Il n’y aura peut-être plus de poisson sauvage dans les mers en 2050.
par eldecog
lundi 6 novembre 2006
Une étude scientifique publiée dans le magasine « Science » a montré qu’il pourrait ne plus y avoir de poissons sauvages en 2048. Mais des choses peuvent être entreprises pour redresser la barre et profiter encore de la manne économique liée à la pêche d’espèces sauvages.
La faute n’est pas seulement à rejeter sur la surpêche, mais peut être également imputée à l’attaque généralisée de la santé des écosystèmes
marins, par exemple par la pollution.
D’après Steve Palumbi de l’Université de Stanford,
en Californie (USA) : "A moins que nous ne changions
fondamentalement notre façon de gérer l’écosystème, ce siècle est le dernier
avec des poissons sauvages."
Il a travaillé pendant quatre ans avec ses collègues, et
l’étude réalisée est la plus grande et la plus complète permettant de comprendre
la productivité des océans et de prédire leur futur. Pour la première fois, une
étude combine des données historiques sur les prises de pêche et des essais
d’expérimentations de retour de la vie marine dans des zones
protégées.
Les auteurs, de cinq pays, ont synthétisé des
centaines d’études couvrant chaque échelle depuis la totalité des océans à des
"points" marins de quelques mètres carrés. Et toutes ces études aboutissent à la
même conclusion : les écosystèmes riches, avec beaucoup d’espèces, peuvent
survivre malgré la pêche et d’autres menaces, mais dès le moment où la
biodiversité est perdue, la totalité du système, y compris les stocks de pêche,
va vers un déclin exponentiel.
Un écosystème sain garde les poissons en bonne
santé et bien nourris, et maintient les nurseries à poisson tels que les récifs coralliens et les herbes marines. Mais de tels systèmes sont moins nombreux
chaque année. Depuis 1950, 29% des espèces commerciales ont souffert d’un
effondrement de leur effectif (défini par une chute de 90% ou
plus).
Et le rythme s’accélère. L’étude extrapole que la
dernière espèce de poisson commerciale sera perdue en 2048.
Mais le rapport a également montré que la
vulnérabilité à l’effondrement du stock de poisson dépend de la diversité
biologique générale : les zones de l’océan avec une diversité faible ont
souffert d’un effondrement de 34% de leurs stocks de poissons commerciaux,
comparé à une chute de 24% dans les zones ayant une biodiversité plus élevée.
Cette étude démontre que même les espèces non péchées ont un impact sur la
pêche à cause des liens entre espèces.
La bonne nouvelle est que les stocks de poissons
peuvent se rétablir si des écosystèmes sont protégés et que la biodiversité est
préservée. Boris Worm, un conservateur marin de l’Université Dalhousie, à Halifax,
au Canada, qui a dirigé l’étude, dit qu’à l’intérieur des 44 aires protégées
étudiées, "les espèces reviennent plus rapidement que les gens ne l’avaient anticipé
- en trois ou cinq ou dix ans. Et là où ça a été fait, nous avons immédiatement eu un bénéfice économique".
- en trois ou cinq ou dix ans. Et là où ça a été fait, nous avons immédiatement eu un bénéfice économique".
"Une zone de conservation marine classique peut
accroître la biodiversité de plus d’un cinquième, et accroître les prises de pêche d’un
quart. Or moins de 1% de la surface globale des océans est actuellement
protégée."
"La conservation de la biodiversité et un
développement économique à long terme doivent être vus comme interdépendants", ont
conclu les chercheurs.
Référence : Science (vol 314, p. 787).