Google à l’assaut de l’e-commerce, eBay menacé
par youri
jeudi 18 janvier 2007
Décidément, rien n’arrête les ardeurs de Google ! Après s’être lancé dans le monde de la presse, de la radio, de la vidéo et des solutions d’entreprises, Google part à l’assaut de l’e-commerce. La première victime sera probablement eBay, principal site de vente aux enchères. Mais il se pourrait bien que Yahoo ! soit l’autre cible de cette conquête.
Mainmise sur la publicité d’eBay
En mai 2006, Yahoo ! signait un accord avec eBay. Cet accord prévoyait pour les Etats-Unis :
- l’intégration des liens sponsorisés de Yahoo ! sur le site eBay
- l’adoption de Paypal (système de paiement appartenant à eBay depuis 2002) par Yahoo ! pour ses services premium
- un partenariat sur le click to call (voir ci-dessous) entre Skype et Yahoo ! Messenger
Fin août 2006, Google signe un accord équivalent, mais cette fois pour les vingt pays où est implanté eBay (hors Etats-Unis où eBay reste lié à Yahoo !).
Google a donc réussi à prendre Yahoo ! à revers dans un des seuls domaines où Yahoo ! avait l’avantage.
Par la même occasion, cet accord permet à Google d’avoir la mainmise sur la publicité du site à enchères, et donc d’accroître la dépendance d’eBay à son égard.
Click to call : un enjeu décisif
Le business model de la publicité en ligne est en train de connaître une révolution. L’enjeu : pouvoir permettre aux annonceurs de contacter directement les clients ou d’être contactés par ces derniers.
Aux liens sponsorisés classiques s’ajoutera une icone permettant à l’utilisateur de rentrer directement en contact avec l’annonceur. C’est pourquoi la maîtrise de la voix sur IP va devenir un facteur clé de succès.
Or l’accord entre Google et eBay prévoit la compatibilité des applications Skype et GoogleTalk afin de permettre la mise en place du système click to call.
Google pourrait donc bénéficier de la notoriété de Skype et inciter l’utilisateur à choisir sa propre application : GoogleTalk.
Google Checkout : la mort de Paypal ?
Le principe : l’utilisateur rentre ses coordonnées une fois pour toutes et peut ensuite effectuer ses achats en rentrant simplement un login et un mot de passe. Bref, une manière simple et sûre (selon Google) d’effectuer ses achats en ligne.
Et comme si cela ne suffisait pas, Google a récemment annoncé qu’il ne percevrait aucune commission sur les transactions (Paypal prend entre 1,9% et 2,9% du montant de la transaction).
Conditions de gratuité : utiliser le système AdWords ! Eh oui, Google compte bien s’appuyer sur sa régie publicitaire pour convaincre les annonceurs de choisir Google Checkout comme système de paiement.
Pour le moment, eBay interdit à ses membres d’utiliser Google Checkout, mais cette barrière ne pourra pas tenir bien longtemps face à la pression des annonceurs.
Google : une véritable plate-forme d’e-commerce
Google est aujourd’hui présent sur toute la filière de l’e-commerce grâce à :
- Google Base : service permettant la rédaction gratuite d’annonces, consultables grâce au moteur de recherche.
- Froogle : comparateur de prix où les annonces postées sur Google Base sont indexées.
- Google Checkout : système de paiement en ligne.
- Google Talk : permet à Google d’adopter le système du click to call.
- Google Local : permet de pouvoir localiser un annonceur.
Le marché de l’e-commerce représente environ 100 milliards de dollars pour la seule zone européenne, marché que ne peut ignorer Google !
Le récent accord avec eBay pourrait donc avoir trois grands objectifs :
- accroître la dépendance d’eBay (rachat éventuel ?)
- bénéficier de la notoriété de Skype pour accroître celle de Google Talk
- isoler Yahoo ! dans son ambition de devenir un acteur majeur de l’e-commerce
Un peu de prospective
Google pourrait donc progressivement s’imposer comme la plate-forme
d’e-commerce incontournable permettant de poser des annonces, de faire de
la publicité, d’entrer en contact avec annonceurs ou utilisateurs,
de comparer les prix, de gérer les transactions...
Si tel est le cas, je vous laisse imaginer la foule d’informations
personnelles collectées par Google, autant dire que nous n’aurons plus
beaucoup de secrets...
Youri Regnier
Googlinside