iPhone : que cache le coup porté ŕ Orange ?

par Allain Jules
mardi 23 décembre 2008

Encore aujourd’hui, l’État détient plus que 27 % du capital de France Télécom et par conséquent, le groupe, qui fonctionne comme n’importe quelle entreprise privée, vient d’être victime de l’Etat. C’est un paradoxe qui paraît mettre en exergue, la distribution de cadeaux aux riches qui s’accentue en cette fin d’année, malgré la crise. La privatisation du plus gros opérateur téléphonique n’a, étrangement, jamais fait l’objet d’un bilan officiel. Si vous l’avez, n’hésitez surtout pas. Comme vous le savez, Orange, la filiale « téléphonie mobile » de France Télécom, vient d’être condamnée par une décision du Conseil de la Concurrence, de suspendre à titre conservatoire son exclusivité sur la commercialisation de l’iPhone en France. Dans la foulée, Orange a fait appel de la décision devant la Cour d’appel de Paris.

Considérant que France Télécom avait un accord avec Apple, le fabricant de l’iPhone, la décision du Conseil de la Concurrence, sur plainte de Bouygues Télécom, est une mauvaise décision de l’autorité de régularisation dite indépendante et qui remet en cause fortement, l’économie de marché. Mais, surtout, les signatures de partenariats entre des fabricants et des opérateurs de téléphonie mobile. En amont, la mise en œuvre d’un tel marché demande d’énormes investissements.

Le moment choisi, les fêtes de fin d’année, est lui-même tout un symbole. Le succès de Orange, qui indique avoir vendu plus de 150.000 iPhones de première génération et un peu plus de 450.000 iPhones 3G en collaboration directe avec son partenaire Apple, craint de voir son marché s’émietter, d’où un gros risque de licenciements. C’est ce que précise un cadre du groupe sous anonymat, accusant en filigrane l’Elysée qui, selon lui, pour satisfaire des amis, met en péril, au détriment de France Télécom, l’emploi.


A qui profite le crime, sachant qu’on peut se procurer un iPhone à vil prix à l’étranger, sans en référer à France Télécom ? A regarder de plus près, on constate avec amertume que, l’un des artisans de la privatisation de France Télévision, Bruno Lasserre, préside aux destinées du Conseil de la Concurrence, depuis 2004. Cet ancien de France Télécom est-il finalement la bonne personne ? Beaucoup d’interrogations restent en suspens. Comme le remarquait Thierry Dahan, rapporteur du Conseil de la concurrence, à juste titre d’ailleurs, pour qu’une entreprise soit épinglée, il faut au moins 5 ans d’enquête. Pour cela d’ailleurs, les délateurs, les balances et les félons, viennent de la société en général.

En ce qui concerne étrangement le parcours de Bruno Lasserre, on est en droit de s’interroger sur l’acharnement qui semble motiver son action contre France Télécom. C’est vrai que le Conseil avait justement épinglé les 3 opérateurs majeurs, SFR, Bouygues et…Orange, sur leur entente illicite, sur le dos des consommateurs. Mais, sur ce « coup », sorte de poker menteur, il est probablement douteux de s’en prendre à Orange qui apparaît comme un ogre, pour un seul téléphone qui serait, lui, le nec plus ultra sans lequel, Bouygues télécom, verrait la fin de sa success story.

D’un autre côté, Bruno Lasserre a-t-il finalement raison de dire que « Ces ententes élèvent artificiellement les prix, réduisent le choix offert aux consommateurs et dégradent la compétitivité de secteurs entiers » ? Est-ce enfin la raison qui le pousse à parfois frapper très fort, le zèle en plus, avec des amendes qui pourraient désormais s’élever, avec la nouvelle législation, à plus de 1 milliard d’euros ? Mais les entreprises ont toujours une longueur d’avance pour contourner certaines législations. L’exclusivité négociée entre Apple et Orange portait sur une période de cinq ans, bien qu’Apple puisse l’interrompre au bout de trois ans. Nous verrons donc, si, après cette décision du Conseil de la concurrence, les prix baissent. Toujours est-il que, en regardant la grille des prix que pourrait proposer SFR qui a déjà réalisé ses barèmes, il n’y a pas vraiment de grandes différences avec Orange.

>>> Allain Jules

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