Free et le libéralisme

par jlhuss
mercredi 11 janvier 2012

Une fois de plus le buzz a parlé. Pas besoin de larges placards publicitaires précédant un lancement, vous laissez planer le doute pendant des mois, vous entretenez une apparente difficulté à réaliser une promesse et vous organisez le show dévoilant la promesse tenue et au-delà ...

Vous êtes en plein dans le super buzz et tous les médias sont à vos pieds ou presque. Certes il en demeure qui doutent et commencent immédiatement à répandre le fiel de la supercherie ou coupent les cheveux en quatre, mais globalement l'effet est tonitruant. C'est bien à ce remue-ménage qu'est parvenu Xavier Niel, le patron de free en dévoilant hier au cours d'un meeting à la Steve Jobs les conditions de son arrivée sur le marché de la téléphonie mobile. Rarement l'arrivée d'un nouvel acteur sur le marché aura bénéficié d'un tel retentissement médiatique.

Nombreux sont ceux qui avaient suivi la saga de l'obtention de licence, celle du 4ème opérateur, puis le secret bien gardé et la longue attente ont fait le reste pour arriver au résultat d'hier. L'acquisition de la licence ne fut pas rien, certains prétendent, sans doute à juste titre, que le patron de free bien placé auprès de Nicolas Sarkozy, n'a pas ménagé ses relations privilégiées ? C'est aussi aller rapidement en besogne quand on écoute les mêmes nous chanter l'idylle présidentielle avec Bouygues. Ce dernier ne voit pas obligatoirement d'un bon œil l'arrivée d'une concurrence gênante. Au bout du compte, l'offre de free est assez révolutionnaire, en particulier son mini-forfait à 2 euros pour les plus modestes. Quand on connaît l'importance exagérée de cette nouvelle forme de vie sociale représentée par le mobile, les SMS, MMS et autres gadgets, en particulier chez les plus jeunes, on est obligé de reconnaître que Xavier Niel vient de faire en quelques minutes beaucoup plus pour le pouvoir d'achat que bon nombre de Cassandre. C'est en tous les cas "démocratiser l'usage du GSM et lutter contre la fracture numérique" tant évoquée. "Pourquoi direz-vous un tel intérêt autour de Free Mobile ? La réponse est peut-être à chercher du côté de ces foyers qui en viennent à réduire le budget alimentation ou vêtement pour maintenir les dépenses en téléphone portable." C'est ainsi ! La stimulation de la compétition dans le téléphone mobile n'est pas un luxe, en France. Les trois autres s'épargnaient, pratiquant le plus souvent une concurrence limitée souvent difficile à distinguer réellement . Au travers de forfaits "multiples et variés" souvent relativement incompréhensibles, les 3 premiers mastodontes dégageaient des marges importantes : une pseudo concurrence pas toujours en rapport avec le "qualité-prix" satisfaisant pour les clients. Nous mesurerons dans les mois qui viennent la réalité des bénéfices jusque-là engrangés par les "classiques" à l'aune des ajustements à la baisse qu'ils ne vont pas manquer de proposer. Xavier Niel est tout sauf un pauvre, c'est la 3ème fortune de France. Il est originaire d'une famille modeste et il a eu le génie de deviner les évolutions de la demande de ces "modestes" en ajustant son offre à cette demande, en violant parfois la "loi du milieu". Il est urgent d'attendre encore un peu avant de crier victoire, mais c'est aussi une manière de démontrer que le libéralisme n'a pas que du mauvais. C'est tellement rare de pouvoir le faire qu'il ne faut pas s'en priver quand il y a matière.

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