infiniment précieuses pour Facebook.

Pour ainsi mieux coordonner l’affichage des annonces et le potentiel d’achat de l’utilisateur, Facebook qui étudie déjà très en détail toutes les actions de ses membres pourra renforcer ses bases de données et rentrer plus en détail encore dans l’intimité des utilisateurs.

Il est incontestable que la réussite des services et leur développement est essentiellement basé sur le contenu du site.

En France, le bon coin, leader des petites annonces de particuliers, n’aurait jamais pu trouver son audience sans un copieux contenu provenant à l’origine de la presse qui a versé abondamment des annonces grâce aux titres gratuits du groupe à l’origine du bon coin.

Le contenu de Facebook est participatif mais lui coute plus qu’il ne lui rapporte. L’infrastructure informatique que nécessite un site de cette taille est une charge financière gigantesque et ne peux être rentabilisé que par un trafic publicitaire très soutenu, lui-même assit sur un volume d’utilisateurs toujours plus importants.

Or, Facebook perd aujourd’hui des utilisateurs chaque jour, cet investissement sonne donc comme une tentative d’endiguer, en se diversifiant, cette chute. C’est un pari osé, voir même extrêmement risqué.

Le montant investi, pour acheter une entreprise de seulement 250 salariés, traduit d’une part l’importance capitale, pour ne pas dire vitale, d’enrichissement des fichiers de Facebook mais également la disproportion du montant concédé à une entreprise qui ne pourrait aujourd’hui être revendue et ne pourra certainement jamais l’être compte tenu de la faible durée de vie, en bonnes conditions de fiabilité, des données personnelles.

Facebook n’a donc pas d’autre choix que de payer cher ces données mais la bonne affaire est sans contestation possible pour les dirigeants de Whatsapp qui n’aurait pu espérer pareil valorisation. Il faut noter que 2 milliards de dollars ont été réservés et seront partagés aux salariés qui font, eux aussi, une très bonne opération !

 

Philippe VIROULET

 


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