Hadopi, pourquoi tant de haine ?
par Baltimore
vendredi 18 septembre 2009
Du rififi au pays du geek...
La loi Hadopi risque fort d’entrer en vigueur dans le courant du mois de septembre, voire du mois d’octobre. Et en dehors des principaux intéressés, c’est à dire majoritairement les intervenants du milieu artistique, il semble bien que cette loi est loin de faire l’unanimité. Je dirais même plus, la majorité des utilisateurs du net, sont contre. Pourtant, le principe est d’une logique implacable, protéger les droits d’auteurs.
Je ne suis pas réactionnaire, je ne suis pas non plus conservateur, je ne suis pas non plus un capitaliste exacerbé, et même si je dois avouer que cette loi, comme beaucoup de monde, ne m’arrange pas (pour des raisons personnelles...enfin vous voyez bien ce que je veux dire...), je ne comprends pas qu’on puisse y trouver quelque chose de révoltant ou de tyrannique. Le schéma est pourtant simple. Quelqu’un décide de créer une œuvre cinématographique, musicale, ou encore de développer un programme informatique. Comme une majorité de personnes, ces gens travaillent pour être rémunérés. Si il n’y avait pas de contrepartie financière, il y a bien longtemps que l’activité culturelle ou informatique aurait enterré ses dernières productions. Quoi qu’en disent certains, ces productions "intellectuels" qui n’ont pas d’existence physique, en dehors de leur support de diffusion restent des produits de consommation. Hors, un produit de consommation a un prix. Ce prix se justifie par la mobilisation d’une main d’œuvre de création et de production. Personne ne travaille gratuitement. Pourquoi alors, ces musiques, ces films, ces logiciels devraient être diffusés gratuitement sur la toile ?
Pensons à tout ces gens qui interviennent dans la chaîne de production. Pensons un instant au statut majoritairement précaire des intermittents du spectacle. Bien entendu, je sais que les bénéfices engrangés par les maisons d’éditions ne sont pas redistribués équitablement. Bien entendu, je sais que certains artistes n’ont plus nécessairement besoin de toucher leur cachet, tant leur compte en banque déborde. Mais pouvons-nous faire des exceptions ? Si tel était le cas, nous devrions rapidement faire face à des situations inégalitaires dans le versement des droits à la propriété intellectuelle. Lorsque nous achetons une paire de basket, nous ne pensons pas à la voler sous prétexte qu’elles ont été fabriqué par des enfants sous-payés dans des pays pauvres, n’est-ce pas ? Pourquoi en serait-il autrement pour les films par exemple ? Nous ne pouvons pas nous emparer de quelque chose sans contrepartie sous prétexte que nous sommes en désaccord avec la politique de production. ( Et qui je pense, n’est pas tant une question idéologique, qu’une façon plus ou moins heureuse de justifier son larcin.) A qui allons nous faire croire que c’est par solidarité que nous agissons de la sorte... ? Et cela ne risque-t-il pas de rendre le statut du pauvre intermittent encore plus précaire ?
Y a-t-il une autre solution ? La seule solution envisageable serait de faire payer une taxe sur la connexion internet, ajoutée au prix de l’abonnement mensuel. Cette taxe serait reversée aux artistes. Mais comment pourrait-on rémunérer ces artistes proportionnellement à la consommation de leurs produit sur la toile, c’est extrêmement complexe. A moins de centraliser leurs œuvres sur des sites légaux dédiés au téléchargement gratuit, et qui serait en mesure de calculer mensuellement le nombre de téléchargement pour un artiste donné et de le rémunérer en conséquence. N’est-il pas dans ce cas plus simple de demander à l’internaute de payer à chaque fois qu’il souhaite télécharger quelque chose qui ne soit pas dans le domaine public...En gros le système que nous connaissons aujourd’hui.
En conclusion, je dirais que Mozart, ou encore Molière, n’ont heureusement pour nous pas travaillé gratuitement, sinon notre capital culturel aujourd’hui serait bien moins riche qu’il n’est. Alors ne boudons pas trop cette nouvelle loi, et au contraire soutenons l’activité culturelle en respectant nos devoirs de rétributeur, car quelque part nous sommes en tant que spectateurs, les premiers employeurs de l’art. Pour le reste, à savoir le prix exorbitant de la place de cinéma notamment, ou encore la peine qu’ont les artistes en devenir à s’imposer sur le devant de la scène, espérons que l’état ou l’industrie culturelle sauront réagir comme il convient en contrepartie. Car même si le téléchargement sauvage est condamnable, proposer une place de cinéma aux alentours de dix euros est également une forme de vol caractérisé. Espérons donc qu’après le vote de cette nouvelle loi, nous consommateurs, puissions trouver également notre compte à respecter "l’étiquette". Après tout, nous sommes entre gentlemen...